Le président du Centre National de la Musique Jean-Philippe Thiellay dresse à notre micro un premier bilan des festivals de musique de cet été.
Un bilan très contrasté
Alors que les salles de concert ont peiné à se remplir au cours de l’année, il en va de même en ce qui concerne les festivals : « Les données chiffrées arriveront un peu plus tard parce qu’il y a toujours un temps de récolement des chiffres (…) mais on constate d’ores et déjà le même phénomène » nous indique Jean-Philippe Thiellay. « Certains s'en sortent plutôt bien avec des taux de remplissage élevés, une offre très abondante et des recettes conséquentes mais ces quelques arbres ne doivent pas cacher la forêt : pour la très grande majorité, voire la quasi totalité des 2000 festivals musicaux que compte la France, l'été aura été difficile, avec des baisses de fréquentations importantes et des coûts qui ont beaucoup augmenté ».
« La transition écologique c’est maintenant »
Si ce bilan est très inégal, « il faut tout de même se réjouir du fait que les festivals aient fonctionné normalement et que les artistes aient pu retrouver du public pour la première fois depuis 2019 » précise Jean-Philippe Thiellay. Le dérèglement climatique a également coûté cher à certains festivals de musiques actuelles, déclare Jean-Philippe Thiellay : « Cet été il y a eu des annulations pour canicules (...) pour orages et inondations, parfois avec des festivals qui ont annulé les 3/4 de leurs concerts, c'est un phénomène qui marque vraiment un virage ».
Une réalité économique difficile
Depuis le début de la crise sanitaire, le Centre National de la musique aide financièrement les professionnels du secteurs « On continue à bénéficier, au CNM et dans la profession, des crédits de France Relance, qui nous a accordé presque un demi milliard d'euros pour l'année 2020/21/22 » indique Jean-Philippe Thiellay, « mais ce qui est clair c'est que le quoi qu'il en coûte touche à sa fin. Le budget 2023 du CNM n'a pas encore été voté mais il est bien clair que l'argent public ne pourra pas compenser les pertes ad vitam aeternam ».
Une offre sur-abondante
L’absence de public peut aussi être analysée sous le prisme de la surproduction de produit culturel. En effet, l'offre culturelle semble surdimensionnée par rapport au public disponible : « Pour ce qui est des musiques actuelles (c'est moins le cas en matière de musique classique) on constate une sur-offre, avec parfois des programmations très proches. »
Une transformation du milieu nécessaire
Face à la désertion des salles, le milieu culturel, et particulièrement celui du spectacle vivant, va devoir ainsi se remettre en question : « il faut aussi que les professionnels s'interrogent sur ce qu'ils proposent et ce qu'ils racontent. Avant de mettre en place des dispositifs, à l'automne 2022 et le début de l'hiver 2023, il va falloir mener une vraie réflexion sur le modele économique des festivals. »
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