André Tubeuf, écrivain, critique musical
André Tubeuf, Dictionnaire amoureux de la musique (Plon)
Il ne se définit pas lui-même comme musicien mais comme écouteur, et voilà près de 80 ans qu'il le fait avec talent et philosophie (qui fut aussi son second métier). Alors, ouvrez grandes vos oreilles et montez le son !
C'est à Smyrne qu'il voit le jour mais, suivant les pérégrinations d'un père ingénieur, c'est en Turquie, à Zonguldak, qu'à 5 ans il découvre qu'il a non seulement une oreille mais aussi une voix, chez les franciscaines missionnaires de Marie qui l'initient au chant grégorien. Puis ce sera Istamboul, ou plutôt Stamboul à l'époque, Alep et Beyrouth où, grâce à la radio, il s'initie au classique et commence à nourrir sa formidable mémoire.
Enfin ce sera Paris, où son arrière-grand-père était violoniste aux Concerts du Conservatoire et son grand-père organiste de Sainte-Clotilde et disciple de Gounod, khâgneux à Louis-le-Grand avant d'entrer premier nommé à la rue d'Ulm. Mais surtout ce Paris du tout début des années 50, c'est celui de l'avènement du microsillon et, malgré son maigre pécule, il commence avec quelques camarades à collectionner, quitte à acheter aux Puces des vinyles ébréchés et, faute de moyens, à ne connaître longtemps que la première des cinq galettes de la "Saint-Matthieu".
A peine jeune agrégé de philo, il se voit rattrapé par les obligations militaires : ce sera l'Algérie pour de longs mois, avec pour seuls viatiques des lieder de Schubert ou de Wolf. Sa première permission, il la passera à Salzbourg pour écouter Böhm ou Karajan diriger en 57 Rita Streich, Lisa della Casa, Irmgard Seefried et quelques autres grandes légendes.
Enfin libéré, il est nommé à Strasbourg, une chaire qu'il ne quittera jamais, et se plonge dans la vie musicale de la capitale alsacienne : l'opéra, la société de musique de chambre et surtout le Festival où il croise les plus grands, d'Arrau à Hotter, de Serkin à Souzay, et pour lequel il rédige moult programmes.
Il aurait pu devenir critique et en vivre, mais je crois que le terme ne lui convenait pas, lui qui demeure un écrivain au sens propre jusque dans les colonnes du Point, un métaphysicien de la musique.
Alors faites vite une place à notre banquet platonicien pour notre invité du jour, André Tubeuf !
Avec la complicité téléphonique de Christian Merlin, critique musical, et de Christophe Ghristi, directeur de la dramaturgie à l'Opéra national de Paris
Programmation musicale
Jean-Sébastien Bach
Messe en si mineur BWV 232 : Kyrie
Choeur de l'Académie de Vienne / Orchestre de l'Opéra d'Etat de Vienne
Hermann Scherchen
MCA Classics MCAD2 9821 B
Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68 (Pastorale) : I, Allegro ma non troppo
Irwin Kostal
Buena Vista Records CD-001
Hugo Wolf
Im Frühling
Brigitte Fassbaender, mezzo / Jean-Yves Thibaudet, piano
Decca 440 208 2
Wolfgang Amadeus Mozart
Gente, gente, all'armi, all'armi ! (Les Noces de Figaro, Acte IV, Finale)
Elisabeth Schwarzkopf / Irmgard Seefried, et al.
Chor der Wiener Staatsoper / Wiener Philharmoniker
Karl Böhm
GDS 31019
Robert Schumann
Die alten bösen Lieder (Dichterliebe, op. 48)
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton / Vladimir Horowitz, piano
Sony 46743
Franz Schubert
Der Doppelgänger (Schwanengesang)
Hans Hotter, baryton / Gerald Moore, piano
EMI 5 65196 2
François Couperin
Troisième Leçon de Ténèbres
H. Cuenod et G. Sinimberghi, ténors/F. Holetschek, clav. et orgue/R. Harand, vlc
Lys 140-141
Wolfgang Amadeus Mozart
Sonate pour piano n° 8 en la mineur K. 310 : III, Presto
Dinu Lipatti, piano
EMI 2 07318 2
Richard Strauss
Frühling (Vier Letzte Lieder)
Elisabeth Schwarzkopf, soprano
Philharmonia Orchestra
Otto Ackermann
EMI 7610012
Giuseppe Verdi
Piangeo cantando (Otello, Acte IV)
Régine Crespin, soprano
Orchestre du Théâtre national de l'Opéra de Paris
Otto Ackermann
EMI 7644342
Henri Dutilleux
Le Dernier Poème (Le Temps l'Horloge)
Renée Fleming, mezzo
Orchestre national de France
Seiji Ozawa
Decca 478 3500
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