
L'acteur Michel Bouquet est mort ce mercredi à l'âge de 96 ans. Césarisé à deux reprises, il était aussi connu pour avoir joué pas moins de 800 fois "Le roi se meurt" d'Eugène Ionesco.
Le roi est mort, vive le roi. Le comédien Michel Bouquet, monument du théâtre français, connu pour avoir joué pas moins de 800 fois Le roi se meurt d'Eugène Ionesco, est mort ce mercredi à l'âge de 96 ans, annonce son service de presse. Monstre de talent et charisme, Michel Bouquet avait décroché à deux reprises le Molière du meilleur comédien, en 2005 pour Le roi se meurt, justement, qu'il interprétait avec son épouse Juliette Carré. "On joue cette pièce de temps à autre, on la reprend, et à chaque fois elle est différente, elle varie selon les époques, tellement la pièce est avant tout une situation", confiait Michel Bouquet en 2014 sur France Musique, invité de Vincent Josse : "Je connais des gens qui l'ont vu six fois et qui m'ont tous dit, sans se concerter, qu'ils n'avaient jamais vu la même pièce. Et moi non plus, je ne joue jamais la même pièce."
Né en 1925 à Paris, fils d'un officier qu'il a peu connu car devenu prisonnier de guerre, Michel Bouquet doit son goût du spectacle à sa mère, qui l'emmenait régulièrement à l'Opéra Comique. Il a marqué le théâtre de l'après-guerre en faisant connaître en France l'œuvre de Harold Pinter, et en se mettant au service de grands textes classiques (Molière, Diderot ou Strindberg) et contemporains (Beckett, Ionesco, Camus ou Bernhard). Sa silhouette plutôt ronde, son style discret et sa voix grave, contredite par une certaine espièglerie du regard, lui offrait une large palette de rôles.
Admiration pour Mozart
Invité de Claude Maupomé en 1977 sur France Musique, Michel Bouquet avait entièrement consacré sa programmation musicale à Mozart. Dans la première partie de l'émission, le comédien confiait le rôle primordial que jouait le compositeur dans sa vie. "Comme Shakespeare, Mozart est un prodigieux dramaturge, il voit tous les personnages de l’humain : les êtres innocents et coupables…", analysait-il finement : "Derrière cette musique toute simple de la réalité organique des êtres qui sont présents, il y a le monde entier, tous les êtres humains, depuis que le monde est monde."
S'il préférait le théâtre au cinéma, Michel Bouquet a tourné dans plus d'une centaine de films, remportant deux César pour Comment j'ai tué mon père en 2002, devant la caméra d'Anne Fontaine, et Le promeneur du Champ de mars en 2006, où il incarnait un étonnant François Mitterrand, au soir de sa vie. Il a également joué sous la direction de François Truffaut (La mariée était en noir en 1967 et La Sirène du Mississippi en 1968) et fut un magistral Javert, l'inspecteur pourchassant Jean Valjean dans Les Misérables de Robert Hossein, en 1982.