Les voies Gnawa au Maroc

France Musique
Publicité

"Carnet de voyage" nous transporte, aujourd'hui, physiquement et spirituellement au Maroc. Au cœur des confréries Gnawa entre Essaouira, Casablanca, Marrakech et Fès; la voie Gnawa, mer de connaissances ésotériques et mystiques, avec ses rituels lîla à la tombée de la nuit qui convoquent les esprits et dialoguent avec les êtres invisibles, par la musique, la danse, et la transe. C’est ce monde où les invisibles ont leur place, avec ses codes et ses voies de compréhension que nous dévoile l’ethnomusicologue Jean Pouchelon.

► Les Gnawa

Les Gnawa du Maroc forment une communauté d'adeptes, de prêtres-guérisseurs et de musiciens qui pratiquent une variante du culte populaire des saints teintée d'africanismes. Bien qu'ils s'affilient à la tradition mecquoise notamment par la parenté symbolique avec l'esclave affranchi du prophète Bilal, de nombreux Gnawa ont des origines subsahariennes. Il en résulte un culte "syncrétique" où les références à Dieu et à son prophète côtoient des noms d'esprits noirs africains. Le rituel de prédilection du culte est la "lîla" (la nuit en arabe) où, après une phase liminaire pendant laquelle ne dansent que les musiciens, viennent danser les possédés sur les 7 couleurs de génies qui ont chacune leurs airs musicaux et leurs parfums.
(Jean Pouchelon)

Le maallem Abdeltif chez lui, 2012 - Photo : Jean Pouchelon
Le maallem Abdeltif chez lui, 2012 - Photo : Jean Pouchelon

► Jean Pouchelon

Jean Pouchelon
Jean Pouchelon

Axes de recherche:

Publicité

Jean Pouchelon travaille chez les Gnawa du Maroc depuis une dizaine d’années. Dans son travail de maîtrise (2001), il s’est intéressé au répertoire et à l’identité chez les Gnawa de Fès et d’Essaouira.
A partir de 2003, il a commencé à apprendre les instruments et les danses au sein de la diaspora parisienne. Il joue actuellement dans plusieurs troupes en région parisienne et à Montréal.
Dans le cadre de ses travaux de doctorat, il mène à Marrakech des recherches sur les rapports entre la danse et la musique tels qu’ils évoluent au fil du rituel de possession des Gnawa, depuis les danses des musiciens (à paraître) jusqu’à celles des possédés.
Parallèlement, Jean Pouchelon s’intéresse au Jazz et en particulier à la modélisation des procédés rythmiques et contramétriques tels que ceux que l’on rencontre chez le pianiste Erroll Garner (2009) sur lequel il a commencé à travailler dans le cadre de son DEA (2003).
(Source : CREM-CNRS)

► Lire, voir, entendre Jean Pouchelon

Articles:
• 2012 « Entre deux mondes », Cahiers d’ethnomusicologie, 25 | 2012, 9-23.
[Résumé: Chez les Gnawa du Maroc, le maallem (le maître) est traditionnellement à la fois un bon percussionniste, un bon luthiste, un bon tambourinaire, un bon danseur, un bon chanteur mais aussi celui qui maîtrise le répertoire des danses de possession ainsi qu’un officiant capable de gérer le culte. En quoi le statut de maître a-t-il changé depuis cinquante ans ? Cet article tente de répondre à cette question en envisageant quatre portraits de musiciens gnawa représentant trois générations (–40 ans, +40 ans et +60 ans) et dans trois villes différentes (Paris, Marrakech, Montréal). Il existe bien des différences entre les différents musiciens approchés, mais celles-ci ne sont pas (seulement) dues à leur âge ou leur position géographique. En définitive, il semble que les règles se soient modernisées – comme le culte – mais qu’elles fonctionnent toujours sur l’appartenance au milieu cultuel – et non uniquement sur le niveau musical.] • 2009 « Erroll Garner, Trompe L’oreille : Mise à Jour et Modélisation d’un Élément Stylistique ». De la tête Aux Pieds : le Magazine en ligne des Ateliers du Rythme (33): 16‑34.

Thèses et mémoires:
• 2015 « Les Gnawa du Maroc : intercesseurs de la différence ? » Étude ethnomusicologique, ethnopoétique et ethnochoréologique. Université de Montréal, Université de Paris Ouest Nanterre La Défense • 2001 Gnaoua d’Essaouira et de Fès, Étude comparée. Mémoire de Maîtrise, sous la direction de Jean Lambert. Université Paris Ouest-Nanterre La Défense.

Entrées d'encyclopédie, articles de vulgarisation:
• 2011 « Un aperçu des Gnawa du Maroc et de leur musique ». SONO : Journal des Étudiants de la Faculté de Musique de l’Udem (5).**Page facebook du groupe : ** Salamate Gnawa

► Le fil musical de l'émission

Musique traditionnelle Gnawa - Maroc
Séance de fatha (Enregistré à Moulay Ibrahim)
Mohammed Kuju, tambour soliste
Saïd Kuju, chœur
Hadj Al, officiant
• Aada (Enregistré à Fès, ville nouvelle )
Hamid Dqaqi, tambour
• Hammadi (Concert donné à Massy Palaiseau)
Maalem Abdeltif El Makhzoumi
(son Jean Pouchelon) •* Entretien de Maalem Abdeltif El Makhzoumi*
(son Jean Pouchelon)

• Ftih er-rahba d'Essaouira
Mokhtar Guinia, luth
*• Aada (Enregistré à Fès, * quartier du Mont Fleury )
Troupe d'Hamid Dqaqi
*• Ftih er-rahba * de Casablanca
Hassan Boussou, luth gimbri
• l-kûhal, noirs (Marrakech 2004)
Tayeb Moulay, gimbri et chant
(son Jean Pouchelon)

• Entretien de Tahar Moulay
(son Jean Pouchelon)

• Moussawiyine, bleu / Kati Bala (Tanesloht 2001)
Mustapha Ould Guennawiya, luth
Aiz "Rasta" Arrachi, chant
• Mbwirika (Oudja, nord du Maroc)
Moussa Maalem Ahmed Assakri, luth
• Banja, rouge (Paris XIVème)
Sliman Kouidri, luth
• Bala buderbala (Montréal )
Laghrizmi Fath Allah, luth
(son Jean Pouchelon)

** Ailleurs sur le web **

L'équipe