Artistes afghans en exil ou la création comme moyen de résistance

Le spectacle "La Valise Vide", mis en scène par Guilda Chahverdi, raconte l'histoire de deux afghans exilés en Iran, qui reviennent sur leurs terres
Le spectacle "La Valise Vide", mis en scène par Guilda Chahverdi, raconte l'histoire de deux afghans exilés en Iran, qui reviennent sur leurs terres - Colas Bruno Isnard
Le spectacle "La Valise Vide", mis en scène par Guilda Chahverdi, raconte l'histoire de deux afghans exilés en Iran, qui reviennent sur leurs terres - Colas Bruno Isnard
Le spectacle "La Valise Vide", mis en scène par Guilda Chahverdi, raconte l'histoire de deux afghans exilés en Iran, qui reviennent sur leurs terres - Colas Bruno Isnard
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Le 15 août 2021, les talibans prennent le pouvoir en Afghanistan, après des mois de combats. Depuis, plus de 100 000 habitants se sont exilés. La metteuse en scène Guilda Chahverdi nous parle de la situation actuelle des artistes afghans, et comment la création leur permet de s'exprimer et résister.

Avec
  • Guilda Chahverdi Metteuse en scène, comédienne, commissaire d'exposition et professeure

C’est un pays où depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021, on brûle des instruments de musique, le cinéma est interdit, les femmes n’ont plus le droit d’aller à l’Université et dont on entend désormais peu parler, l’Afghanistan fait l’objet d’un focus depuis le 8 mars jusqu’au 25 mars avec du théâtre, des performances, des films et même des marionnettes. Parmi les artistes de cette programmation, Guilda Chahverdi est metteuse en scène, comédienne, elle a enseigné le théâtre pendant 15 ans à Kaboul, et a travaillé à l’Institut français d’Afghanistan. Elle présente notamment lors de ce cycle, son spectacle La Valise Vide du 23 au 25 mars.

Avant de parler de artistes en exil, il y a celles et ceux qui sont restés au pays :"Il y a encore beaucoup d’artistes en Afghanistan, mais leur situation est dramatique, ils ne peuvent pratiquer, ils vivent cacher, et leur priorité, c’est avant tout de trouver les moyens de vivre et de manger et la situation pour les femmes est encore plus dramatique." Guilda Chahverdi ajoute : "En apprenant le retour des talibans, ce qui était vital pour les artistes et la population afghane, c'était de les soutenir pour quitter ce climat oppressant car ce sont les artistes qui témoignent de ce qu’est le pays, ce sont eux qui ont la mémoire de la culture et de leurs anciens. Ceux qui comprennent cette histoire et peuvent le transposer pour nous faire sentir ce qu’est ce pays. Au-delà de l’information qui peut parfois circuler, eux ils ont le sensible et c’est fondamental. Ils nous offrent une expérience artistique qui permet à chacun de comprendre un pays."

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D'une page blanche à une autre

Au moment de la prise du pouvoir des talibans, il y a eu un mouvement de grande solidarité envers la population afghane et envers les artistes : "Personne n'a imaginé que les choses allaient basculer d'un coup." Il faut rappeler qu'entre 2001 et 2021, pendant la chute des talibans, la société en Afghanistan s'est développée de manière considérable, la jeunesse a pris le train de la mondialisation, et a avancé avec beaucoup de moyens : "Les artistes se sont emparés des moyens artistiques pour raconter leur pays, comme une page blanche après des années de conflit. Quand tout à coup cette parenthèse s'est refermée, et que le pays s'est aussi fermé sans mouvement possible, il y a eu une sensibilisation des institutions culturelles en Europe pour faire venir ces artistes, dont la France. Et aujourd'hui, leur donner un temps pour s'exprimer, c'est fondamental. et c'était important que ces artistes soient reçus non comme des réfugiés mais comme des artistes à part entière, et pour donner du sens à ce qui avait été entamé."