Le festival de Salzbourg, un fringant centenaire

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Le festival de Salzbourg, un fringant centenaire

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Au centre en noir, Markus Hinterhäuser, directeur artistique et à sa droite en rouge Helga Rabl-Stadler, présidente du festival de Sazlbourg lors de la conférence de presse de présentation de l'édition du centenaire
Au centre en noir, Markus Hinterhäuser, directeur artistique et à sa droite en rouge Helga Rabl-Stadler, présidente du festival de Sazlbourg lors de la conférence de presse de présentation de l'édition du centenaire
© AFP - Barbara Gindl

Le plus grand et le plus prestigieux événement de musique classique au monde, le festival de Salzbourg célèbre en 2020 son centenaire. De passage à Paris, les directeurs de la manifestation autrichienne ont dévoilé la programmation de cette édition anniversaire.

En 1920, lors de la première édition du festival de Salzbourg, il n'y eut qu'une seule représentation d'opéra. En 2020, cent ans plus tard, il y en aura 42. Né de l'idée du metteur en scène Max Reinhardt et de l'écrivain Hugo von Hofmannsthal, appuyés par le compositeur Richard Strauss, l'événement estival a su devenir, en un siècle, le plus grand festival de musique classique au monde. 

Il fallait évidemment marquer le coup pour son centenaire. C'est pour cette raison que le duo à la tête du festival était de passage à Paris ce lundi 18 novembre, afin de présenter les temps forts de la programmation 2020. Pour Helga Rabl-Stadler, présidente de la manifestation depuis 1995, le festival poursuit sa mission en s'appuyant sur ses deux idées fondatrices. « L'art comme projet de paix et la qualité comme programme. L'événement a été créé au lendemain de la Première Guerre mondiale dans une époque très sombre et parce que ses créateurs étaient convaincus que l'art a la force de donner la paix. Et malheureusement, cette situation est toujours d'actualité ».

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Le festival de Salzbourg a été créé à la fois pour défendre des idées d'élévation de la condition humaine grâce à la musique, tout en permettant de procurer du travail aux musiciens dans cette Europe dévastée d'après-guerre. 100 ans plus tard, Markus Hinterhäuser, le directeur artistique, a souhaité proposer une programmation qu’il estime « très politique ». En proposant une réflexion sur l’hyper individualisme, opposé à l’idée de communauté. C’est ce qui se dégage des quatre nouvelles productions proposées à l’été 2020 : Don Giovanni de Mozart, Elektra de Strauss, Boris Godounov de Moussorgski et Intolerenza 1960 de Nono.  

« Au premier regard, on peut penser que cela a été choisi comme ça, un peu par hasard. Pas du tout. C’est une réflexion sur l’individu, la communauté et le conflit. Don Giovanni est comme un feu follet qui se consume, d’un individualisme extrême, qui suit son propre chemin sans aucun regard pour les autres, comme Elektra . Ensuite il y a Boris Godounov où Moussorgski fait entendre la voix digne du peuple, et pour finir, Intolerenza 1960 _d_e Nono qui est un manifeste de l’humanité, de la compassion, de l’amour du prochain, de la justice et de la tolérance. Partir du nihilisme de Don Giovanni pour arriver à la vision de Luigi Nono, c’est très important et très politique, »  explique Markus Hinterhäuser.

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Au-delà du choix des opéras, il faut aussi s’intéresser de près aux artistes choisis par le festival de Salzbourg pour les monter. Les metteurs en scène Krzysztof Warlikowski pour Elektra ou Romeo Castellucci pour Don Giovanni devraient, comme souvent dans leur travail, proposer des lectures des œuvres percutantes.

Salzbourg, ce n’est évidemment pas que de l’opéra, il y a aussi du théâtre avec 57 représentations de pièces, et 91 concerts avec comme fil rouge, l’incontournable Orchestre philharmonique de Vienne. La phalange autrichienne sera dirigée par une myriade de chefs prestigieux comme Riccardo Muti, Mariss Jansons, Gustavo Dudamel ou Christian Thielemann

A noter également, la présence de Placido Domingo dans une version de concert des Vêpres Siciliennes de Verdi. Malgré les accusations de harcèlement sexuel à son encontre, portées par plusieurs femmes, le festival a souhaité maintenir sa présence. La présidente Helga Rabl-Stadler explique « ne pas vouloir se substituer à la justice avant de prendre une décision ». Elle défend le ténor en déclarant ne pas avoir eu « d'échos de comportements déplacés lors de sa venue au festival ».

Au total, pour ses 100 ans, le festival de Salzbourg présentera 222 représentations dans 15 lieux différents, du 18 juillet au 30 août 2020. 

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