Parité parfaite à Royaumont : 7 compositrices et 7 compositeurs en résidence pour Voix Nouvelles

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Parité parfaite à Royaumont : 7 compositrices et 7 compositeurs en résidence pour Voix Nouvelles

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Dans le cloître de l'abbaye de Royaumont
Dans le cloître de l'abbaye de Royaumont
© Radio France - A.deLaleu

Royaumont accueille depuis le 20 août 2018, quatorze compositeurs en résidence pour trois semaines de travail intensif. Cette année, une parité hommes-femmes parfaite est respectée, sans que la sélection ne se soit faite sur ce critère.

« La force des candidatures féminines a contrebalancé les statistiques », remarque Jean-Philippe Wurtz, directeur du programme Voix Nouvelles de Royaumont. « Chaque année je reçois environ 30% de candidatures féminines contre 70% de candidatures masculines. Mais les compositrices étant d'un très fort niveau, le résultat s’est équilibré ». Pour cette nouvelle session, l’Académie accueille donc sept compositeurs et sept compositrices. 

Tous se retrouvent pendant trois semaines pour travailler sur une de leurs créations, composée spécialement pour la résidence. Trois professeurs encadrent le séminaire pour aider les artistes à retravailler leur pièce avant de faire intervenir deux ensembles professionnels. Une fois les musiciens intégrés à l’Académie, les répétitions commencent et le séminaire se termine par la représentation de ces créations le week-end du 8 et 9 septembre dans le cadre du Festival Royaumont. 

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Les participants viennent du monde entier et apprennent à s’écouter, se regarder travailler, assistent aux répétitions des uns et des autres. Ce mardi 4 septembre, la compositrice lituanienne Justina Repečkaitė fait les derniers ajustements de sa pièce avec trois interprètes : une mezzo-soprano, un chanteur basse et un percussionniste, sous l'oeil attentif de l'un des professeurs de l’Académie Voix Nouvelles. 

Justina Repečkaitė en pleine répétition à Royaumont.
Justina Repečkaitė en pleine répétition à Royaumont.
© Radio France - A.deLaleu

Une égalité bienvenue

« C’est très intéressant de travailler avec ces musiciens professionnels exceptionnels. On a encore la liberté de corriger nos partitions, d’ajuster des détails… » Enthousiaste, la jeune femme se sent aussi portée par la forte représentativité des compositrices lors de ces trois semaines : « J’ai participé à beaucoup d’académies mais c’est la première fois que le nombre de compositeurs et de compositrices est le même. C’est nouveau, très positif et c’est surtout un vrai confort, l’atmosphère est différente car je ne ressens plus la minorité comme c’est toujours le cas dans mon quotidien ! »

On vient de différents pays, on a des voix différentes, c’est toujours enrichissant pour créer.

Feliz Anne Reyes Macahis partage cet avis. La compositrice est originaire des Philippines mais habite en Autriche : « Il y a 10 ans, je me souviens avoir été souvent la seule femme dans ce genre de situations où l’on travaille en groupe. Maintenant, on est à égalité, ça me rend heureuse. Ce n’est pas tant pour me sentir entourée de femmes, mais plus pour la diversité dans la musique. On vient de différents pays, on a des voix différentes, c’est toujours enrichissant pour créer ». 

Le silence à Royaumont : un endroit idéal pour créer.
Le silence à Royaumont : un endroit idéal pour créer.
© Radio France - A.deLaleu

Le cas français des compositrices 

Parmi les sept compositrices de l’Académie, pas une n’est Française. Justina Repečkaitė, qui habite à Paris depuis longtemps, pense qu’il existe une différence entre son pays d’origine, la Lituanie, et la situation en France : « Il existe beaucoup de jeunes compositrices lituaniennes, presque plus que de compositeurs, et elles sont très visibles… En France, c’est différent. Une fois qu’une compositrice rencontre un certain succès, il y a des répercussions et toujours quelqu’un pour dire : “Elle a réussi parce qu’aujourd’hui on valorise les femmes”. C’est compliqué et difficile pour les Françaises de devenir compositrices mais je pense que la situation va changer ».

Jean-Philippe Wurtz, qui est aussi chef d’orchestre, observe ce même constat, sur une spécificité française : « Je vois beaucoup d’étudiantes en composition qui, je pense, ne franchissent pas les étapes de la carrière professionnelle. Il faut faire passer le message qu’il est possible pour une femme d’être une compositrice professionnelle et d’avoir un grand rayonnement dans le métier. On connaît quelques exemples mais il faut qu’on en accueille d’avantage dans les années à venir ».

En attendant ces profondes transformations, Royaumont donne de la visibilité aux compositrices et compositeurs lors du dernier week-end de l’Académie. Au milieu des concerts plus traditionnels du festival, toutes les personnes présentes peuvent assister gratuitement aux représentations des créations des 14 académiciens et académiciennes.