Les méthodes de l’Académie de ballet de Vienne « nuisent aux élèves » selon un rapport
Par Sofia Anastasio, AFPL’Académie de ballet du Staatsoper de Vienne met en danger le « bien être » de ses élèves, selon les conclusions d’une commission rendues publiques mardi 17 décembre 2019.
Après la publication dans la presse, en avril 2019, d’accusations de harcèlement et d’agressions à l’Académie de Ballet du Staatsoper de Vienne, le gouvernement autrichien a commandé une enquête à une commission indépendante. Rendues publiques le mardi 17 décembre, ses conclusions ont été consultées par l’AFP et elles confirment de « mauvais traitements » de la part de l’institution.
« Les enfants et les adolescents ne sont pas suffisamment protégés des effet négatifs » qu’engendrent la pratique de la danse classique, peut-on lire dans le rapport. « Leur bien-être est en danger », affirme le document. Les élèves seraient notamment encouragés à fumer pour rester minces.
Des « méthodes de dressage dignes de la pédagogie tsariste »
Fondé en 1771, l’Académie est dépendante administrativement de l'Opéra national de Vienne, dirigé parle Français Dominique Meyer. Elle a rejeté les conclusions de la commission indépendante et déclare avoir amendé son fonctionnement en coopération avec une association d'aide à l'enfance et introduit un code de bonne conduite à l'attention de l'encadrement, suite aux révélations du mois d’avril.
A l’époque, l'hebdomadaire Falter avait dénoncé des « méthodes de dressage dignes de la pédagogie tsariste » importées notamment par une professeure russe - licenciée en janvier - et se faisant au détriment de la scolarité et de la santé des élèves. Il avait publié une photo montrant les pieds ensanglantés d'une jeune ballerine pour illustrer les cadences infernales imposées aux enfants, âgés entre 10 et 18 ans. Des élèves affirmaient y avoir subi des coups et des remarques humiliantes sur leur physique, tombant dans l'anorexie à cause de « méthodes sadiques » appliquées sans encadrement psychologique, ni diététique.
Dominique Meyer n'aurait pas « suffisamment pris au sérieux » sa fonction de contrôle selon la rapporteuse de la Commission
Selon la Commission, les mesures annoncées depuis par l’Académie « donnent le sentiment d'être moins motivées par le bien-être des enfants que par la volonté de démontrer à l'opinion publique que quelque chose est fait ».
Le gouvernement autrichien, qui finance le Staatsoper, a affirmé mardi vouloir étudier « dès que possible et sans compromis » les possibilités de réforme. Interrogée en conférence de presse sur la responsabilité du directeur du Staatsoper, le Français Dominique Meyer, la rapporteuse Susanne Reindl-Krauskopf a estimé que ce dernier n'avait pas « suffisamment pris au sérieux » sa fonction de contrôle. A la tête depuis dix ans du Staatsoper, Dominique Meyer en quittera la direction début 2020. Il a été nommé à la Scala de Milan.