Le futur directeur de l'Opéra de Paris estime son arrivée anticipée "difficilement envisageable"
Par AFPAlors que Stéphane Lissner vient d'annoncer son départ anticipé de l'Opéra de Paris, Alexander Neef, son successeur, estime qu'il sera "difficilement envisageable" d'accélérer sa prise de poste, comme le souhaite le ministère de la Culture. Il affirme ne pas avoir été tenu au courant de cet accord.
Le futur directeur général de l'Opéra de Paris Alexander Neef n'a pas été informé du départ avant terme du directeur sortant, et il estime "difficilement envisageable" une prise de fonction anticipée, a-t-il affirmé dans un communiqué. Dans un contexte de crise grave à l'Opéra, en difficulté financière et fermé jusqu'à la fin de l'année, Stéphane Lissner a annoncé jeudi 11 juin qu'il allait mettre fin à ses fonctions le 31 décembre, "pour qu'il n'y ait plus qu'un seul patron à bord" à partir de janvier.
Cette décision a été adoubée par le ministère de la Culture qui a annoncé avoir confié à Alexander Neef la mission "de proposer dès l'automne 2020 des orientations pour maintenir l'excellence et le rayonnement" de l'Opéra, "tout en revisitant son modèle économique, social et organisationnel". Mais vendredi, la Canadian Opera Company (COC) et son directeur se sont exprimés dans un communiqué transmis aux médias, affirmant qu'ils n'avaient pas été informés de cet accord.
"En réponse aux récentes spéculations de médias venues de France sur le fait que le directeur général de la COC a l'intention de quitter ses fonctions avant juillet 2021, M. Neef confirme qu'aucune décision n'a été prise pour l'accélération de la date de départ. Je n'ai certainement pas anticipé le départ avant terme de M. Lissner", indique-t-il.
"Je n'ai encore engagé des discussions formelles, que ce soit avec l'Opéra de Paris ou les membres de notre Conseil d'administration (de la COC), à propos de l'accélération de ma prise de fonctions à Paris", a ajouté celui qui a été nommé à ce poste en 2019 par Emmanuel Macron. "En plus, la crise sanitaire qui continue à travers le monde rend difficilement envisageable des changements importants au calendrier prévu", a encore prévenu M. Neef.
"La COC continue de s'adapter à une période de défis extraordinaires pour l'industrie du spectacle vivant et c'est là où mes efforts se concentrent en ce moment", a souligné l'Allemand. "Je reste engagé envers notre compagnie et le travail qui se profile devant nous".
Cette situation confuse intervient alors que l'Opéra vit l'une des crises les plus graves de son histoire, après une grève inédite de son personnel, une fermeture pour cause d'épidémie, puis une fermeture à l'automne de l'Opéra Bastille et du Palais Garnier pour travaux, avec une dette de plus de 40 millions d'euros.
L'annonce de M. Lissner, selon lequel l'Opéra de Paris est "à genoux", a créé la surprise dans le milieu, certains lui reprochant de quitter l'institution en pleine crise. Il a argué dans un entretien au Monde que l'urgence économique de la maison tricentenaire "va exiger des prises de décision drastiques et immédiates" et qu'il avait choisi de s'effacer "afin qu'il n'y ait plus qu'un seul patron à bord".