Nathalie Stutzmann, contralto
"L'art m'a sauvée", confie cette contralto au timbre rare, "ce splendide lapsus de la nature" comme l'a écrit à son sujet André Tubeuf, paraphrasant Aristote, et qui aujourd'hui a réalisé un vieux rêve, monter au pupitre - un territoire difficile pour une femme comme elle le dit par litote. Alors pour cette Lorraine de souche comme moi, sortez la mirabelle et poussez le son !
Fille de deux gosiers de l'Opéra, elle savait chanter avant même de parler, et a toujours préféré renoncer à ses vacances au ski pour l'odeur des planches à regarder ses parents travailler. Mais à 11 ans, ce bout de chou qui à la plage attirait tous les regards par sa voix grave d'adulte n'a pas le droit de s'époumonner. Qu'à cela ne tienne, elle étudie l'alto, le violoncelle, le basson et le piano entre autres, se dépense entre tennis et judo, et adopte un look d'enfer cuir et moto. A 16 ans, sa mère lui donne enfin ses premières leçons, qu'elle poursuivra sous le parrainage, excusez du peu, de Hans Hotter et de Christa Ludwig. A 20 ans, après l'école de chant de l'Opéra de Paris, elle remplace au pied levé Jessye Norman dans un concert avec Yuri Bashmet, et les contrats commencent à pleuvoir.
Au fil des concerts, elle croisera deux de ses mentors, Seiji Ozawa et Simon Rattle, auxquels elle confie ses rêves de direction d'orchestre, et qui l'envoient étudier à l'Académie Sibelius auprès du très prisé Jorma Panula, jusqu'à la création voici cinq ans de son propre ensemble Orfeo 55, qu'elle dirige parfois de dos en chantant et qui est depuis en résidence à l'Arsenal de Metz, dans cet ex-bâtiment militaire où son arrière-grand-mère repassait les chemises des officiers.
Elle avoue avoir perdu cinq kilos sans aucun régime depuis qu'elle s'est mise à la baguette, mais rassurez-vous, elle n'a rien perdu de son énergie, et si une critique lui déplaît, elle prend sa hache et va débiter du petit bois avant de faire une bonne flambée. Alors, tenez-vous à carreau ce midi, et venez déjeuner en compagnie de notre invitée Nathalie Stutzmann !
Avec la complicité téléphonique de Christiane Stutzmann, soprano, mère de Nathalie Stutzmann, et de Patrick Langot, violoncelliste**
Programmation musicale
**Jean-Sébastien Bach
Suite pour orchestre n° 3 en ré majeur BWV 1068 : Aria
Orfeo 55
Nathalie Stutzmann
Deutsche Grammophon 481 0062
Gottfried Heinrich Stölzel
Bist du bei mir (Livre de musique d'Anna Magdalena Bach, BWV 508)
Nathalie Stutzmann, contralto
Orfeo 55
Nathalie Stutzmann
Deutsche Grammophon 481 0062
Georg Philipp Telemann
Sonate en fa mineur pour basson et basse continue : IV, Vivace
Jérémie Papasergio, basson / Syntagma Amici
Ricercar 314
I'll Close My Eyes (Sur la route de Madison)
Dinah Washington, chant
Warner Bros 945949 2
Franz Lehar
Je veux revoir mon beau pays (Le Pays du sourire)
Christiane Stutzmann, soprano
Orchestre Lyrique de l'ORTF
Adolphe Sibert
Sony 89360
Georg Friedrich Haendel
Più non cura (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno)
Nathalie Stutzmann, contralto
Les Musiciens du Louvre
Marc Minkowski
Erato 75532
Gustav Mahler
Symphonie n° 2 (Résurrection) : II, Andante moderato
Nathalie Stutzmann, contralto
Saito Kinen Orchestra
Seiji Ozawa
Sony 89374
Antonio Vivaldi
Sento in seno ch'in pioggia di lagrime (Il Giustino)
Nathalie Stutzmann, contralto
Orfeo 55
Nathalie Stutzmann
Deutsche Grammophon 476 4304
Jean-Sébastien Bach
Jesus ist ein guter Hirt (Cantate Ich bin ein guter Hirt, BWV 85)
Nathalie Stutzmann, contralto
Orfeo 55
Nathalie Stutzmann
Deutsche Grammophon 481 0062
Johannes Brahms
Rhapsodie pour alto op. 53
Nathalie Stutzmann, contralto
Orchestre Révolutionnaire et Romantique
John Eliot Gardiner
SDG 703
Jean-Sébastien Bach
Cantate Gleichwie der Regen und Schnee von Himmel fällt BWV 18 : Sinfonia
Orfeo 55
Nathalie Stutzmann
Deutsche Grammophon 481 0062
Franz Schubert
Abschied D. 957 n° 7 (Schwanengesang)
Nathalie Stutzmann, contralto / Inger Södergren, piano
Calliope 9359
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