Le tribunal administratif saisi dans l'affaire des loges du Palais Garnier

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Le tribunal administratif saisi dans l'affaire des loges du Palais Garnier

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Les nouvelles cloisons sont installées sur des rails posés au plafond ©GDecalf/RadioFrance
Les nouvelles cloisons sont installées sur des rails posés au plafond ©GDecalf/RadioFrance

Après plusieurs articles de divers médias et sites spécialisés, puis la pétition contre la modification des cloisons des loges de l’Opéra de Paris, c’est au tour de la justice de se saisir de l’affaire.

Dans la salle du tribunal administratif de Paris, le public se compte sur les doigts d’une main ce jeudi 26 novembre 2015. Et pour cause, tout le monde pensait l’ affaire des loges du Palais Garnier étouffée par l’actualité brutale et violente qui a frappé la France deux semaines auparavant.

Vendredi 13 novembre, des opposés au projet de modification des loges de l'Opéra de Paris déposent au tribunal administratif un référé pour demander la suspension des travaux au vu de l'urgence de la situation. Cette première demande est écartée par la justice qui la juge non recevable. Trois jours après, lundi 16 novembre, un seconde référé est déposée, et cette fois accepté par le tribunal administratif.

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Ce second référé est déposé par la Société de protection des paysages et de l’esthétique français (SPEEF) et Christophe Rizoud, en qualité d’abonné de l’Opéra de Paris. Christophe Rizoud est aussi directeur de la rédaction de Forum Opéra, qui dénonce fermement le projet depuis la publication de l’ article de Connaissance des arts, à l’origine du scandale. Le site d'actualité lyrique est le principal soutien de la pétition créée par Sylvain Fort, rédacteur en chef de Forum Opéra.

La SPPEF et Christophe Rizoud, représentés par Maître Benoît Jorion, demandent la suspension du projet de l’Opéra National de Paris de supprimer les loges du Palais Garnier. Ils veulent aussi que les loges soient remises en état, et que les nouvelles cloisons ne soient pas posées.

Pour rappel, les travaux engagés par l’Opéra National de Paris visent à retirer 12 cloisons sur le premier et deuxième niveau. Une modification éphémère puisque les cloisons sont retirées le temps d’une rénovation (pose de tissus d’origine et restauration) et seront réinstallées en cloison rétractables. Jusqu’à présent, ces mêmes cloisons étaient amovibles mais difficiles à manipuler. L’Opéra de Paris souhaite pouvoir les replier dans le fond de la loge le temps de certaines représentations pour obtenir un gain de places, et améliorer la visibilité des spectateurs des derniers rangs.

Les personnes opposées au projet dénoncent une “défiguration” du Palais Garnier. Pour elles, les cloisons ne seront pas remises après chaque représentation ce qui modifierait l'aspect de l'intérieur de l'Opéra. De plus, le projet dénoncé par un ancien architecte en charge des monuments historiques, Alain-Charles Perrot, ne serait pas une volonté de Charles Garnier, architecte du Palais Garnier. Dans ses écrits, **Garnier ** mentionne des cloisons amovibles dans les baignoires, non dans les loges. Même si dans ces dernières, les cloisons sont amovibles depuis leurs créations.

Affaire des loges Opéra de Paris
Affaire des loges Opéra de Paris

Du côté de la défense, les avocats demandent un non-lieu ou un rejet du référé. Ils souhaitent aussi le retrait d’un passage diffamatoire dans la requête déposée.

Le passage en question reprend les termes employés par Hugues Gall, ancien directeur de l’Opéra de Paris et membre de l’Académie des Beaux Arts, interrogé dans le Journal du Dimanche daté du 8 novembre.** Hugues Gall** compare la direction de l’Opéra de Paris aux “vandales de Palmyre” c’est-à-dire au groupe Daesh qui a détruit le site de Palmyre en août 2015.

« Je comprends que le débat puisse être passionné mais il y a des limites à ne pas franchir. Là, elles sont franchies de manière incontestable », avance l’avocat de l’Opéra National de Paris.

Maître Jorion réplique en omettant la référence à Daesh : *« J’imagine très bien la fureur de Stéphane Lissner * [actuel directeur de l’Opéra de Paris ndlr] *face à son prédécesseur qui le compare à un vandale. Les vandales qu’est-ce que c’est ? » * Malgré les multiples demandes de la juge des référés pour que Maître Jorion ne s’étende pas sur ce sujet sensible, l’avocat renchérit en rappelant l'origine du terme "vandale".

Le reste de l’audience n’a fait que rappeler ce qui avait déjà été écrit sur francemusique.fr. A savoir le flou autour des termes “accord de principe”, et “prototype”, qu’aucun avocat des deux parties n’a su éclaircir. L'accord de principe désigne la validation par la Drac (Direction des affaires culturelles) d'une installation de prototype de cloison amovible dans une des loges du Palais Garnier. Le prototype est donc un test qui peut être modifié et ajusté.

Seule nouveauté : l’accord pour travaux qui vient d’être donné, deux jours avant l’audience soit le 24 novembre 2015 par la DRAC. Ce qui met à mal le référé qui visait le début des travaux sans autorisation officielle. La décision devrait être donnée en début de semaine prochaine. Le tribunal administratif jugera si la requête est urgente et/ou s'il y a illégalité manifeste et dans ce cas, la justice peut ordonner la suspension des travaux et la remise en état des loges.

**Pour en savoir plus : **

Modification des loges de l’Opéra de Paris : que ss’est-il passé ?

L’affaire des loges de l’Opéra Garnier en 5 questions

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