Luca Marenzio : Premier Livre de madrigaux (1580)

France Musique
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La fin de la Renaissance italienne a inventé le madrigal qui allait bientôt devenir la source de l'opéra avec Peri et Monteverdi. Marenzio est un des plus grands représentants de ce genre dans l'histoire de la musique. Son influence sur les compositeurs postérieurs allait être considérable. Près de 500 compositions sont parvenues jusqu'à nous. Pendant sa dernière décennie, il a non seulement écrit une musique sérieuse et sombre, mais a expérimenté le chromatisme expressif d'une façon audacieuse, surpassé seulement par Gesualdo.

œuvres diffusées :

Luca Marenzio
Premier Livre de madrigaux à 4 voix (1580)
Rossana Bertini, soprano
Claudio Cavina, alto
Giuseppe Maletto, ténor
Sergio Foresti, basse
Mara Galassi, harpe simple et harpe double
Andrea Damiani, luth
Concerto Italiano
Direction : Rinaldo Alessandrini
OPUS 111 OPS 30-118

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Thomas Luis de Victoria
Officium Hebdomadae Sanctae (1585)
La Stagione Armonica
Direction : Sergio Balestracci
TACTUS

Andrea Gabrieli
Preambulum primi toni
Ricercar del primo tuono alla quarta alta
Ricercar sopra Pour ung plaisir

Glen Wilson, clavecin
NAXOS 8.572 198

Un peu d'histoire... quelques évènements contemporains de 1580

Le premier mars, Michel de Montaigne, dans sa tour-bibliothèque, qui se visite aujourd'hui encore, signe l'avant-propos de la première édition de ses Essais :

« C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Je veux qu’on m’y voie dans ma façon d’être simple, naturelle et ordinaire, sans recherche ni artifice : car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y liront sur le vif, ainsi que ma manière d’être naturelle, autant que le respect humain me l’a permis (…) Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : il n’est pas raisonnable que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole. Adieu donc, de Montaigne, ce 1er mars 1580. »

Il complètera son oeuvre majeure pendant le reste de sa vie ; attentif à se montrer en perpétuel devenir : « Je ne peins pas l’être, je peins le passage, non un passage d’un âge à un autre, mais de jour en jour, de minute en minute. * » Il est alors bien conscient de la portée de son projet : en s’étudiant pour se faire connaître, il fait connaître ses lecteurs à eux-mêmes. « Si les gens se plaignent de ce que je parle trop de moi, moi je me plains de ce qu’ils ne pensent même pas à eux-mêmes.* »

Cette période magnifique de la Renaissance, cet âge d'or de la pensée humaine, est mise à mal par les guerres de religion. En cette année 1580, c'est la septième guerre du genre en France. Henri de Navarre, le futur Henri IV, reprend Cahors. Traité de Plessis-lez-Tours : le duc d'Anjou accepte le titre de souverain héréditaire des Pays-Bas. Le Rhône déborde à Avignon et à Arles. Dégradation de la situation économique dans ces années 1580. Les investisseurs se désintéressent des activités à risque, comme le commerce maritime, devenues moins lucrative, pour placer leur argent dans la rente foncière ou mobilière. Les destructions et pillages aggravent la situation. Les mouvements de troupes favorisent la propagation des épidémies. Première pandémie de grippe connue. Partie d'Asie, elle se répand en Europe et en Amérique.

Partout en France les loyers s’effondrent et les prix s’envolent.

Le 25 août, c'est la bataille d'Alcántara. Le roi Philippe II d'Espagne hérite de la couronne du Portugal, qu'il envahit pour le réunir à l'Espagne. Cet événement marque jusqu'en 1640, une période d'union des deux royaumes.
Vers 1580, un médecin allemand de retour d'un voyage de dix ans au Moyen-Orient, Leonhard Rauwolf, est le premier Occidental à décrire un nouveau breuvage, le café : « une boisson aussi noire que l'encre, utile contre de nombreux maux, en particulier les maux d'estomac. Ses consommateurs en prennent le matin, sans se dissimuler, dans une coupe en porcelaine qui passe de l'un à l'autre et où chacun prend une rasade sonore. Elle est composée d'eau et du fruit d'un arbuste appelé bunnu ». Ces commentaires attirent vite l'attention de marchands, toujours en quête de nouveaux débouchés économiques depuis l'expérience du commerce des épices. On conseille au pape Clément VIII d'interdire le café car il représente une menace d'infidèles. Après l'avoir goûté, le souverain pontife baptise au contraire la nouvelle boisson, déclarant que laisser aux seuls infidèles le plaisir de cette consommation serait dommage. Le café est très vite prisé des moines pour les mêmes raisons qu'il l'est des imams : il permet de veiller longtemps et de garder l'esprit clair. C'est donc à un pape que l'on doit la tradition du café en Italie où il reste un des meilleurs au monde.

A Vicenza, Palladio commence la construction du fameux Théâtre olympique (Teatro Olimpico), quelques mois seulement avant sa mort. C'est son disciple Vincenzo Scamozzi, qui terminera la construction de ce bijou encore intact et couramment utilisé de nos jours.
Torquato Tasso, dit Le Tasse pour les Français, écrit La Jérusalem délivrée, Bernard Palissy, Discours admirable de la nature des eaux et des fontaines, alors que Montaigne, nous l'avons vu, publie la première version de ses Essais. Le Greco peint Saint Maurice et la légion thébaine et de nombreuses peintures pour l'Escurial, Véronèse termine Suzanne et les vieillards et Tintoret sa Danaé.

A Brescia le luthier Gasparo da Saló fabrique un nouvel instrument, le violon. A Rome, Palestrina dirige la musique à Saint-Pierre de Rome. Grâce à son mariage avec une riche veuve, il peut vivre confortablement tout en composant avec profusion jusqu'à l'âge, vénérable pour l'époque, de 68 ans.