Les jeunes et la musique classique : rencontre avec Saïté Chen, fondateur d’Opera è Mobile

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Les jeunes et la musique classique : rencontre avec Saïté Chen, fondateur d’Opera è Mobile

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Saïte Chen partage sa vie entre des études de finance et sa passion pour la musique
Saïte Chen partage sa vie entre des études de finance et sa passion pour la musique
- Opera e Mobile

Certains jeunes intéressés par la musique classique s’investissent à leur échelle pour partager leur passion, leurs découvertes ou leurs savoirs. Partons à la rencontre de Saïté Chen, fondateur d'Opera è Mobile.

Saïte Chen a 28 ans et fait résonner depuis 2013 des opéras dans la rue. Avec sa compagnie Opera è Mobile, il organise des représentations gratuites sur des places parisiennes, et plus récemment à Londres et à Shanghai. Baigné dans la musique depuis son plus jeune âge, il a rapidement abandonné l’idée d’être pianiste pour s’investir dans une autre cause, celle de donner un nouveau souffle à la musique classique et à l’opéra.

France Musique : Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la musique ?

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Saïte Chen : J’ai commencé le piano à trois ans en Chine. La vraie raison c’est que ça faisait riche… A cinq ans, ma mère m’a emmené au conservatoire central de Pékin et a demandé au prof si ça valait le coup de continuer la musique. A la fin de cet entretien, le prof a proposé que je reste étudier dans ce conservatoire. Mais j’habitais à 3h de Pékin ! Une semaine après, je suis allé m’installer à Pékin avec ma mère, juste pour le piano.

En Chine, les enfants peuvent suivre des cours de musique à plein temps. Ma mère voulait que je continue l’école donc j’ai fait les deux. Puis à 11 ans je suis arrivé en France sans parler un mot de français. En 6ème je ne comprenais rien et j’avais d’autres chats à fouetter que de jouer du piano. J’ai donc arrêté la musique pendant un an jusqu’à ce que ça commence à me manquer. Quand je suis retourné au conservatoire, j’ai trouvé le seul moment où les gens me comprenait et trouvaient que ce que je faisais était bien.

Pourquoi ne pas vous être lancé dans une carrière de pianiste professionnel ?

A la fin de mon lycée, je me suis dit qu’on pouvait contribuer à la musique sans être artiste. La musique a davantage besoin d’une personne qui va innover que d’un artiste de plus. La musique m’a donné beaucoup de choses. Si je n’en avais pas joué, je n’aurais pas été la même personne, je n’aurais pas eu la même confiance ni la même vie. J’ai toujours voulu rendre à la musique ce que j’ai reçu.

D’où la naissance de votre projet Opera è Mobile

Oui, je voyais des musiciens jazz à Montmartre qui jouaient avec un petit piano acoustique et d’autres instruments.. Et je voulais faire pareil. Pendant mes études, j'ai cherché un piano 5 octaves sans savoir ce que j’allais en faire. J'en ai acheté un qui sonnait bizarre, un peu comme un clavecin. Je savais donc que je n’allais pas jouer Rachmaninov dans la rue d’où l’idée d’accompagner des airs d’opéra, dans la rue.

J’ai pris une douche froide quand j’ai commencé à contacter des amis chanteurs. Ils me disaient pourquoi ça ne marcherait pas, que l’acoustique n’était pas faite pour, et qu’ils allaient casser leur voix. L’autre raison de leur réticence c’est qu’ils n’assumaient pas toujours de chanter dans la rue car ça ne faisait pas sérieux.

Je me suis quand même lancé avec un ami. Quand on a eu dix chanteurs, on a commencé à penser à monter un opéra entier. Et petit à petit, l’équipe est devenue professionnelle.

Quelle est la singularité de votre projet à part de jouer dans la rue et gratuitement ?

L’interprète est entre le compositeur et le public. Quand on parle aux musiciens, leurs études sont focalisées sur le compositeur. “Qu’est-ce qu’il voulait dire par ci, par là…” C’est génial mais nous ne travaillons pas pour le compositeur mais pour le public. Nous mettons le public en premier, tout en respectant ce que le compositeur a écrit.

Il faut donc s’adapter, comme sur la durée. On met 50% de théâtre et 50% de musique. Ce n’est pas seulement pour expliquer l’histoire mais pour envoyer un message au public et leur dire que nous avons quelque chose à faire d’eux. A l’opéra on s’en fiche, le message c’est : “renseignez-vous avant de venir”. Ce n’est pas normal, c’est à nous de réfléchir. Donc on fait notre maximum, sans changer n’importe quoi.

Ce qui est beau, unique, c’est que même quand il pleut, les gens restent, s’assoient par terre. Quand on joue, la place est très calme et quand les gens applaudissent, on réalise le nombre de personnes présentes. C’est pour ces moments que l’on continue, pour le public.

Quels sont les freins à cette volonté de changer un peu les codes au profit du public ?

Il n’y en a pas, ce sont nous qui les créons. Il faut déterminer ce qui est essentiel dans la musique et ce qui est accessoire. Toutes les règles de l’opéra, la bienséance... Ce n’est pas l’essentiel. Partager des émotions, raconter une histoire, là nous sommes dans l’art. Le reste se discute. Il existe des spectacles où l’on oublie la dimension humaine, où le plus important c’est la technique mais tout le monde s’en fiche. Le frein c’est quand un chanteur, à la fin, se demande s’il a bien réussi telle note. Et l’essentiel c’est passer un message, vivre un moment ensemble. C’est pour cela que la musique, l’opéra passionnent toutes les civilisations et les cultures.

Donc le problème vient parfois des artistes eux-même ?

Le problème c’est le star système, qui est devenu l’un des piliers de l’opéra. Comme on retrouve toujours la même chose, les mêmes programmations, il faut bien que quelque chose change, donc ça passe par la mise en scène ou le casting.

Dans ce star système ils prennent tout personnellement... C’est d’ailleurs l’un des seuls univers où l’on siffle les artistes. Il y a beaucoup de concurrence et peu de travail. A la base c’est un métier de passionnés, mais parfois on sent qu’ils s’ennuient. Sur le plan humain et artistique il y a un rafraîchissement à faire. Et c’est pour ça que je me suis mis dans ce projet car il y a des choses à changer.

On essaye de faire une proposition parallèle, une autre sorte d’opéra, avec un autre public sans pour autant être en concurrence avec qui que ce soit.

Quels sont vos autres projets ?

En fait il y a deux projets avec Opera è Mobile, l’opéra et Classic Starter. Ce dernier vient de la volonté de retrouver un cadre intime pour la musique de chambre qui a été créée pour cette ambiance. Aujourd’hui si l’on veut écouter un quatuor on doit forcément aller dans une grande salle. Donc on voulait créer un moyen qui donne du travail au musiciens tout en recréant ce côté intime. Concrètement, c’est une plateforme qui propose un répertoire de musique de chambre où l’on peut commander en tant que particulier ou professionnel.

La playlist de Saïté Chen

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