Musique classique, on fait le bilan de l'année 2019
Par Victor Tribot LaspièrePolémiques, scandales, disparitions ou bonnes nouvelles, l'actualité de la vie musicale classique a été riche en 2019. Retour sur les faits marquants de ces douze derniers mois.
Polémiques/scandales
Comme en 2018, l’année 2019 a connu son lot de scandales en lien avec MeToo. Avec un tremblement de terre puisque c’est Dieu tout puissant de l'opéra qui a été ébranlé : Placido Domingo. En août dernier, la superstar de l’opéra a été accusée par plusieurs femmes d’harcèlement sexuel.
Accusations niées par le chanteur espagnol qui a tout de même pris la décision de démissionner de son poste de directeur de l’Opéra de Los Angeles. Si plusieurs salles des Etats-Unis ont décidé de prendre leurs distances avec lui, Placido Domingo bénéficie d’un tout autre traitement en Europe : de longues ovations de la part du public dans la plupart des salles où il était maintenu à l’affiche.
2019, c’est aussi le choc de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Dans la nuit du 15 au 16 avril, le feu ravage l’édifice et le pire est évité de justesse. Parmi tous les joyaux historiques menacés à l’intérieur de Notre-Dame, le grand orgue fait l’objet de toutes les craintes. Heureusement, plusieurs expertises estiment que l’instrument n’a pas été gravement endommagé. Un important travail de nettoyage et de restauration sera tout de même nécessaire. Le démontage du gigantesque échafaudage, installé avant l’incendie et dont les barres de fer ont fondu à cause de la chaleur, est sur le point de débuter.
Cette année, nous retiendrons également la crise traversée par l’Opéra de Bordeaux. La raison ? Un désaccord entre Marc Minkowski, chef d’orchestre et directeur général de l’institution, et les musiciens de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine. Ces derniers ont affirmé ne pas être « convaincus que M. Minkowski ait les qualités techniques, musicales et humaines pour nous diriger en tant que chef d’orchestre ».
Disparitions
Faire le bilan d’une année qui s’écoule, c’est aussi se souvenir de ceux qui nous ont quittés. 2019 a débuté par la disparition de Michel Legrand. Ce géant de la musique de film et mélodiste du bonheur est parti à l’âge de 86 ans, suscitant une immense vague de réactions dans le monde entier.
En février, c’est le chef d’orchestre américain André Previn qui est décédé, à quelques semaines de son 90e anniversaire. Musicien aux talents multiples, il brassait avec gourmandise les styles et les genres musicaux.
Ce mois de mai 2019 a été marqué par la disparition tragique d’ Eva Kleinitz à 46 ans. Elle était une figure majeure de la vie culturelle européenne et directrice de l’Opéra national du Rhin.
Le 30 septembre, le monde entier apprenait avec stupeur le décès de la soprano américaine Jessye Norman à l’âge de 74 ans. Icône de l’opéra, elle faisait partie du cercle fermé des plus grands artistes du monde lyrique.
Enfin, 2019 s’est conclue avec la disparition d’un géant, le chef d’orchestre letton Mariss Jansons à l’âge de 76 ans. Spécialiste de la musique russe, fin connaisseur de Chostakovitch, il était considéré comme l’un des plus grands chefs au monde.
Politique
Mais puisqu’on vous dit que tout est politique. La vie musicale est évidemment concernée par un ensemble de décisions, et certainement encore plus cette année que les autres. Notamment avec la saga à suspense de la nomination du prochain directeur de l’Opéra de Paris. Après des mois de rumeurs, c’est finalement Alexander Neef qui a été choisi pour succéder à Stéphane Lissner.
Allemand, 45 ans, actuellement à la tête de la Canadian Opera Company, il prendra ses fonctions en 2021. Il retrouvera l’Opéra de Paris, qu’il avait déjà connu en tant que directeur de casting sous l’ère de Gerard Mortier. L’Opéra de Paris, dont l’activité est en ce moment très perturbée par la g rève contre la réforme des retraites.
En 2019, plusieurs autres nominations dont l’annonce fut également tardive et compliquée : celle de Richard Brunel à la direction de l’Opéra de Lyon, celle de Mathieu Ferey à la tête du conservatoire supérieur de musique de Lyon ou encore la nomination de Jean-Philippe Thiellay au Centre national de la musique, qui doit voit le jour le 1er janvier 2020.
Des nominations qui ont fait grincer des dents pour un manque de parité. Heureusement, et c’est historique, c’est bien une femme qui a été choisie pour diriger le Conservatoire supérieur national de musique et de danse de Paris. Emilie Delorme, 44 ans, succède à Bruno Mantovani. Celle qui a dirigé l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence depuis 2008 devient la première femme à diriger l’institution.
Autre nomination d’une femme, celle de la chanteuse Cecilia Bartoli à la direction de l’Opéra de Monte Carlo. A retenir aussi, celle du français Dominique Meyer, pressenti pour l’Opéra de Paris, qui quittera prochainement l’Opéra de Vienne pour prendre la direction de la prestigieuse Scala de Milan.
Enfin, une nomination pour l’Orchestre national de France. Le chef d’orchestre roumain. Cristian Măcelaru, 39 ans, prendra la place d’Emmanuel Krivine à partir de septembre 2020.
Bonnes nouvelles
Pour finir, puisque se souvenir, c’est surtout essayer de ne retenir que les choses qui nous ont fait plaisir, 2019 nous a apportés notre lot de bonnes nouvelles.
A commencer par une victoire historique, celle d’ Alexandre Kantorow, 22 ans, premier français à remporter le Concours Tchaïkovski. Le pianiste entre dans la légende au même titre que Vladimir Ashkenazy, Grigory Sokolov, Mikhaïl Pletnev ou Denis Matsuev.
2019, c’est également l’année où la Philharmonie de Paris, ouverte en 2015, a dépassé le cap des 5 millions de visiteurs, ou encore celle où le Théâtre du Châtelet a rouvert ses portes après près de trois années de fermeture pour travaux.
Nous retiendrons aussi la belle histoire de la mezzo-soprano Adèle Charvet qui a remplacé au pied levé, alors qu’elle était venue en simple spectatrice, un contre-ténor malade dans le Messie de Haendel. Et également, la nomination de trois femmes violonistes à l'Orchestre de l'Opéra d'Etat de Vienne. Nouvelle qui ne devrait rien avoir d'extraordinaire, si ce n'est que l'ouverture au recrutement des femmes est très récente. Actuellement, il y a seulement une quinzaine de femmes permanentes pour un total de 135 musiciens.
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En attendant l'avènement de 2020 et de son actualité musicale prometteuse, France Musique vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année !