Le chant du cygne du Conservatoire de musique de l'Université McGill de Montréal

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Le chant du cygne du Conservatoire de musique de l'Université McGill de Montréal

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Conservatoire de musique de l'Université McGill
Conservatoire de musique de l'Université McGill
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Après plus d'un siècle d'enseignement, le Conservatoire de musique de l'Université McGill de Montréal va mettre la clé sous la porte. L'institution ne serait plus financièrement viable, en raison notamment de la baisse drastique du nombre d'élèves.

Il y a quelques jours, le Conservatoire de musique de l'Université McGill de Montréal a annoncé sa prochaine fermeture définitive à la fin de l'année académique 2022, à savoir à la fin de l'été. Les étudiants inscrits dans différents cursus pourront finir leur année, mais aucune nouvelle inscription n'est plus acceptée, rapporte le site de CBC News.

L'institution était gérée depuis 1904 par l'Ecole de musique Schulich, faculté de musique de l'Université McGill, et dispensait un enseignement musical aux étudiants de toutes âges de la région de Montréal. Elle a formé entre autres la harpiste Melissa Achten, le compositeur James O’Callaghan ou encore la cantatrice Samantha Pickett.

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"La crise sanitaire a littéralement transformé le fonctionnement du Conservatoire, peut-on lire dans le communiqué publié sur son site. Avant la pandémie, le Conservatoire comptait chaque année un corps enseignant de près de 100 membres et accueillait plus de 550 étudiants qui y suivaient des cours particuliers. L’an dernier, les programmes d’enseignement sont passés en mode virtuel. Le corps enseignant comptait 62 membres, et moins de 300 étudiants se sont inscrits à des cours particuliers. L’an prochain, dans le meilleur des cas, nous accueillerons 100 étudiants tout au plus," déplorent la doyenne Brenda Ravenscroft, et le nouveau doyen Sean Ferguson.

S'y rajoutent les nombreuses difficultés accumulées depuis plusieurs années, précisent les responsables du Conservatoire.  "Les coûts de fonctionnement ont augmenté. Auparavant, l’École fournissait, sans frais, des salles de classe et des bureaux au Conservatoire. Alors que l’École élargit son offre de programmes d’enseignement universitaire, les espaces auparavant accordés au Conservatoire sont désormais extrêmement prisés." Malgré les mesures prises pour redresser la situation, les responsables se déclarent "forcés d’admettre que le Conservatoire n’est plus viable financièrement."

Une décision qu'ils qualifient d'"affligeante" pour le personnel, pour les enseignants et pour la communauté musicale montréalaise.

Après l'annonce de la fermeture, la réaction des professionnels ne s'est pas fait attendre. " La direction doit faire marche arrière et reconsidérer sa décision afin de protéger ce joyau qui a su alimenter la passion de jeunes musiciennes et musiciens depuis plusieurs générations," a déclaré Raad Jassim, président du Syndicat des chargé-es de cours et des instructeurs-trices de McGill, contestant les arguments invoqués par la direction, notamment la baisse du nombre des élèves suite à la pandémie, "alors qu’aucun effort de recrutement n’a été déployé depuis la fin de la pandémie afin de favoriser un retour à la normale en matière d’inscriptions."

Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) responsable du regroupement université, dont plusieurs membres seront directement affectés par cette fermeture, alerte :  "Cette vision de rentabilité à tout prix n’est pas du tout compatible avec la mission de l’université et n’est pas acceptable dans notre société démocratique. Avec la fermeture du Conservatoire de musique de McGill, c’est toute la société qui y perd."