Les amours des compositeurs : première source d’inspiration
Par Aliette de LaleuLes conjoints d’un grand nombre de compositeurs leur ont apporté l’inspiration, la motivation et l’amour dont ils avaient besoin. Chanteurs, chanteuses ou musicien(nes), voici les plus beaux couples d’artistes et de compositeurs.
Ils ont partagé leur vie ou parfois quelques années de leur vie aux côtés des plus grands compositeurs. Ils sont artistes mais n’ont jamais été autant exposés que leurs conjoints. Encore célèbres aujourd’hui, ou un peu oubliés, les conjoints des compositeurs ont aussi joué un rôle dans la musique, en donnant une inspiration créatrice aux compositeurs.
Sans eux, certaines des plus belles œuvres du répertoire, du baroque à aujourd’hui n’auraient pas été écrites. Voici les plus beaux couples, solides ou éphémères, de la musique classique.
Jean-Sébastien et Anna Magdalena Bach
Même s’ils ne sont certainement pas les premiers, Anna -Magdalena et Jean -Sébastien Bach forment l’un des couples les plus anciens de la musique. Leur mariage date de 1721, un an seulement après la mort de la première femme du Cantor de Leipzig, Maria Barbara avec qui il a eu 7 enfants.
Les parents de sa seconde épouse sont tous les deux musiciens : un père trompettiste et une mère organiste. Ana Magdalena choisira, elle, le chant. Elle fait connaissance avec Jean -Sébastien Bach en arrivant comme soprano à la cour du prince Leopold d’Anhalt -Köthen, où le Cantor travaille comme maître de chapelle du prince.
Anna Magdalena à cette époque est connue comme chanteuse accomplie et aujourd’hui comme une possible compositrice de certaines des plus belles mélodies de son mari. C’est en tout cas ce qu’avance Martin Jarvis, musicologue gallois, dans sa thèse.
Gioachino Rossini et Isabella Colbran
Après être passée dans les bras du célèbre imprésario de théâtre Domenico Barbaja et du roi de Naples, Isabella Colbran rencontre Rossini. Elle quitte alors ses aventures amoureuses pour se marier avec le compositeur en 1822.
Soprano espagnole réputée et douée, elle débute à Madrid puis en Italie avant de monter sur scène à Paris au début du XIXème siècle. En 1807, la jeune chanteuse triomphe à la Scala de Milan, on dit d’elle qu’à l’apogée de sa carrière, l’étendue de sa voix dépassait deux octaves et demi.
Son histoire avec Rossini est courte (1815-1837) mais très riche musicalement. Inspiré par son épouse, Rossini compose une grande partie de ses opera seria pour elle comme Semiramide, Otello, Armida, Elisabetta … Les rôles écrits pour la soprano sont difficiles, et demandent une maîtrise parfaite de nombreuses techniques de chant qu’Isabella maîtrise parfaitement. La chanteuse abandonne la scène tôt, en 1824, pour préserver sa voix.
Clara et Robert Schumann
Avant d’épouser le compositeur Robert Schumann , Clara née Wieck grandit entourée de musique. Elle donne son premier concert comme pianiste à l’âge de neuf ans, ce qui lui permet une renommée précoce. Sa rencontre avec Robert Schumann fait de la pianiste la première interprète des œuvres de son mari. Dans son répertoire qui s’étend de Bach à Brahms (avec qui elle deviendra amie), Clara Schumann prendra plaisir à exécuter les pièces les plus éclatantes de son époux.
La naissance de leurs huit enfants freine la carrière pianistique de Clara Schumann qui ne reprendra qu’en 1856, année de la disparition de Robert Schumann. Son activité de concertiste repart et la pianiste se produit dans plusieurs pays où la critique salue son jeu puissant et timbré.
Edvard Grieg and Nina Hagerup
Edvard Grieg avait décidé qu’elle était la seule vraie interprète de ses chansons. De qui parle le compositeur ? De sa femme (et cousine), Nina Hagerup, qu’il rencontre en 1864 et épouse 3 ans plus tard.
« Je ne comprenais pas pendant tout ce temps à quel point son interprétation était importante, écrit Edvard Grieg dans un de ses carnets, pour moi c’était tellement naturel qu’elle puisse chanter aussi joliment, aussi intelligemment. Un chant du fond du cœur et puisé aux plus intimes profondeurs de son âme. »
Outre ses écrits, Grieg exprime aussi son amour à travers ses chants - presque tous composés pour sa femme - comme le très beau Jeg elsker Dig, qu’il écrit l’année de son mariage avec Nina. Ensemble le couple donne naissance à une fille, Alexandra qui ne vivra qu’un an. Cette absence d’enfant soude le couple qui vivra dans leur maison « Troldhaugen », aux abords de Bergen (Norvège) jusqu’à leurs morts respectives.
Kurt Weill et Lotte Lenya
Parfois les rencontres artistiques se transforment en belles histoires d’amour. C’est le cas de Kurt Weill et Lotte Lenya qui se voient pour la première fois en 1922 à Berlin et se marient quatre ans plus tard. La jeune femme, danseuse de formation, débute alors une carrière dans le chant grâce à son mari. Elle obtient un premier rôle dans l’opéra Mahagonny (composé par Kurt Weill et Bertold Brecht ) présenté lors du festival de musique contemporaine à Baden-Baden.
Puis elle apparaît dans de nombreuses compositions de son époux comme L’Opéra de quat’sous, The Eternel Road, the Fireband of Florence … Après la mort du compositeur en 1950, Lotte Lenya continuera de faire vivre l’œuvre de son mari sur le sol américain jusqu’à sa propre mort en 1981.
Benjamin Britten and Peter Pears
« Ce n’est pas l’histoire d’un homme. C’est l’histoire de notre vie à deux. » Cette belle citation est sortie de la bouche du ténor Peter Pears à propos de sa relation avec le compositeur britannique Benjamin Britten .
La rencontre entre les deux hommes remonte à 1937 alors que Benjamin Britten traverse une période difficile. Il fait ses débuts (prometteurs) comme compositeur mais perd sa mère. Après ce tragique décès, Britten doit endurer une nouvelle perte : celle de son ami écrivain Peter Burra, tué dans un accident d’avion.
Or il s’avère que Burra possède un petit cottage à Bucklebury. Les papiers de la maison sont gérés par Benjamin Britten et un des amis proches du défunt : le chanteur Peter Pears. De cette rencontre entre le compositeur et le ténor naît l’une des plus grandes collaborations musicales du 20ème siècle.
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