Ce soir dans A l’Improviste le troisième volet de notre chapitre "Sons d’Hiver" avec la soirée du 21 février au théâtre Romain Rolland de Villejuif. Nous sommes ce soir en compagnie d'un sextet Benat Achiary, au pays de Lorca et de son recueil « Un poète à New York ».
- Federico Garcia Lorca
- Benat Achiary Parolier, chanteur, vocaliste, improvisateur, musicien de jazz et de musique contemporaine
A l’Improviste au Festival Sons d’Hiver :
« Federico Garcia Lorca – Benat Achiary : Un Poète à New York »
Avec Benat Achiary (voix) Michel Queuille (piano) Nicolas Nageotte (clarinette) Julen Achiary (percussions, voix) Jordi Cassagne (contrebasse) et Pedro Soler (guitare).
Concert enregistré au théâtre Romain Rolland de Villejuif le 21 février 2019
Cette soirée du 21 février est une nouvelle déclinaison de quelques thèmes forts de cette édition 2019. D’abord la rencontre entre les générations, car le sextet du chanteur basque Benat Achiary réunissait trois générations de musiciens .
Ensuite la puissance des mots, du vers.
Cela fait 10 ans que Benat Achiary explore un Poète à New York de Lorca avec à chaque fois un équipage différent.
La traversée est toujours riche et singulière. A l’Improviste s’était fait l’écho il y a quelques années de l’une de ces traversées (concert de la Maison de la Poésie).
Cette version en sextet du texte de Lorca illustre un autre thème de Sons d’Hiver : l’idée de créolité, de tissage entre les cultures, et à cet endroit le parcours de Lorca entre flamenco et culture tzigane d’Andalousie d’une part, et les negro spirituals afro-américains de l’autre - musique découverte lors de son exil américain en 1929 - le parcours éclaté de Lorca ne pouvait que favoriser la créolité, le tissage dans la musique de Benat Achiary et de ses partenaires de jeu.
Un Poète à New York n’est pas qu’un recueil d’une grande modernité (images surréalistes, versification libre), c’est aussi un recueil très noir.
Lorca arrive à New York en 1929, suite à une déception amoureuse. Le choc est immense ! La ville qu’il découvre est frappée par la crise. C’est le crach boursier. La ville de New York n’est pas que démesurée, elle est aussi dévastée. La misère est partout et Lorca projette sa désolation sur ce paysage hallucinée. Ce sont ces vissions qui donnent toute leur puissance au recueil Un Poète à New York, et aussi la colère de Lorca, sa révolte face au chaos. Un Poète à New York est donc plein de ce duende qui appartient en propre à la culture andalouse andalouse et que Benat Achiary a en partage avec Lorca, avec Pedro Soler et ses quatre autres partenaires de jeu.
Le 21 février, Benat Achiary et ses complices ont improvisé une musique qui croise les rythmes de la musique traditionnelle basque, du blues et du be-bop. Benat Achiary a une façon bien à lui d’explorer le recueil de Lorca, Un Poète à New York. Il transfigure le soleil noir de la mélancolie qui traverse ce grand poème-tambour de Lorca, en fête des sens.
Ces textes de Lorca, Benat Achiary les dit, les scande, il les chante, il les crie. Toutes les vocalités sont mises en jeu.
L'hommage à Lorca de Benat Achiary était suivi ce même soir, par un concert de Danyel Waro avec ses musiciens percussionnistes et chanteurs. L'homme aux cheveux roux, gardien du volcan de l'île de la Réunion, a demandé à la fin de son concert au "volcan" Benat Achiary de le rejoindre avec son fils Julen pour une dernière chanson : "Batarsité", un titre de chanson qui suggère le caractère tissé du maloya de Danyel Waro : musique noire et blanche, tout aussi indienne qu'africaine, européenne que malgache, avec des traces de blues et de sega.
Les retrouvailles entre ces deux amoureux des mots et de la langue est très émouvante !
Un grand merci à Mélanie Merlier pour ses photos offertes pour l'illustration du site de notre émission.
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration