L'Auditorium de Radio France réunit jeudi 4 avril près de mille lycéens pour révéler le lauréat du Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2019. Benoît Duteurtre, directeur de l'association Musique nouvelle en liberté et l'un des organisateurs, revient sur ce prix qui fête sa 20e édition cette année.
Presque mille lycéens et professeurs ont fait le déplacement pour assister à la journée nationale du Grand Prix Lycéen des Compositeurs ce 4 avril 2019 à l'Auditorium de Radio France. Au programme : un débat organisé avec Patrick Burgan, David Hudry, Kryštof Mařatka, Jules Matton, Florentine Mulsant et Gérard Pesson, compositeurs sélectionnés pour l'édition 2019 et avec Jean-Baptiste Robin, lauréat pour l'année 2018.
Les lycéens ont auparavant écouté, commenté et analysé les œuvres et préparé leurs questions, un travail encadré pendant plusieurs mois par leurs professeurs de musique. Ils ont choisi leur candidat, et assisteront en direct à la révélation des résultats du vote et la proclamation du lauréat 2019. Ils pourront ensuite découvrir la nouvelle oeuvre du lauréat de l'année dernière, Jean-Baptiste Robin, La lame des heures, créée par l'Orchestre National de France, sous la direction de la cheffe charismatique Marin Alsop, concert qui sera ensuite donné ce soir en création mondiale et transmis sur les ondes de France Musique.
Cette journée couronne un parcours pédagogique qui a mobilisé pour cette 20e édition près de 3000 lycéens et leurs professeurs de toute la France, occasion de revenir sur ses origines et son évolution avec Benoît Duteurtre, directeur de la Musique nouvelle en liberté, association organisatrice, et producteur de l'émission Etonnez-moi Benoîtsur France Musique.
France Musique : Comment est née l'idée du Grand Prix Lycéen des Compositeurs ?
Benoît Duteurtre : Le Prix a été créé par La lettre du Musicien, avec une idée toute simple : faire la même chose que le formidable Concours des Lycéens pour la littérature, et ce pour les compositeurs contemporains. C'est à dire présélectionner un certain nombre d'enregistrements d’œuvres contemporaines créées au cours de l'année précédente, les faire circuler dans des lycées; pour que les lycéens les écoutent et choisissent leur candidat. Nous avons aujourd'hui 96 lycées de toute la France qui participent à ce concours.
Quel est le profil des lycéens qui participent au vote ?
Le Prix s'est pour l'instant concentré sur les élèves de seconde, première et terminale qui prennent l'option musique. Ce ne sont pas des élèves qui vont forcement faire de la musique leur choix professionnel, mais ils ont un goût pour la musique. Cela ne veut pas forcement dire qu'ils connaissent la musique contemporaine, d'ailleurs beaucoup la découvrent grâce au prix, et c'est aussi un des objectifs, les amener à faire un effort pour l'aborder. Comme le prix marche très bien, on réfléchit à l'élargir aux classes qui n'ont pas forcement l'option musique, voire les collégiens aussi.
Quel est le rôle des professeurs dans cette découverte de la création contemporaine ?
Le Prix s'appuie beaucoup sur les professeurs qui sont très engagés en tant que relais entre les élèves, nous [les organisateurs] et les compositeurs. Ils sont nombreux à revenir d'année en année, on sent que cette aventure les passionne. Avec notre comité de présélection, auquel est associé aussi Arnaud Merlin, producteur à France Musique, on essaye de donner une diversité d’œuvres, des esthétiques différentes pour qu'il y ait un vrai choix, ensuite on envoie les cds aux écoles, les professeurs s'en emparent et les étudient avec les élèves, aidés par les informations disponibles sur le site du Grand Prix Lycéen, et pendant des mois précédant le Prix, les compositeurs se déplacent dans différents lycées. Malheureusement tous les lycées ne sont pas touchés, mais ces rencontres permettent aux lycéens d'être encore plus proches de cette musique nouvelle.
Et de se rendre compte de la réalité du métier du compositeur aussi ?
Absolument, et c'est un des intérêts de cette journée nationale que l'on organise pour révéler le lauréat. Nous avons une trentaine de lycées qui viennent à Paris, pour certains de très loin, cette année mille lycéens ont eu l'occasion de participer au débat pour poser leurs questions en direct aux compositeurs présents. Et c'est vrai que cela tourne beaucoup autour du métier du compositeur, et aussi comment les compositeurs de musique contemporaine se situent par rapport à d'autres musiciens actuels, comment leur musique est diffusée et parfois on touche des sujets d'actualité comme les droits d'auteur. Le niveau des questions est assez pointu, mais il y a ceux qui avouent que cette musique ne les touche pas, et c'est intéressant aussi. C'est amusant, c'est un peu l'ambiance d'un festival de rock, et notamment pour la proclamation du lauréat.
Quel est l'impact du prix au niveau national ? Avez vous reçu beaucoup de candidatures ?
Le prix marche de mieux en mieux, nous ne pouvons même pas satisfaire toutes les demandes. On essaye de faire tourner pour couvrir tout le territoire national, et non pas privilégier la proximité avec la région parisienne. Cette année nous avons plus de rencontres dans les lycées et c'est une manifestation qui est très bien perçue, y compris par les institutions publiques, avec le soutien des ministères de la Culture et de l'Education nationale, mais aussi de la SACEM et des fondations partenaires.
Pour ceux qui n'ont jamais participé, comment peuvent-ils s'y inscrire ?
Il faut contacter notre association et se présenter. Nous aimerions plus de répartition égale sur le territoire national, parce qu'il y a pour l'instant certaines régions qui sont très actives, et d'autres très peu présentes. L'année prochaine, pour élargir l'auditoire et faire évoluer la formule, nous allons décentraliser à deux reprises : il y aura d'abord une rencontre régionale avec tous les compositeurs à Amiens, où on va faire venir tous les lycées intéressés, et pour la première fois, le prix sera donné à l'auditorium de Lyon, pour nous permettre de toucher un auditoire plus large.