Arrangements pour orchestre de Luciano Berio par Riccardo Chailly

Ce disque reflète assez bien la capacité de Berio à voyager à travers les histoires, la musique et les oeuvres des autres… Ce grand compositeur de l’après-guerre, souvent assimilé à la génération sérielle, longtemps obnubilée par la Tabula rasa (le fait de recommencer à partir de zéro). Il est vrai qu’il en a repris des idées mais ce compositeur a toujours eu un rapport au passé très fort malgré tout. Il s’est en effet plié de bonne grâce à l’exercice de transcription ou de réécriture (comme pour le final de Turandot de Puccini), d’orchestration (comme pour l’ultime contrepoint de l’Art de la Fugue ou la Sonate de clarinette de Johannes Brahms) ou de conception (comme pour la musique Nocturne des rues de Madrid de Boccherini, pour laquelle il a eu l’idée d’en superposer toutes les versions).

Ce disque se distingue également par la collaboration entre Berrio et Chailly, qui en 1990 a créé Rendering, au départ une symphonie inachevée en ré majeur, la dernière de Franz Schubert, dont certains passages sont complets puis d’autres à peine ébauchés. Berio a rempli les vides, restauré cette oeuvre, mais l’a aussi réinterprétée dans son propre langage : un résultat originalement beau par le regard d’un compositeur du 20ème siècle sur un prédeccesseur.

Disque de légende : Portrait discographique de Maria João Pires