Paul Taylor, l'un des pères de la danse moderne, est décédé mercredi 29 août 2018 à New York à l'âge de 88 ans. En 60 ans de carrière il aura défié les conventions et profondément influencé la création chorégraphique.
Le chorégraphe américain Paul Taylor nous a quittés à l’âge de 88 ans, des suite d’une insuffisance rénale a déclaré Lisa Labarado, porte-parole de la compagnie qu'il avait fondée à Manhattan, la Paul Taylor Dance Company.
Avec lui disparaît ainsi le dernier géant de la danse moderne, après les décès de Martha Graham, Merce Cunningham ou Pina Bausch. « Paul Taylor était l'un des plus grands chorégraphes au monde, et sa mort nous attriste profondément, non seulement nous qui avons travaillé avec lui, mais toutes les personnes dans le monde qui avaient été touchées par son art incomparable », a déclaré dans un communiqué le directeur artistique de la compagnie, Michael Novak.
Paul Taylor a joué un rôle-clé de passeur entre danse classique et danse contemporaine, en apportant des éléments de danse expérimentale à la danse des années 1950. Lors d'une célèbre représentation en 1957, Taylor se produisait en solo, avec uniquement une horloge parlante. Une autre de ses productions, Duet, explorait l'immobilité: elle se terminait avec Paul Taylor, en costume de ville, debout, complètement immobile, alors que sa partenaire était assise à ses pieds, le regard parfaitement fixe, poussant le public à quitter la salle. Il a aussi monté un très satirique Sacre du printemps, présenté comme une histoire de rapt d'enfant par la mafia. Et dans Company B, il célébrait l'optimisme des Américains en pleine Seconde guerre mondiale.
De danseur surdoué à chorégraphe précurseur
Né à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 29 juillet 1930, et élevé dans la capitale Washington, Paul Taylor, Paul taylor décide de devenir danseur après avoir découvert à l'université un livre sur Vaslav Nijinski, le danseur virtuose des Ballets russes.
Alors qu’il se dirigeait vers une carrière nageur de compétition, il change ainsi d'orientation et intègre la célèbre école Juilliard à New York. Son style était très athlétique: profonde flexion des jambes, grande variété de sauts, diagonales foudroyantes, selon Gérard Mannoni, auteur du livre Les grands chorégraphes du 20ème siècle.
« C'était un nageur, et ses mouvements de bras donnaient à sa danse puissance et grâce », explique Ashley Roland, co-directrice de la compagnie Bodyvox, basée à Portland (ouest).
En 1954, Paul Taylor lance sa propre compagnie, qui connaîtra son premier succès en 1962 avec Aureole, puis Orbs en 1966. Au début des années 1970, il arrête de danser et se consacre entièrement à la chorégraphie, collaborant avec des artistes d'avant-garde comme Robert Rauschenberg ou le peintre new-yorkais Alex Katz.
Sa compagnie, qui deviendra la Paul Taylor Dance Company, créera au total 147 spectacles, dont beaucoup sont devenus des icônes du monde de la danse. Le danseur-étoile Rudolf Noureev y sera régulièrement invité.
« Une pincée d’humour malicieux »
Dès l'annonce de son décès, les hommages du monde de la danse ont afflué. Il était « l'un des véritables maîtres de la danse moderne », a tweeté le chorégraphe britannique Matthew Bourne, célèbre pour son Swan Lake, Lac des Cygnes dansé uniquement par des hommes. Son « influence continue d'être une inspiration pour les danseurs du monde entier ».
« Il a élargi le champ de la danse moderne et l'a rendue surtout plus populaire, moins prétentieuse, en y ajoutant une pincée d'humour malicieux », a indiqué à l'AFP Marina Harss, critique de danse new-yorkaise.
S'il s'est fait connaître par ses expérimentations, Paul Taylor a exploré de nombreux styles et rejetait toute étiquette. « L_es critiques veulent sans cesse me classer dans un genre bien déterminé. Je n'appartiens à aucun, je cherche toujours à pratiquer de nouvelles expériences_ », avait-il déclaré un jour au journal Le Figaro.
avec AFP