Ce matin notre chroniqueur Antoine Pecqueur revient sur la réouverture de la salle Pleyel à la fin du mois. C’est l’occasion de se pencher sur les nouveaux enjeux de la salle qui a désormais un public à (re)conquérir.
Elle était le symbole du répertoire classique mais avec le projet de Philharmonie, il a fallu la repenser pour ne pas cannibaliser l’audience du nouvel Auditorium. Ainsi, les prérogatives de la salle Pleyel ont dû être redéfinies en accord avec le Ministère de la Culture : pas de musique classique pour le prochain repreneur de l’établissement à la façade classée, mais bien de la musique actuelle. Néanmoins, avant la question de sa programmation future c’est bien à un imbroglio judiciaire mêlant moeurs et argent auquel l’avenir de la salle a été lié. En 1998, l’homme d’affaires Hubert Martigny et sa compagne, la chef d’orchestre Carla Maria Tarditi, rachètent la Salle Pleyel et en négocient les bails à louer avec le Ministère et la Cité de la Musique. En 2009, le couple divorce et c’est le début d’une romanesque saga judiciaire : Hubert Martigny, actionnaire majoritaire, décide seul de vendre Pleyel pour 60,5 millions d’euros à la Cité de la Musique qui en était locataire depuis 2006 (elle aurait dû en être la propriétaire en 2056 pour un euro symbolique suite à son bail). Son épouse intente une action en justice pour annuler la vente, y étant opposée, mais c’est la Cité de la Musique qui remporte la bataille juridique.
Il y a eu ensuite la question du repreneur et les candidats ne manquaient pas : Lagardère, Universal, MK2… C’est finalement Fimalac (la société holding fondée par milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière) et sa branche *entertainment * qui est choisie. Fimalac était déjà connu pour ses lieux de spectacles (le groupe possède déjà le théâtre Marigny, celui de la Porte Saint-Martin, le Comédia) et une société de production (Auguri, qui gère notamment la carrière de Thomas Dutronc et de Vanessa Paradis). La société a choisi Aurélien Binder (anciennement à la tête du Zénith de Lille) comme directeur d’exploitation.
L’identité sonore de la salle change, tout comme son architecture. D’importants travaux ont été réalisés depuis l’automne dernier, les places derrière la scène ont disparu, permettant à cette dernière de reculer et la jauge passe ainsi de 1800 à 2000 places (voire 2500 spectateurs en configuration de fosse). Il a fallu également repenser l’acoustique et amortir le son pour les musiques amplifiées.
Les nostalgiques du Pleyel façon classique pourront se consoler en se disant que, même si la salle était grandement appréciée par Le Corbusier, elle n’offrait pas une acoustique optimale contrairement à la promesse du nouveau complexe de l’Ile Seguin.
Le premier des 200 levers de rideaux attendus cette année sera marqué par Benjamin Bioley, le 23 septembre. Le défi reste de taille pour ce Pleyel nouveau cru qui devra trouver son public et s’assurer de bonnes relations de voisinage avec ses ex-admirateurs du 8ème arrondissement…
♫ Benjamin Biolay
Hollywood Palermo
Barclay
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