Le chansigne, un enseignement à part entière à la Maîtrise populaire de l'Opéra comique

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Le chansigne, un enseignement à part entière à la Maîtrise populaire de l'Opéra comique

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La Maîtrise populaire de l'Opéra - comique
La Maîtrise populaire de l'Opéra - comique
- S. Brion

Le chansigne permet aux personnes sourdes et malentendantes d'appréhender le répertoire lyrique . À la Maîtrise populaire de l'Opéra comique, les élèves apprennent désormais cette discipline au même titre que le chant, la danse ou le théâtre.

Depuis la rentrée 2018, la Maîtrise populaire de l'Opéra comique a ajouté une nouvelle corde à son arc : ses élèves apprennent désormais le chansigne (la langue des signes française chorégraphiée) au même titre que la technique vocale, le théâtre ou les claquettes. L'objectif : *« * permettre aux personnes malentendantes et sourdes de découvrir un répertoire en même temps que les personnes entendantes », explique l'initiatrice du projet et la directrice artistique de la maîtrise Sarah Koné.

Si le chansigne est aujourd'hui enseigné comme une matière à part entière, les maîtrisiens s'y sont initiés pour la première fois en juillet 2018, à l'occasion de la cérémonie d'entrée de Simone Veil au Panthéon durant laquelle ils ont été invités à chanter.   « J'ai eu l'idée de traduire en chansigne un des airs que l'on interprétait à cette occasion, raconte Sarah Koné. C'était Nuit et brouillard de Jean Ferrat. Encouragés par les retours extrêmement positifs des personnes présentes, nous avons décidé de poursuivre l'aventure. »

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Pour poursuivre l'aventure, il fallait encore un enseignant et un répertoire.  Jennifer Tederi, traductrice en langue des signes française, qui a travaillé sur Nuit et brouillard, a endossé le rôle de professeure des maîtrisiens, et travaille en même temps avec la directrice artistique sur l'adaptation des œuvres soigneusement choisies :

« Nous ne nous rendons pas compte au quotidien, mais un malentendant ne sait pas ce que c'est que le bruit d'un animal ou comment sonne une onomatopée dont le répertoire lyrique est truffé, comme le tarata-tarata-ta dans Carmen, par exemple. J'ai donc lancé à Jennifer le défi de traduire en geste tous ces éléments de langage pour permettre aux malentendants d'appréhender une oeuvre chantée dans tous ces aspects, » explique-t-elle.

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Une nouvelle langue à apprendre ? Un défi relevé haut la main par les élèves, selon Sarah Koné, à qui cette nouvelle langue a parlé très vite :

« Les enfants étaient partants tout de suite. Ce sont des enfants qui ont l'habitude du mouvement scénique parce qu'ils apprennent la musique par les méthodes actives et parce qu'ils pratiquent aussi la danse et les claquettes, et ils se sont très vite pris au jeu. »

Les cours consistent en l'apprentissage d'une oeuvre chorégraphiée où la gestuelle traduit les paroles chantées. Mais comme pour n'importe quelle nouvelle langue, le chansigne demande un peu d'expérience. Micha est à la Maîtrise depuis deux ans, et bien qu'il fût enchanté d'apprendre à signer, la première rencontre avec le chansigne l'a laissé quelque peu perplexe :

« Quand on a commencé la langue des signes, j'étais très content de pouvoir transmettre aux personnes malentendantes au moins les paroles qu'on chante. Mais ce qui est un peu bizarre, c'est qu'on ne signe pas la même chose que ce qu'on chante. Mais Jennifer Tederi nous a aidé à comprendre le rapport entre les deux, et au final ça marche bien. »

« Les phrases ne sont pas du tout construites pareil, renchérit Rachel, maîtrisienne depuis trois ans. Cela demande une adaptation certaine, mais c'est un peu comme de la danse avec les mains. On apprend, et cela nous permet de progresser et d'être de plus en plus à l'aise, » sourit la jeune fille.