Les Tontons flingueurs, décryptage musical d'un film culte

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Les Tontons flingueurs, décryptage musical d'un film culte

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Sabine Sinjen, Lino Ventura et Francis Blanche ( Les Tontons flingueurs)
Sabine Sinjen, Lino Ventura et Francis Blanche ( Les Tontons flingueurs)
© Getty - Keystone-France

Du 13 au 14 novembre 2018 se tiendra à la Sorbonne, à Paris, un colloque sur Les Tontons flingueurs. Pendant deux jours, le film culte signé George Lautner et dialogué par Michel Audiard sera analysé par plusieurs chercheurs sous différents aspects, notamment sa musique.

« De l’entrepreneur montalbanais au créatif parisien : le monothématisme et l’athématisme comiques de la musique des Tontons flingueurs au service d’une sociologie du goût musical. » Professeur de musicologie à la Sorbonne, Philippe Cathé rit lui-même du nom de la communication qu'il s'apprête à présenter dans le cadre du colloque Les Tontons flingueurs, si c'est une oeuvre, le mardi 13 novembre : « c_e titre est incompréhensible en apparence,_ ça aurait surement fait rire Audiard ». 

Mais ces mots ont tout de même un sens et leur importance, notamment celui de monothématisme  : « Il y a un seul thème musical dans Les Tontons flingueurs, signé Michel Magne. Ce que l’on entend, tout au long du film, c’est une série de variations assez peu mélodiques mais stylistiques autour de ce même thème », explique le professeur. On le retrouve notamment joué en Gloria lors du mariage de Patricia, en blues au bowling, et au banjo pour les scènes de « bourre-pif » dans lesquelles Bernard Blier se prend des coups de poing inattendus. Avec un effet de comique de répétition assuré. 

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Corelli ? 

Dans le film, l’une des variations du thème est présentée comme étant une « sonate de Corelli ». Une farce prise au sérieux par certains spectateurs. 

Dans cette scène qui mentionne le nom du violoniste et compositeur italien, les deux jeunes personnages, Antoine Delafoy (Claude Rich) et Patricia (Sabine Sinjen), sont allongés dans un canapé, pour des ébats que l'on ne peut qu'imaginer. Puis arrive Lino Ventura. « Ah non, au moment où la petite flûte allait répondre aux cordes », s'exclame alors Claude Rich. Or « c’est une grande flûte que l’on entend », rectifie Philippe Cathé, qui ajoute qu'« il n’y a jamais eu de note de flûte écrite par Corelli, même s’il faut l’entendre de façon érotique dans le dialogue de Michel Audiard ».

Certains affirment également que le thème est une reprise d’une sonnerie du bourdon de Notre-Dame mais « ce ne sont pas exactement les mêmes notes ». Il s’agit bien d’un « « thème inventé, avec une grille de blues, de boogie-woogie et de rock’n roll, totalement dans l’air du temps. » 

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Musique concrète et balles de ping-pong

Dans le film, la musique concrète est également présente grâce au personnage d’Antoine Delafoy, jeune compositeur. A la sortie du film, ce genre musical vient de faire son apparition en France, et il est ici un peu moqué à l’écran : « Ce qui sert dans cette scène à faire de la musique, ce sont des magnétophones et des robinets qui laissent couler de l’eau pour faire du bruit. Le seul instrument classique que l’on trouve c’est une cymbale, mais qui est jouée par des balles de ping-pong qui tombent de manière un peu aléatoire dessus ». 

Cette oeuvre sera interrompue par Lino Ventura, qui, en fermant le robinet, supprime l’un des sifflements au moment où il allait aboutir à « l’anti-accord absolu ». « On ne sait pas vraiment ce que c’est, mais c’est amusant ». 

« J'dynamite, j'disperse, j’ventile » 

Difficile tout de même de parler des Tontons flingueurs sans mentionner la musicalité des dialogues de Michel Audiard : « Dans nos cours on ne s’intéresse pas uniquement à la musique, on s’intéresse également au bruit et à la voix, ce que l’on entend. Evidemment, il y a une saveur des dialogues d’Audiard, qui est un vrai plaisir littéraire, mais qui est en même temps lié à cette gouaille particulière ». L’actrice qui interprète Patricia était Allemande, et a ainsi été doublée par une actrice française pour obtenir cette gouaille.  Et difficile de ne pas garder à l’oreille celle de Lino Ventura ou de Bernard Blier, lorsque ce dernier s’énèvre, après un énième bourre-pif : « J'vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va l'retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle ». 

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