Manuscrits et mèches de cheveux, la collection Cortot attire mélomanes et collectionneurs
Par Sofia Anastasio, Charlotte Landru-ChandèsLe lundi 7 octobre 2019, se tenait à Paris la vente aux enchères de la collection Alfred Cortot. Organisée à la maison Christie’s, dans le VIIIe arrondissement de la capitale, elle proposait essentiellement des œuvres de la période romantique, autour de la musique.
Dans son testament, le peintre Jean Cortot, disparu le 28 décembre 2018, avait fait part de cette volonté. Rendre hommage à son père, l'illustre pianiste et pédagogue Alfred Cortot, en organisant une vente aux enchères de sa collection qui rassemble peintures, sculptures et manuscrits.
« C’est une collection extrêmement bien pensée, uniforme, dont chaque écrit à un rapport avec la musique », décrit Adrien Legendre, directeur du département des livres de Christie’s à Paris et responsable de la vente de la collection Cortot. « Par exemple, les lettres de George Sand sont beaucoup liées à Chopin. Elle lui donne des petits surnoms, comme Choupinou, Chop-Chop, la Cassandre », ajoute-t-il.
Manuscrits et mèches de cheveux
Outres des portraits et un moulage de la main de Chopin, la vente proposait également une mèche de cheveux du compositeur, « découpée le jour de sa mort, par une de ses grandes amies pianistes, avant d’être envoyée à Camille Pleyel », précise Adrien Legendre, mais aussi des portraits de Bach, Fauré, ou encore des écrits de Baudelaire qui témoignent de son admiration pour Wagner.
La vente d'objets liés à de grandes figures de la musique attire un public différent, explique Pierre Etienne, directeur du département des tableaux anciens chez Christie's à Paris. « C_’est un public qui ne vient pas systématiquement vers nous, experts en tableaux anciens, puisque c’est un public qui est attiré par le monde de la musique_ », déclare-t-il, en ajoutant que cette configuration est « enrichissante pour lui », parce qu’elle permet de découvrir de nouveaux clients et de regarder les objets différemment. « E_n tant qu’experts en tableaux, on regarde comment c’est peint. Et parfois on se détache trop du sujet. Donc là on est recentré sur le sujet, sur le modèle, sur la musique_ »
Un hommage au « grand maître » Cortot
« Je suis venu pour rêver face à des tableaux, œuvres, et manuscrits que je ne pourrais jamais m’acheter », déclare Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l’art oratoire. Il est ainsi venu à la vente pour retrouver l’héritage de Chopin, mais aussi celui d’Alfred Cortot, « il y a quelque chose d’assez touchant dans cette dispersion du souvenir de ce grand maître. »
Et il n’est pas le seul à être venu en mémoire du pianiste et musicologue. L'une de ses anciennes élèves, qui étudiait à l’Ecole Normale en 1958, a ainsi assisté à la vente « en souvenir de ce grand monsieur », qui l’intimidait beaucoup.
Cette vente, dont le résultat a atteint la somme d’1 839 000 euros, permettait également d’admirer un portrait très rare de Mozart, âgé de 13 ans, attribué à Giambettino Cignorali. Seulement exposé, il sera mis en vente le 27 novembre 2019.