Le Pôle supérieur de Paris Boulogne-Billancourt tire la sonnette d’alarme

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Le Pôle supérieur de Paris Boulogne-Billancourt tire la sonnette d’alarme

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Le PSPBB dans une situation financière critique et complexe.
Le PSPBB dans une situation financière critique et complexe.
- Mikhail Solunin

À la veille du vote du budget 2019 lors d’un conseil d’administration, le Pôle supérieur d’enseignement artistique de Paris Boulogne-Billancourt s’inquiète pour son avenir financier. Un trou budgétaire de 350 000 euros fait craindre le pire.

« En l'état actuel des choses, je ne vois pas comment le budget peut être voté à l'équilibre », annonce d’emblée Laurent Gardeux, directeur du Pôle supérieur d'enseignement artistique de Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB). Mercredi 19 décembre 2018 doit se réunir le conseil d’administration du PSPBB qui vote le budget pour l’année à venir. Une semaine auparavant, le directeur a adressé une lettre aux étudiants dans laquelle il tire la sonnette d’alarme.

Le courrier indique une « situation financière complexe et critique » et annonce deux mesures qui seront proposées lors du conseil d’administration pour pallier le manque d'argent : la diminution de la durée des cours individuels pour les élèves en musique (passage d’1h30 à 1h15) et l'annulation du concours pour les étudiants en musique qui souhaitent intégrer le pôle à la rentrée 2019.

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Le PSPBB, créé en 2007, comprend trois formations de premier cycle, en théâtre, musique et danse jazz. Le 1er décembre 2016, le pôle est passé d’un statut d’association de préfiguration à celui d’établissement public de coopération culturelle (EPCC). Un changement programmé pour tous les pôles supérieurs mais qui engendre une réorganisation interne et de nouvelles dépenses : « Un rapport du Sénat de 2012 indique qu’un passage en EPCC pour notre type d’établissement induit un surcoût d’environ 20% du budget », explique le directeur.

Un trou budgétaire de 350 000 euros

Le surcoût provient de trois axes : premièrement, le recrutement (poste de directeur, de comptable, de gestion des ressources humaines et autre personnel). Deuxièmement, des frais de location des bureaux pour l’administration : « La Mairie de Paris ne nous loge pas et devait le faire à titre gracieux », dénonce Laurent Gardeux. Dans un document qui date de 2016, la Mairie de Paris avance en effet son engagement sur cette question.

Enfin, dernier axe : la masse salariale des professeurs qui viennent des Conservatoires à rayonnement régional (CRR) de Paris et Boulogne, et touchent un complément horaire de la part du PSPBB.

« Lors du passage à l'EPCC, ces mesures n'ont pas été compensées de la manière dont on s'attendait à ce qu’elles le soient », indique le directeur, qui était au courant du surcoût que ce changement de statut allait opérer. Résultat : le pôle supérieur constate un trou budgétaire de 350 000 euros. 

La réputation de l'établissement risque aussi de dégringoler : les futurs étudiants vont se dire qu’ailleurs il y a plus d’heures de cours et que c’est en meilleur santé.

Pour y pallier, les mesures proposées par la direction du PSPBB inquiètent les étudiants du pôle qui ont lancé une pétition et se rassemblent en assemblée générale depuis une semaine. « La qualité de l’enseignement va baisser », alarme Jean-Baptiste des Boscs, porte parole des étudiants pour la gestion de cette crise. « La réputation de l'établissement risque aussi de dégringoler : les futurs étudiants vont se dire qu’ailleurs il y a plus d’heures de cours et que c’est en meilleur santé », poursuit l’étudiant. 

Un manque d'investissement des tutelles ?

Pour lui, le problème est peut-être pris à l’envers et la solution pourrait être trouvée dans des financements autres, comme des partenariats, mais « c’est une situation d’urgence. Premièrement il faut insister pour que les tutelles donnent plus ». Les tutelles sont représentées par plusieurs entités : la ville de Paris, la Direction Régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France (Drac), la Direction générale de la création artistique (DGCA) du ministère de la Culture et l’Établissement public territorial Grand Paris Seine Ouest (GPSO). 

Contactées, les tutelles ne souhaitent pas communiquer avant le conseil d’administration du 19 décembre. La subvention de l’Etat accordée au PSPBB n’a pas changé depuis 2013 et s’élève à 1 961 000 euros annuel, versé en cours d’année. Mais depuis le changement de statut, la mission de ces structures vis à vis du pôle supérieur reste floue sur le plan budgétaire. 

Dans un rapport du Sénat publié en 2005-2006, les difficultés liées au passage en EPCC sont soulignées, notamment concernant la participation des tutelles au conseil d’administration et leurs implications financières dans le budget : « Tant l'asymétrie entre participation financière et représentation au sein du conseil d'administration que les contraintes budgétaires peuvent donc être clairement identifiées comme des freins à l'implication de l'Etat au sein des EPCC, ce dernier étant souvent tenté de rester en retrait, voire de ne pas participer aux nouveaux projets d'EPCC. »

Capture d'écran du rapport du Sénat : L'établissement public de coopération culturelle : la loi à l'épreuve des faits
Capture d'écran du rapport du Sénat : L'établissement public de coopération culturelle : la loi à l'épreuve des faits
- Captureécran/www.sénat.fr

Face à cette situation critique, le PSPBB veut surtout tirer la sonnette d’alarme en annonçant des mesures fortes qui pourraient avoir un impact violent sur les étudiants et l’opinion publique. Le conseil d’administration devrait apporter des premiers éléments de réponse sur ce qui sera mis en place pour combler le trou budgétaire.