" Luigi Nono " de Laurent Feneyrou - Sélection du Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2022

Sélectionné pour le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2022, " Luigi Nono - Fragmente-Stille an Diotima " de Laurent Feneyrou est publié chez Contrechamps.
Le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel a retenu cet ouvrage pour La Sélection 2022 :
Le livre
Le quatuor à cordes Fragmente-Stille, an Diotima de Luigi Nono, créé en 1980, se présente comme une longue méditation traversée de gestes éruptifs, une suite de fragments dans lesquels le silence (Stille) joue un rôle essentiel. La Diotima du titre renvoie au roman de Friedrich Hölderlin, Hypérion, et au nom donné à la femme aimée. C’est au plus profond de l’intime que Nono interroge l’écoute, le son et le silence, sa relation à l’époque, qui fait écho à celle vécue par Hölderlin. Dans un temps tantôt distendu, tantôt contracté, les figures du passé font signe vers le présent, contribuant à ouvrir un horizon radicalement neuf, à maintenir une vision utopique.
Laurent Feneyrou s’attache, à partir des esquisses, à la genèse et à la construction de l’œuvre, à sa portée éthique, esthétique et politique, au lien avec Hölderlin, faisant ainsi converger les principes de composition avec leurs significations profondes. C’est le premier livre en langue française sur une partition dont le retentissement a été considérable et qui marque un tournant dans l’évolution de Nono comme dans l’histoire du quatuor à cordes.
L'auteur
Musicologue et chercheur au CNRS, Laurent Feneyrou a publié nombre de livres et d’articles, et des écrits de compositeurs (dont ceux de Luigi Nono aux éditions Contrechamps). Il a édité les œuvres de jeunesse de Jean Barraqué, dont il dirige l’association. L’une de ses dernières publications, De lave et de fer, est consacrée à Helmut Lachenmann et aux mouvements contestataires allemands des années 1960-1970.
3 questions à Laurent Feneyrou :
- Quelle est la place de cet ouvrage dans votre carrière ?
Depuis des années, l’œuvre fascinante de Luigi Nono, et sa dernière manière en particulier, occupe une place essentielle dans mes recherches. Son quatuor à cordes, par l'attention qu’il porte aux sons infimes, au silence, au fragile, m’a d’emblée paru renouveler en profondeur l’écoute musicale. Il en appelle à nos sensations, à nos sentiments, à notre accueil de l’autre. Après un long compagnonnage, au disque et en concert, avec ses harmonies délicates et ses gestes saillants, avec son temps suspendu aussi, la proposition de Philippe Albèra d’écrire un ouvrage qui lui serait consacré m’a paru comme une évidence.
- Qu’avez-vous cherché à montrer avec cet ouvrage ?
En 1958, le prestigieux Quatuor LaSalle avait proposé à Nono de composer pour lui. Il devra attendre plus de vingt ans, au cours desquels les strates, musicales, poétiques, politiques, voire philosophiques, s’accumulent et se modifient. Le projet de ce livre est d’en dénouer, par l’analyse et le commentaire, l’écheveau. Il est aussi militant : la défense et l'illustration d’une écriture à la fois rigoureuse et inventive, sinon inouïe, qui ouvre un espace d’embrassement mutuel du son et de l’auditeur. Avec les poèmes de Friedrich Hölderlin, chant intérieur qui traverse la partition entière, y règnent l’intime et l’intense.
- Quels sont vos prochains projets ?
Une traduction de Parsifal à Venise, hypnotique « journal de l’âme » de Giuseppe Sinopoli, suivie d’une postface sur un compositeur et chef d’orchestre d’exception, éminent interprète de Wagner, de Strauss et des Viennois, parmi tant d'autres. Sinopoli avait également étudié la psychiatrie, dont la connaissance guidera ses conceptions lyriques, puis l’égyptologie et l’archéologie proche-orientale, ainsi que l’histoire des religions, tout en collectionnant de splendides objets de Grèce et d’Étrurie. Son souci de la culture, la nôtre et celle de civilisations anciennes, primordiales, en fait un humaniste de notre temps.
Pour écouter Sous la Couverture de Philippe Venturini avec Alexandre Dratwicki, c'est ici