Le festival Arabofolies interroge la place des femmes artistes dans le monde arabe
Par Charlotte Landru-Chandès
A Paris, l’Institut du monde arabe accueille du 1er au 10 mars le festival musical Arabofolies, consacré aux arts et aux idées. Le 8 mars, les festivités seront en lien avec la journée internationale des droits des femmes.
Le 8 mars se tiendra la journée internationale des droits des femmes, dont l’objectif est de sensibiliser et de mobiliser en faveur de l’égalité hommes-femmes. A cette occasion, le festival Arabofolies questionnera la place des musiciennes et plus généralement des femmes artistes dans le monde arabe. Une table ronde, intitulée L’Art aussi est féminin, animée par Yasmine Youssi, rédactrice en chef Culture de Télérama, sera organisée à l'Institut du monde arabe, qui organise l’événement.
Dans les pays dits « du monde arabe » les femmes artistes sont encore confrontées à de nombreuses restrictions pour vivre de leur art, explique Dorothée Engel, programmatrice musicale à l’Institut du Monde Arabe. « Il y a énormément de femmes dans le monde arabe qui ont envie de faire leur place, de vivre de leur musique, en faire leur métier en dehors des espaces octroyés, autorisés, comme les mariages ou les lieux privés. Elles veulent aller dans les lieux publics, monter sur scène, s’affirmer en tant que femmes, mais surtout en tant qu’artiste à part entière », déclare-t-elle.
Selon la chanteuse, slameuse et écrivaine algérienne Zoulikha Tahar, qui participe à la rencontre, le rapport à la voix peut être encore considéré comme impur dans certains pays comme l’Algérie. Les femmes qui « brisent ce tabou », sont souvent considérées comme « des filles aux mauvaises mœurs ». Leur éducation est remise en question, « où est ton père ? », leur demande-t-on.
« A chaque fois que je postais une vidéo ou quelque chose, on me demandait si j’avais toujours un bon rapport avec mes parents. Dans l’imaginaire des gens, à partir du moment où l’on est une femme du monde dit arabe qui arrive à briser les carcans et vivre de sa passion pleinement, il y a eu obligatoirement coupure avec le milieu familial et l’entourage. »
Certaines parviennent cependant à s’émanciper, souligne Zoulikha Tahar : « En Algérie par exemple, grâce aux réseaux sociaux, il y a de plus en plus de femmes qui entreprennent d’elles-mêmes, qui ouvrent des chaines youtube, qui écrivent. A Oran, dans ma ville, il y avait un café qui organisait tous les samedis des scènes ouvertes et les femmes étaient présentes avec leur guitare, pour chanter. A partir du moment où il y a une femme qui ose aller au-devant de la scène, d’autres lui emboîtent le pas. C'est très touchant. »