Le Concerto pour piano n°1 de Brahms par Fritz Reiner et Arthur Rubinstein

Il y a 70 ans, les deux grands labels américains étaient CBS et RCA. Le premier avait pris le lead en imposant le microsillon. RCA ne voulut pas rater le virage de la stéréo, et réalisa donc très tôt des enregistrements dans cette technologie alors très innovante… Stokowski et Charles Münch furent parmi les premiers requis pour ces expériences, mais les résultats ne furent pas jugés à la hauteur. Le 17 avril 1954, les techniciens de RCA se rendent à Chicago avec leur tout nouveau directeur musical arrivé l’année précédente : Fritz Reiner.

Au piano, la star Arthur Rubinstein est alors âgé de 67 ans. Les répétitions commencèrent dans une ambiance glaciale. Reiner avait déclaré que Chopin était un compositeur efféminé, et probablement homosexuel – ce que Rubinstein, polonais de naissance, n’avait pas apprécié… Seulement, il arrive que la musique se glisse entre des gens qui n’ont aucune envie de s’aimer, et c’est le cas avec cette version lyrique, implacable et incandescente de ce Concerto n°1 en ré mineur de Johannes Brahms.