Le tromboniste américain Roswell Rudd est mort le 21 décembre à 82 ans. Du jazz le plus classique à la world music, il a mis son instrument au service des styles les plus variés.
Le tromboniste américain Roswell Rudd est décédé à l'âge de 82 ans. Son nom évoque le jazz, qui constitue l'essentiel de sa carrière. Mais l'adjectif "éclectique" semble davantage correspondre à ce musicien qui s'est adapté à de nombreux genres, parfois bien éloignés du jazz. Étudiant à Yale, le jeune Roswell Rudd débute à la fin des années 1950 dans un orchestre de style dixieland. Ce type de jazz traditionnel, importé de la Louisiane, lui permet d'explorer les possibilités de son instrument, sur la voie tracée par ses aînés Kid Ory et Jack Teagarden. À l'écoute de J.J. Johnson et de Jimmy Cleveland, il devient bebop. Dans les années 1960, il enregistre avec Cecil Taylor (New York City RnB) et Archie Shepp (Mama Too Tight) et expérimente le free jazz. Roswell Rudd vit en quelques années une évolution qui s'est opérée en un demi-siècle dans l'histoire du jazz. Il voyage beaucoup en Europe et fait la connaissance de l'Italien Enrico Rava. Leur collaboration débouchera sur un disque dans lequel Aldo Romano tient la batterie.
Mais toutes ces rencontres semblent ne pas suffire au tromboniste. Il lui faut de la musique non-occidentale pour élargir sa palette d'expériences. En 2002, il sort l'album Malicool où il se trouve en compagnie du joueur de kora malien Toumani Diabaté. Il s'intéresse aussi à la musique traditionnelle mongole en 2005 avec Blue Mongol, puis à la musique sud-américaine avec le joueur de cuatro Yomo Toro dans El espiritu jibaro en 2007. Les frontières du jazz sont loin derrière lui lorsque sortent ces albums de world music, mais en revanche, les possibilités du trombone semblent infinies pour Roswell Rudd.
Un ethnomusicologue reconnu
Quand il ne soufflait pas dans son trombone, Roswell Rudd enseignait. Il donnait des cours d'ethnomusicologie . Son carnet de voyage musical faisant office de CV, il était tout indiqué pour cela. Dans les années 1960, il a même travaillé avec Alan Lomax_,_ collecteur de musiques traditionnelles qui, des monts Ozarks au Maghreb, a réalisé des milliers d'enregistrements sur le terrain. Rudd a aidé Lomax a mettre au point son système de classification cantométrique, servant à classer les traditions musicales du monde. Dans les années 1970, il a commencé à donné des cours d'anthropologie musicale au Bard College, puis à l'université du Maine. Il a fini par quitter cette fonction à la suite d'un désaccord avec sa hiérarchie. Il a recommencé à jouer en public plus fréquemment. Roswell Rudd a ouvert de nouveaux horizons à son instrument, montrant qu'il n'était pas qu'un joueur de glissando pour orchestre dixieland.