"La Vie en rose" : 8 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le tube d’Édith Piaf
Par Côme Jocteur-Monrozier
Le 9 octobre 1946, Piaf enregistrait pour la première fois cette chanson qu'elle avait écrite et peut-être même composée. C'était il y a 75 ans. L'occasion de revenir sur la création de ce tube mondial auquel la chanteuse elle-même ne croyait pas vraiment.
Utilisée dans plus 50 films, reprise par plus de 350 artistes, faisant encore aujourd'hui partie des chansons qui génèrent le plus de revenus en droits d'auteurs en France : « La Vie en rose », petite chanson écrite sur le coin de la table est devenue un symbole presque un mythe qu'on reconnaît plus qu'on écoute. L'occasion de revenir sur 8 petites choses que vous ne savez (peut-être) pas sur ce tube enregistré pour la première fois par la Môme il y a tout juste 75 ans.
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Une des premières chansons de Piaf en tant qu'autrice
En mai 1945, c’est une des premières créations d’Édith Piaf en tant qu’autrice. La légende voudrait que la chanteuse se soit retrouvée à une terrasse de café des champs Elysées avec son amie Marianne Michel. Celle-ci, également chanteuse, se serait plainte de ne plus avoir de nouvelle chanson avant de demander à Piaf d’essayer quelque chose. Piaf se serait exécutée à même la nappe de papier, griffonnant quelques paroles sur l'amour et le bonheur d'être aimé.
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« J’vois des trucs en rose »
Pourtant le texte évolue, un brouillon orignal est passé récemment en vente et on y lit une version un peu différente (fautes d’orthographe d’origine) :
Mais s’il me prends dans ses bras
Qu’il me parle tout bas
Moi j’vois des trucs en rose
Il me dit des mots d’amour
Des mots de tout les jours
Mais ça m’fais quelques chose
C’est Marianne Michel qui aurait suggéré « la vie en rose » plutôt que « des trucs en rose » avant que le parolier fidèle de Piaf, Henri Contet, ne propose de modifier le début de la chanson, transformant le « Mais s’il me prend » en « quand il me prend dans ses bras » pour respecter l’ordre des causes et des conséquences.
Une musique de Louiguy...
Sur la déclaration à la SACEM, Piaf est créditée pour les paroles et la musique attribuée à Louiguy, pseudonyme de Louis Guillaume Guglielmi. Fils de musicien passé par le conservatoire, il avait remplacé un pianiste pour un concert de Piaf à Bobino avant de suivre la chanteuse dans son exode vers la zone libre. Interrogé au moment de la mort de Piaf, Louiguy avait expliqué avoir composé pour elle la musique de « La Vie en rose » le jour du baptême de sa fille, le 12 octobre 1944. Il aurait improvisé une mélodie avec la chanteuse, écrivant en cinq minutes la chanson, comme ils en avaient écrites tant d'autres.

Ou bien de Piaf elle-même !
Mais voilà, Piaf revendique elle aussi la paternité de la chanson : « j’en ai écrit les paroles et la musique » écrira-t-elle. Ce serait elle qui l'aurait inventée, aidée éventuellement de son chef d'orchestre Robert Chauvigny, mais comme elle n'était pas enregistrée comme compositrice à la SACEM (il faut pour cela réussir un examen et Piaf ne connaissait pas la théorie musicale), elle aurait demandé à plusieurs amis de prêter leur nom et Louiguy aurait fini par accepter.
Alors Piaf compositrice de « La Vie en rose », une légende pour faire vendre ? Ou bien la chanteuse est-elle victime d'un préjugé qui veut qu'une artiste populaire soit incapable d'écrire de la musique ? Finalement, les deux versions sont peut-être réconciliables comme l'expliquent Pierre Duclos et Georges Martin dans leur livre Piaf. La chanteuse a très bien pu reprendre sa mélodie avec différents musiciens : cela ne l'empêche pas d'être à l'origine artistiquement de la chanson. Elle obtiendra finalement le statut de compositrice à la SACEM en 1948.
Une « niaiserie »
Piaf écrit une chanson sur l'amour, intemporelle avec des paroles très simples, au point que lorsqu’elle présente sa création à son amie Marguerite Monnot, qui composera pour elle « Milord » et « L’hymne à l’amour », celle-ci refuse de s’associer à ce qu'elle aurait qualifié de « niaiserie ». Il est vrai qu'à l'époque, Édith Piaf est plutôt connue pour ses chansons tristes ou réalistes, avec sa silhouette fragile et ses robes noires.
Ces paroles évoquant un amour heureux et sans complications, cette mélodie entêtante et qui finit par prendre le pas sur le sens des mots contrastaient avec son répertoire de chansons pendant la guerre, avec des titres comme « Il riait » ou « c’est toujours la même histoire », bien plus ancrés dans la réalité sociale.

Un tube créé finalement par Marianne Michel
C'est pour la chanteuse que Piaf avait accepté d'écrire, c'est donc Marianne Michel qui crée la chanson. Piaf, peut-être sensible aux critiques de son amie Marguerite Monnot, a l'air de s'en désintéresser. Pourtant, la chanson connaît immédiatement le succès ce qui poussera Piaf à l'enregistrer le 9 octobre 1946, il y a 75 ans. Sa version est moins hédoniste, donnant plus de puissance au texte alors que l'enregistrement de Marianne Michel est plus doux et sentimental.
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Dans les bras d'Yves Montand ?
C'est en juillet 1944, à la fin de cette guerre où elle a en même temps poursuivi sa carrière et tenté d'aider des proches, que Piaf rencontre Yves Montand, sur la scène du Moulin-Rouge. Se méfiant chacun de la réputation de l'autre, c'est pourtant un coup de foudre amoureux et artistique qui inspire probablement Piaf quand elle écrit les paroles de sa chanson. Elle contribuera ensuite à le rendre célèbre, le faisant travailler et lui permettant de rencontrer des artistes et des producteurs. Pour le lancer, elle le fait même jouer avec elle au cinéma, dans deux films : Étoile sans lumière de Marcel Blistène et Les Portes de la nuit de Marcel Carné. Leur histoire se terminera sur une lettre de rupture qu'envoie Piaf à Montand, le 30 octobre 1945. Il enregistrera lui aussi sa version de « La Vie en rose ».

Une chanson devenue un mythe
La version de Piaf rencontre immédiatement du succès. Elle fera notamment partie des chansons que la Môme interprétera en anglais pour son public américain, dans plusieurs traductions, notamment « hold me close, hold me fast », mais elle en chantera également une version espagnole. Rien qu'en 1950, sept chanteurs américains la reprennent avant que des artistes comme Armstrong, Dietrich et plus tard Dalida, Placido Domingo, Mireille Mathieu, Grace Jones ou encore Iggy Pop et Madonna ne s'en emparent.
Utilisée dans plus 50 films, reprise par plus de 350 artistes, faisant encore aujourd'hui partie des chansons qui génèrent le plus de revenus en droits d'auteurs en France : la petite chanson écrite sur le coin de la table est devenue un symbole presque un mythe qu'on reconnaît plus qu'on écoute. Ici une version de Donna Summer, « la reine du disco » qui prouve que la mélodie de Piaf peut traverser toutes les époques et tous les styles.
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