Le pantalon toujours interdit pour les musiciennes de l’Orchestre philharmonique de New York

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Le pantalon toujours interdit pour les musiciennes de l’Orchestre philharmonique de New York

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L'Orchestre philharmonique de New York interdit à ses musiciennes de porter des pantalons sur scène
L'Orchestre philharmonique de New York interdit à ses musiciennes de porter des pantalons sur scène
© Getty - Hiroyuki Ito

A l’Orchestre philharmonique de New York, les musiciennes sont encore aujourd'hui obligées de porter des jupes ou des robes pour se produire sur scène. Un protocole que les membres de la formation aimeraient bien voir évoluer.

Dans l’univers parfois un peu figé des grands orchestres nationaux, celui de New York fait partie des bons élèves. Leur saison 2018-19, dévoilée en début d’année, montre de grands signes de modernité : plus de représentativité féminine, militantisme en faveur de l’intégration des migrants, concerts à destination des publics jeunes… 

Pourtant, derrière toutes ces annonces, un point n’a pas évolué depuis des années : la tenue des membres de l’orchestre. Pour les représentations, les hommes portent cravate blanche et queue-de-pie, et les femmes une jupe ou une robe noire longue. 

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Le doyen des orchestres américains est la dernière des grandes formations symphoniques du pays à être aussi stricte sur les codes vestimentaires. Et au sein de l’ensemble, les voix commencent à s’élever, comme le révèle un article du New York Times : « Je pense que nous aimerions tous voir cette situation évoluer, et bientôt. Non seulement pour pouvoir porter un pantalon, mais pour faire une déclaration générale sur ce que cela veut dire d’être habillé pour un concert », témoigne une corniste de l’orchestre. 

Sexisme et inconfort

Derrière le débat sur l’égalité des genres, la question de la tenue vestimentaire au sein de l’orchestre relève aussi d’une problématique d’ordre pratique. Jouer d’un instrument de musique demande une certaine flexibilité dans les mouvements, or une veste ou une cravate un peu serrée, une jupe ou une robe longue peuvent être des freins à cette liberté dans les gestes. 

Face à ce constat, les orchestres travaillent de plus en plus avec des stylistes pour tenter d’adapter les tenues vestimentaires aux contraintes du musicien ou de la musicienne. En 2015 par exemple, l’Orchestre symphonique de Baltimore a fait appel à des étudiants en design pour réfléchir aux vêtements les plus adaptés à l’orchestre. La directrice musicale de la formation déclarait alors : « Je vois que l’orchestre évolue et change mais c’est une créature très lente. Nous portons toujours les vêtements que les musiciens portaient il y a 200 ans ». 

L’Orchestre philharmonique de New York, dinosaure dans le paysage musical américain, reste ancré dans de vieilles traditions, tandis que l’ensemble atteint quasiment la parité : 44 musiciennes et 50 musiciens. La règle du pantalon interdit pour les femmes s'assouplit pour certaines occasions, souligne le New York Times : le matin, pendant les concerts jeune public, les représentations données dans des parcs ou pour interpréter le répertoire contemporain. 

Des discussions sur ce sujet ont été ouvertes à l’automne 2017, menées par les membres de l’orchestre, et leur directrice générale, Deborah Borda a mentionné un « très bon dialogue », rapporte le journal américain. Reste à savoir quels seront les ajustements à faire pour mettre tout le monde d’accord sur ces futures tenues.

La chronique d'Aliette de Laleu
4 min