Sportive de haut niveau, Lada Obradović jette son dévolu sur la batterie à 17 ans. Pour rattraper le niveau dans sa formation musicale, elle s’impose un planning drastique et s’enferme pour travailler durant quatre ans. Portrait vidéo d'une batteuse hors du commun.
C’est en suivant un programme implacable que la Croate Lada Obradović s’est lancée dans l’apprentissage de la batterie. Il faut dire qu’elle a pu se forger une volonté de fer en pratiquant la natation de haut niveau, à raison de deux entrainements quotidiens, soit quatre heures dans l’eau chaque jour.
Lada Obradović, batteuse et battante - vidéo
Je me réveille, je cours 10 km, je commence la batterie et je finis à 11 heures le soir. Je vais courir encore un peu pour m'étirer et je recommence le lendemain. J'ai amené cet esprit mental d'un sportif dans la musique"
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C’est un peu par hasard que Lada Obradović découvre son instrument : sa sœur décide de monter un groupe de rock et la convainc d’en faire partie, l'une à la guitare, l'autre à la batterie. Au début, ce choix paraît incongru à son entourage. Puis, sa persévérance et sa résolution prennent le dessus : « J’ai tout de suite su que la batterie allait construire ma vie ». Elle se donne les moyens de ses ambitions en se créant un local pour répéter, en se coupant du monde durant quatre années et en renonçant à la natation. Impossible de mener de front les deux disciplines avec un tel engagement.
C’est le mental qu’elle a acquis durant sa pratique sportive qui lui permet de jouer de la batterie treize heures par jour et de rattraper le niveau de ceux qui ont commencé très tôt. « J'ai amené le mental du sportif dans la musique », affirme la jeune batteuse. Certains musiciens sont suspicieux quant à son approche de la musique : « Où est le plaisir ? ». « L’un n’empêche pas l’autre », leur rétorque-t-elle.
Une formation très exigeante
Lada Obradović s’oriente vers le jazz presque par hasard, car ce genre musical est très peu présent dans son entourage. Un choc musical à un concert d’un pianiste jazz et la voilà embarquée dans une formation à Graz, en Autriche. Le rythme y est très intense et les professeurs très exigeants, à l’image du film Whiplash de Damien Chazelle, qui raconte le parcours d’un apprenti batteur face à un professeur tyrannique.
Lors d’une compétition en Pologne, elle rencontre David Tixier, pianiste. Ils partagent une même synergie et multiplient les projets musicaux : Obradović-Tixier Duo, Lada Obradović project, David Tixier Trio. « On a deux approches différentes, David et moi. David est un peu plus technique quand il compose ; quant à moi, je ne peux composer que quand j'ai une histoire […] Je compose, en général, à partir des émotions que j’ai ressenties. Parfois, ce sont les mélodies que j'entends, parfois c'est le groove, le rythme. Et ensuite David amène sa partie. »
Devant et derrière la caméra
Après avoir traversé les mêmes épreuves que le héros du film de Damien Chazelle, Lada Obradović va recroiser le chemin du réalisateur avec The Eddy, série sur les clubs de jazz créée par Jack Thorne, sortie en 2020 sur la plateforme Netflix. Elle y incarne Katarina, batteuse de jazz polyglotte. Le tournage a été l’occasion d'apprendre le métier d’actrice mais aussi de côtoyer deux réalisateurs, Damien Chazelle donc et Alan Poul, qui l’ont beaucoup influencée : « J’ai appris énormément, notamment en observant les réalisateurs. Je ne serais pas capable de faire un film, mais pour un petit clip, ça m'a énormément aidée ».
Ainsi, la jeune batteuse se lance dans la réalisation du clip de son morceau Dear you. Elle consacre trois ans à l’écriture et la préparation, fait construire des décors sur mesure et fait appel à des danseuses, en parallèle de son activité musicale. Elle reste fidèle à son mental de sportive : « Ça ne veut pas dire que travailler dix heures par jour, c'est toujours du plaisir. Des fois, on DOIT faire ça. C'est notre responsabilité. »