Laurent Wauquiez annonce une baisse brutale de la subvention à l'Opéra de Lyon

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Laurent Wauquiez annonce une baisse brutale de la subvention à l'Opéra de Lyon

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La région envisage de baisser de 500 000 euros le budget annuel versé à l’institution
La région envisage de baisser de 500 000 euros le budget annuel versé à l’institution
© Maxppp - Mourad Allili

La région Auvergne-Rhône-Alpes va amputer les subventions de plusieurs institutions culturelles phares, notamment celle de l'Opéra de Lyon. Une décision qui ne passe pas auprès des syndicats et de la mairie.

La coupe, brutale, entraîne la colère des acteurs de la culture lyonnaise. La région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez (Les Républicains), a annoncé fin avril une baisse des subventions allouées à des institutions phares de la deuxième région de France. Un coup de rabot qui concerne l’Institut Lumière, le Théâtre national populaire (TNP), la Villa Gillet, la Biennale d’art contemporain, mais aussi l’Opéra de Lyon. La région envisage de baisser de 500 000 euros le budget annuel versé à l’institution de la Place de la Comédie (qui s'élevait jusqu'ici à 2,8 millions d'euros).

Pour argumenter sa décision, la région Auvergne-Rhône-Alpes évoque un "rééquilibrage territorial". "On a beaucoup aidé certaines structures, ce n’était pas forcément le rôle de la région de les aider autant", estime ainsi Sophie Rotkopf, vice-présidente de la région chargée de la culture, dans le quotidien  Le Progrès. Contacté par France Musique, l’Opéra de Lyon ne souhaite pas s’exprimer pour le moment sur le sujet.

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La mairie et les syndicats furieux

Le monde de la culture accuse le coup. Dans un communiqué, l'Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant (USEP - SV), déplore "une méconnaissance totale, de la part de nos élus régionaux, du fonctionnement de l'économie du secteur culturel", et prédit des "répercussions graves" sur le tissu associatif et culturel du territoire. "C’est une alerte très forte. La région a pris des décisions qui sont teintées d’objectifs politiques, des objectifs qui ne sont pas légitimes dans ce type de décision", juge de son côté Sébastien Justine, le directeur des Forces Musicales - le syndicat professionnel des opéras - joint par France Musique. "Par ailleurs, on a des inquiétudes très fortes sur les financements des structures dans les mois à venir, aussi bien au niveau local que national. Là, c’est un premier coup de semonce."

Une nouvelle également mal reçue à l'Hôtel de Ville. "Les coupes budgétaires brutales annoncées par la Région Auvergne–Rhône-Alpes dans ses dépenses culturelles, sans concertation avec les partenaires, mettent sérieusement en péril plusieurs institutions lyonnaises déjà fortement impactées par la crise sanitaire", s’insurge sur Twitter Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon, balayant d’un revers l’argument du "rééquilibrage géographique" : "L’exécutif régional méconnaît les nombreuses actions de médiation et de diffusion opérées par ces différentes structures sur l’ensemble du territoire Auralpin, bien au-delà de la seule ville de Lyon. Scandaleux !"

Pourtant, l’an dernier, la mairie de Lyon avait également annoncé baisser de 500 000 euros la subvention municipale allouée à l’Opéra. C'est la subvention dédiée au fonctionnement de l'institution qui avait été rognée, passant de 7,5 à 7 millions d’euros. Serge Dorny, alors directeur de l’établissement, évoquait une possible "idéologie anti-Opéra" de la ville, et une coupe qui allait "forcément fragiliser et réduire les projets artistiques, culturels et sociaux mis en œuvre par l’Opéra de Lyon dans la cité, en métropole et en région." La droite s’était d’ailleurs aussi - à l’époque - indignée de cette coupe. "Diminuer le budget de cette institution, c'est évidemment remettre en cause cet équipement phare de la politique culturelle", dénonçait ainsi le sénateur LR Étienne Blanc, également élu au conseil municipal de Lyon, interrogé par France Musique.

À notre micro, Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la mairie de Lyon déléguée à la culture, justifiait alors cette décision "au regard de la situation économique de l'Opéra, moins que d'autres structures lyonnaises impactées par la crise du Covid, parce qu'un certain nombre d'aides exceptionnelles lui ont été allouées, notamment par l’État." L'élue jugeait ainsi que l’établissement, "avec son budget de 38 millions d'euros par an", avait "tout à fait les moyens de continuer à être un équipement d’excellence." Elle pointait aussi des dérives de l’ancienne direction de l’Opéra, et souhaitait trouver "de nouvelles marges de manœuvre pour aider d'autres disciplines, d'autres esthétiques, comme le cinéma ou la photographie contemporaine."