Musique contemporaine : vers une écoute moins intellectuelle ?

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Musique contemporaine : vers une écoute moins intellectuelle ?

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Vue de l'Auditorium de la Maison de la radio
Vue de l'Auditorium de la Maison de la radio
© Radio France

Pour cette 27e édition du festival de création musicale Présences, 79 compositions et un portrait musical de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho sont proposés au public de la Maison de la Radio ainsi qu'aux auditeurs de France Musique.

Le festival Présences met à l'honneur la création musicale tout en garantissant une qualité d’interprétation et d’enregistrement qui, comme chaque année depuis 1991, attire les oreilles des habitués du genre comme des curieux.

Doit-on introduire cette musique dite contemporaine, souvent étiquetée comme ‘compliquée’, difficile d’accès ? « Non, pas forcément », répond Clément Lebrun, musicien, producteur à France Musique et conférencier, entre autres, pour l’Ensemble intercontemporain et le Grame de Lyon (centre national de création musicale).

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Il vaut mieux présenter l’univers du compositeur, ce qui entoure l’oeuvre. [...] Je pense qu’il ne faut pas enlever l’idée que la musique contemporaine crée autant de plaisir que toutes les autres musiques.

L’objectif pour celui qui présente une oeuvre nouvelle au public ? Laisser toute sa place au ‘choc’ de la première écoute. Cela revient, finalement, à aborder la musique dite contemporaine de la même manière que les autres genres musicaux.

Clément Lebrun
Clément Lebrun
© Radio France - Christophe Abramowitz - RF

« La musique contemporaine n’est pas plus compliquée à écouter que la musique du Moyen Âge ou que celle de Wagner. Rester cinq heures assis pour écouter une musique en continu, c’est extrêmement complexe pour quelqu’un qui n’est pas familier avec cet univers ! »

« Il y a autant de manière d’écouter que d’individus, donc le but n’est pas de mettre les gens dans un entonnoir en leur disant d’écouter comme ceci ou comme cela. La musique contemporaine, c’est avant tout du ressenti, du sensoriel ».

Pour Clément Lebrun, mieux vaut donc en finir avec la manière trop ‘intellectuelle’ avec laquelle sont souvent abordées les œuvres contemporaines, du moins en ce qui concerne leur réception, leur public : « Evidemment qu’il y a un concept, une réflexion à la naissance de l’oeuvre, mais ce qui arrive dans les oreilles des gens, ce n’est pas nécessairement de l’intellect ».

« Je pense que les compositeurs sont les premiers à désirer que les gens s’approprient leurs pièces. Imaginer des chats qui gambadent dans la nature en écoutant du Boulez ? Pourquoi pas ? Tant que c’est du vécu ! »

« Pour apprécier Mozart, on n’a pas besoin de savoir que le ré mineur est le ton de la mort - qu'on retrouve par exemple dans Don Giovanni - c’est la même chose pour la musique contemporaine. »

Exercice d’application ci-dessous avec la réécoute de Graal Théâtre, pièce pour violon et orchestre de Kaija Saariaho, interprétée par l'Orchestre National de France en 1996 à l'occasion du festival Présences.

Graal Theatre pour violon et orchestre – Kaija Saariaho

2 min