Les musiciens indépendants écrivent à Roselyne Bachelot
Par Laurent BordeLa FEVIS, la fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés, a envoyé à la ministre de la Culture une tribune signée par plus de 200 personnalités du monde musical.
La FEVIS a écrit à la ministre de la Culture afin de lui signaler son inquiétude face aux pertes qui s'accumulent ainsi qu'aux faibles perspectives de reprise pour 2021 et 2022.
Une étude, réalisée par l'organisation entre mars et juillet 2020 recense 1283 représentations annulées , c'est à dire 50% de l'activité annuelle. Onze millions d'euros de chiffre d'affaires en moins, soit 47% des prévisions annuelles, ont été comptabilisés. Après recours aux dispositifs de soutien, plus de 2 millions d'euros de pertes sèches ont été totalisées pour les ensembles. Il y a aussi eu une moyenne d'indemnisation de 4,7% des cessions.
En conclusion, 2021 et 2022 risquent d'être terribles pour les jeunes artistes indépendants. Le rapport va jusqu'à évoquer "un naufrage" puisque certaines salles ont déjà annulé des concerts pour l'an prochain. Certains ensembles devront aussi rembourser prochainement des PGE. La difficulté vient également de l'ADAMI et la SPEDIDAM, deux principaux organismes de gestion collective, qui ont décidé, selon le rapport, de "geler leurs commissions d'action culturelle en réaction à l'arrêt de la Cour de Justice de l'Union Européenne."
Par le biais de cette lettre, les ensembles se disent "abasourdis" d'apprendre que les salles et festivals de musiques de patrimoine et de création sont écartées du procédé de compensation de billetterie. En conséquence, les organisateurs pourraient être amenés à procéder à des licenciements immédiats.
Une aide bienvenue
Dépourvus de ressources, les ensembles vocaux, qui représentent le troisième pilier de la musique classique avec 5000 artistes, 1 million d'heures d'intermittence, 5000 concerts, et plus d'1 million de spectateurs se sentent totalement déconsidérés par le ministère de la Culture. La dernière aide publique destinée aux ensembles, de 11 millions d'euros, remonte à 2018. Un montant parfaitement insuffisant selon les musiciens.
La FEVIS réclame une aide supplémentaire afin de garantir l'avenir des formations, à l'instar de l'Opéra de Paris qui va recevoir 81 millions "alors même que le déficit annoncé n'était que de 45 millions d'euros" précise-t-elle. Une aide essentielle qui permettrait aux ensembles de relever la tête et d'envisager plus sereinement le futur proche.
Ce lundi 28 septembre, la ministre reçoit le chef d’orchestre François-Xavier Roth, la violiste Margaux Blanchard, Jacques Toubon, et Louis Presset, le président et délégué général de la FEVIS, afin d'évoquer le problème.