La politique culturelle des Hauts-de-France

La politique culturelle des Hauts-de-France
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Après avoir réalisé un tour des régions, Antoine Pecqueur notre chroniqueur nous parlera aujourd’hui de la région Hauts-de-France et nous éclairera sur la politique de son président Xavier Bertrand, sur le plan culturel.

Xavier Bertrand est un peu l’anti Laurent Vauquier : ils appartiennent au même partit des républicains, sont tous deux présidents de région, mais ont des points de vue diamétralement opposés. A la mi-septembre, Xavier Bertrand critiqua avec fermeté la pétition anti migrant lancée par M. Vauquier. Sur le thème de la culture la situation est identique : alors que M.Vauquier diminue les subventions dans la région Rhône-Alpes-Auvergne, Xavier Bertrand lui, dans les Hauts-de-France augmente le Budget. Il veut faire passer d’ici la fin de mandat le budget culture de 70 millions à 100 millions d’euros. Au-delà des chiffres, c’est le discours qui est intéressant. Xavier Bertrand était cet été au Festival d’Avignon où il participait à une table ronde sur la politique culturelle. D’emblée, il expliquait que pour lui, le combat à mener contre le Front National, contre le populisme, doit passer par la culture, on se rappelle qu’au second tour dans les Hauts de France, le FN avait fait 42% des voix, la liste était conduite par marine le Pen. Mais surtout, à Avignon Xavier Bertrand insistait, chose rare chez un politique de droite, sur le fait que la culture ne doit pas être réduite à son seul impact économique : « Cela fait rentrer la culture dans une dimension très utilitariste. Le risque à terme est que les décisions et les soutiens aux acteurs culturels locaux soient uniquement en fonction de la création d’emplois ou des retombées économiques. Et on aura perdu ce qui en fait la différence, la dimension purement culturelle. » Soit, comme il apparait clairement, dans les Hauts de France les artistes sont à la fête.

On en vient à se demander ce qu’il en est plus spécifiquement en matière de musique classique.

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Les Hauts-de-France est la réunion de deux anciennes régions, le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, hors ces deux régions possèdent chacune un orchestre. La réforme territoriale allait-elle engendrer une fusion des structures ? Au contraire, les deux orchestres ont signé un PACT (Protocole d’Action de Coopération Territoriale). Ce sigle signifie une coordination et une complémentarité des programmes. Pour autant, tout n’est pas rose car ces deux orchestres traversent d’importantes mutations. A la fin septembre, c’était la passation de pouvoir à l’Orchestre National de Lille entre Jean Claude Casadesus et son successeur, le jeune Alexandre Bloch. Il est rare en France de miser sur un jeune chef Français. Néanmoins, l’orchestre a été tellement associé à Jean Claude Casadesus, qui en fût le chef pendant 40 ans, que l’arrivée d’un nouveau directeur musical est un moment forcément délicat pour maintenir le lien avec le public. Et à l’orchestre de Picardie, c’est la directrice générale, Rose Bardonnet Lowry qui s’en va. L’orchestre est donc en phase de recrutement, le nouveau manager aura fort à faire. Il devra repenser le positionnement artistique de l’orchestre, qui est une formation Mozart et qui a donc pour concurrent, sur les mêmes répertoires, tous les ensembles sur instruments anciens. Cela passera sans doute et on l’espère par le recrutement d’un nouveau chef, c’est actuellement Arie van Beek qui officie au pupitre. Enfin, on notera que la région n’est pas très riche en ensemble spécialisé, hormis le concert d’Astrée d’Emmanuelle Haïm qui est lui principalement adossé à l’Opéra de Lille. Ce dernier, dirigé par Caroline Sonrier, mérite assurément le label Opéra National, pour sa programmation innovante, risquée. Il ne faudrait pas que ce label, sous les pressions syndicales, soit défini uniquement en fonction des équipes artistiques permanentes. Un opéra qui fonctionne avec les ensembles spécialisés est tout aussi louable.

Même si le contexte économique est favorable, les Hauts de France vont connaitre des prochains mois mouvementés, musicalement parlant. Politiquement aussi, on ne sait pas encore quel candidat va soutenir Xavier Bertrand dans la primaire de la droite. Cependant, un petit indice nous éclaircie, c’est à Lille qu’Alain Juppé donnera son dernier meeting, ce sera le 18 novembre à 48h du premier tour de la primaire.

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