Orpheus Chamber Orchestra ou la démocratie musicale (1/5)

Peu croyaient ça possible et pourtant ! Voilà des années que l'Orpheus Chamber Orchestra tient debout et sans chef. Eh oui ! C'est en 1972 qu'un groupe de jeunes artistes, poussé par le violoniste Julian Fifer, crée cet orchestre et choisit la démocratie comme modèle. Tous les membres travaillent ensemble et alternent les rôles de direction. Le premier violon est différent à chaque représentation et en fait souvent un peu plus que les autres pour être remarqué. Ce qui donne place à des représentations pleine de caractère.

Les musiciens ont remporté un Grammy Award, ont tourné dans une quarantaine de pays et ont travaillé avec de grands solistes. Impossible sans chef disaient-ils ?Le modèle démocratique de l'orchestre s'étend au delà des salles de concert. En effet, l'Orpheus est à l'initiative d'éducation et d'engagement communautaire visant à favoriser l'équité et l'accès aux arts pour les auditeurs à travers le monde et tous âges confondus. Leur mission : créer d'extraordinaires expériences musicales qui enrichissent les vies et responsabilisent les individus grâce à la collaboration, l'innovation et une passion pour l'excellence artistique.

Cela reflétait l’époque, animée en partie par les valeurs anti-establishment des protestations contre la guerre au Vietnam. […] Orpheus a été créé à une époque où les coopératives alimentaires et la vie en communauté étaient en vogue. Ces préceptes sociaux ont fortement influencé l’approche coopérative de l’ensemble, qui a toutefois mis des années à se formaliser et à se systématiser.
Julian Fifer

Depuis ses débuts, l'orchestre a enregistré plus de 70 albums et Deutsche Grammophon lui a également consacré un coffret de 55 disques paru en août dernier. La discographie est donc considérable, on note les enregistrements d'oeuvres de Vivaldi, Haydn, Mozart, Ravel, Fauré ou encore Stravinsky pour ne citer qu'eux.

L'image des orchestres est bien souvent associée à celle du chef qui le dirige alors décider de faire sans, certains ont vu ça comme une utopie. Pourtant, l'Orpheus Chamber Orchestra continue, année après année, à s'ancrer dans la réalité. Il a même ouvert la voie, de plus en plus de formations sans chef voient le jour en France comme ailleurs. Et puis, n'oublions pas qu'à l'époque baroque, Mozart et Haydn dirigeaient souvent souvent leurs oeuvres depuis le violon. L'Orpheus Chamber Orchestra, un idéal, une utopie, un fantasme ? Peut-être oui mais surtout un vent frais, loin des schémas institutionnalisés. Un pari réussi.