Les ensembles musicaux subissent une baisse de 45,6% de leur chiffre d'affaires
Par Victor Tribot LaspièreDans une étude réalisée auprès de ses ensembles adhérents, la Fevis révèle que les annulations de concerts pour la période de mars à juillet ont fait baisser leur chiffre d'affaires de 45,6%. Les salles et organisateurs de spectacle n'ont pour l'instant versé que 4,7% prix de vente des concerts.
Si on pouvait se douter de l'impact terrible des annulations de concert liées à l'épidémie de coronavirus sur les ensembles musicaux indépendants, nous avons dorénavant des chiffres précis pour jauger de la catastrophe. La Fevis (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés qui représente 155 ensembles indépendants en France) vient de dévoiler les résultats d'une étude réalisée auprès de 91 de ses adhérents.
Sur les 3 012 représentations prévues en 2020, les ensembles interrogés ont déclaré 1 282 annulations formellement actées, soit une baisse de 43% de l'activité prévue. Chiffre qui devrait malheureusement encore s'accroître puisqu'il ne concerne pour l'instant que la période mars - juillet. De plus, certaines représentations n'ont pas encore été officiellement annulées par les salles ou organisateurs.
Les 91 ensembles musicaux ont déclaré un chiffre d'affaire prévisionnel total de plus de 24 millions d'euros pour 2020. Ces annulations représentent une perte de chiffre d'affaires de 11 millions d'euros, soit une baisse de 45,6% par rapport à ce qui était prévu. L'étude a également évalué le montant des pertes sèches pour ces ensembles, c'est-à-dire, ce qu'il restera à la charge des structures une fois les dispositifs d'activité partiel et les indemnités versées par les salles pris en compte. Le constat est dur. Les ensembles devront faire face à 2 millions d'euros de perte sèche.
Pour Louis Presset, le délégué général de la Fevis, ce chiffre concernant les pertes sèches est "très significatif" d'autant plus qu'il n'est pas facile d'obtenir ce genre de renseignements habituellement. "Cette perte sèche correspond à 20% de chiffre d'affaires perdu pour les ensembles. Des frais qui ont été engagés, qui sont totalement perdus et dont les ensembles ont la charge intégrale". Avec la publication de cette étude, la Fevis espère que les salles de concert, les organisateurs de spectacle et le ministère de la Culture prendront conscience de leur responsabilité pour soutenir les ensembles musicaux concernés.
Les indemnités versées aux ensembles à la suite des annulations de leurs représentations ne représentent que 4,7% des recettes prévisionnelles. Et seulement 6,7% des représentations ont pour l'instant été indemnisées. Les ensembles doivent supporter 80% des frais qui restent à leur charge une fois versées les indemnités chômage partiel et autres aides d’urgences.
"C'est très loin d'être suffisant, déplore Louis Presset le délégué général de la Fevis. L'Etat doit comprendre que les mesures annoncées jusqu'à présent ne suffisent pas. Bien sûr, les salles de concerts et les organisateurs peuvent plus jouer le jeu. Mais ce que nous demandons surtout, c'est de pouvoir reprendre ! Nous avons besoin de cohérence. Pourquoi certains secteurs, comme la SNCF par exemple, ont-ils pu bénéficier d'un assouplissement des règles sanitaires, et pas le nôtre ? Nous sommes des gens sérieux et sommes tout à fait capables d'appliquer des règles sûres".
La Fevis espère que le ministère de la Culture obtiendra rapidement des dérogations de la part du gouvernement pour accélérer la reprise de l'activité. "Il n'y a rien qui explique que notre secteur soit toujours aussi paralysé. Les artistes, les équipes travaillent toutes pour inventer des formes nouvelles, pour s'adapter mais cela prend du temps et alors que les contraintes à prendre en compte pourraient être assouplies au grès des les phases de déconfinement successives dont bénéficient d’autres secteurs économiques" conclut Louis Presset.