Franz Liszt a découvert le second Faust de Goethe par la traduction française de Gérard de Nerval et grâce à La Damnation de Faust de son ami Hector Berlioz. Il en a conçu cette puissante symphonie qui résume les états d'âme de Faust et révèle la double nature qui se trouve en chacun de nous. C'est aussi une célébration de l'Eternel féminin. Contemporaine de ce chef-d'oeuvre de Liszt, la Symphonie no 6 du compositeur danois Niels Gade sera la découverte du jour. Autrefois, Gade était très bien considéré par ses pairs et par le public. Mendelssohn et Schumann aimaient et propageaient sa musique. Notre émission s'achèvera avec un extrait de cette Louise de Lammermoor de Gaetano Donizetti que Madame Bovary était aller voir à l'opéra de Rouen, tout au moins le premier acte, puisqu'elle est partie à l'entracte. Le célèbre roman de Flaubert est contemporain des deux oeuvres présentées aujourd'hui.
Un peu d'histoire... quelques évènements contemporains de 1855
C'est l'année de l'Exposition Universelle à Paris, il s'agit de la première exposition universelle française (et la seconde mondiale, la première étant celle de 1851 à Londres) qui se tient à Paris sur les Champs-Élysées, du 15 mai au 15 novembre 1855. Elle accueille plus de 5 100 000 visiteurs. 25 États et leurs colonies y participent. Décidée par un décret de Napoléon III, elle expose des produits agricoles et industriels. Pour accueillir l'exposition, on construit le long des Champs-Elysées un gigantesque édifice, le Palais de l'industrie. Cet immense palais offrait une façade longue de208 mètres ornée d'un grandiose portique en arc de triomphe ouvrant sur une grande nef centrale. La façade, divisée en deux niveaux d'arcades en plein cintre était ponctuée de quatre imposants pavillons d'angle. Avec ses 47 mètres de largeur (108 mètres de profondeur en incluant la Galerie des machines), l'édifice s'étalait sur plus de deux hectares. Il était haut de 35 mètres et comportait 408 fenêtres. Il fut démoli quarante ans plus tard pour laisser place au Petit Palais et au Grand Palais.
Sur les plans de l'architecte Hector Lefuel on édifie pour la même occasion, avenue Montaigne, un Palais des Beaux-Arts. La façade en forme de fer à cheval est de style Renaissance. Là, s'exposent 28 nations, 4 979 œuvres et 2 176 artistes, dont 1 072 artistes français. Ces œuvres sont admirées par un million de visiteurs.
Charles Baudelaire, critique d'art reconnu dans le milieu des Salons, écrit trois articles sur l'Exposition. Ces articles sont réunis dans l'ouvrage posthume Curiosités esthétiques.
La cérémonie des récompenses se termine en musique, le 15 novembre 1855. C'est Hector Berlioz qui dirige l'orchestre. On y interprète des oeuvres de Mozart, Beethoven, Gluck, Rossini et Meyerbeer et la cantate L'impériale qu'il a écrite pour l'occasion. Pour diriger l'orchestre Berlioz utilise pour la première fois en France un métronome électrique :
« J’avais fait venir de Bruxelles un mécanicien à moi connu, qui m’installa un métronome électrique à cinq branches. Par le simple mouvement d’un doigt de ma main gauche, tout en me servant du bâton conducteur avec la droite, je pus ainsi marquer la mesure à cinq points différents et fort distants les uns des autres, du vaste espace occupé par les exécutants. Cinq sous-chefs recevant mon mouvement par les fils électriques, le communiquaient aussitôt aux groupes dont la direction leur était confiée. L’ensemble fut merveilleux. »
Berlioz est d'ailleurs au centre de nos préoccupations aujourd'hui, car c'est bien de son amitié avec Liszt qu'est née la Faust Symphonie.
En cette année 1855 la récolte céréalière est mauvaise et provoque une crise de subsistance. A Paris, on fond les grands magasins Le Louvre et Le Printemps. Publication posthume des Chroniques italiennes de Stendhal. Première publication de Feuilles d'herbe du poète humaniste américain Walt Whitman. Un recueil qui exalte la sensualité, le corps et le monde matériel, tout autant que la Nature et le rôle qui tient tout être humain.
Corot peint Souvenir de Marcoussis, Courbet, L'atelier du peintre, Degas, la Famille Belleli.
Verdi compose Les Vêpres siciliennes et Gounod, La None sanglante. Création du *Concerto no 1 * pour piano et orchestrede Franz Liszt et du Te Deum d'Hector Berlioz.
Naissance d'Ernest Chausson, Anatole Liadov et du chef-d'orchestre Arthur Nikisch.
**œuvres diffusées : **
Franz Liszt
Faust-Symphonie
Werner Krenn, ténor
Choeur Pro Arte de Lausanne
Orchestre de la Suisse Romande
Direction : Ernest Ansermet (1967)
DECCA 433 419
Niels Gade
Symphonie no 6, en sol mineur, op. 32
Orchestre Symphonie National Danois
Direction : Christopher Hogwood
CHANDOS 9795
Gaetano Donizetti
Lucie de Lammermoor (version française)
[Acte I N° 5 Scène & duo : Sur la tombe de mon père... ]
Edgard : Roberto Alagna, ténor
Lucie : Natalie Dessay, soprano
Orchestre de l'Opéra de Lyon
Direction Evelino Pido
VIRGIN CLASSICS
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