Rentier célèbre et vagabond de luxe, Tourgueniev reste un homme de passage. Le plus européen des poètes russes a besoin de son pays et de sa langue pour écrire. Mais la voix de Pauline Viardot, et son amour pour elle, enchantent les heures de cet exilé volontaire.
Né le 9 novembre 1818, Ivan Tourgueniev fils d’un lieutenant –colonel des cuirassiers de la garde du Tsar passe son enfance dans la propriété de sa mère, Spasskoié-Loutovinovo.
Ivan Tourgueniev un « aimable barbare »
Situé à 65 km d’Orel, près de la ville de Mtsensk. Spasskoié est le laboratoire de création d’Ivan. Dans la bibliothèque familiale, il découvre les auteurs classiques russes du XVIIIè siècle et les écrivains français du siècle des Lumières. Durant l’année 1822, la famille accomplit un grand voyage en Europe : Allemagne, Suisse, et en France dont 6 mois à Paris. Ce long périple vécu durant l’enfance est sans doute à l’origine de son goût pour les voyages.
En 1834, suite à la mort de son père et ses débuts à l’université, le jeune homme gagne Saint-Pétersbourg. Passionné de littérature, influencé par ses lectures de Pouchkine, et de Byron, il écrit alors ses premiers poèmes et quelques récits pour des revues. Le grand critique Biélinsky apprécie beaucoup son poème Paracha qui marque dès lors le début de sa carrière littéraire. En 1839, ses derniers examens réussis, il décide de retourner à Spasskoié mais il lui faut échapper à la prison dorée de sa mère et Ivan Tourgueniev entreprend l’année suivante son Grand Tour en Italie.
A Rome, le jeune homme est impressionné par l’ampleur des ruines antiques, la théâtralité des splendeurs baroques et fréquente la colonie russe. Son voyage se poursuit à Naples, Pompéi, Capri et Sorrente, où il situe plus tard sa comédie Un soir à Sorrente. Sur le chemin du retour, Tourgueniev s’arrête au lac Majeur, traverse les Alpes puis gagne Leipzig et Berlin.
Rentré en Russie, Ivan Tourgueniev passe l’été à lire et à chasser la bécasse dans le domaine familial qui lui rappelle le premier acte d’Eugène Onéguine avec sa fête des moissons et ses confitures.
Le plus européen des poètes russes
En octobre 1843, il tombe amoureux d’une des plus grandes cantatrices de son temps. Au cours d’une chasse près de Saint-Pétersbourg, Tourgueniev fait la connaissance de Diego Garcia, directeur de l’Opéra italien de Paris, et de sa jeune épouse, Pauline Viardot. Le jeune homme subjugué par cette artiste très courtisée mais attachée à un mari complaisant, décide de la suivre à Paris. Tourgueniev passe six mois au château de Cortavenel en Seine et Marne chez ses nouveaux amis dont il partage la vie de famille. Puis Tourgueniev retourne en Russie où il initie une correspondance avec Pauline qui durera plus de quarante ans.
En Janvier 1847, Tourgueniev retrouve son égérie à Berlin. Pauline chante le rôle de Valentine de Saint-Bris dans les Huguenots de Meyerbeer. Puis il décide de s’installer à Paris dans un appartement proche de l’Opéra. Il fréquente alors Michelet, George Sand, Herzen et Bakounine. Les journées sanglantes du mois de juin 1848 qui font suite à la révolution du mois de février, encouragent Tourgueniev à partir se réfugier à Cortavenel auprès de son « ange bien-aimé ».
En 1850, il repart pour la Russie. Ce sera le dernier séjour prolongé de l’écrivain sur le territoire russe. Son retour sur la terre natale n’est pas sans difficulté. Varvara Touguénieva, mère d’Ivan, meurt en novembre 1850. Ivan Tourgueniev hérite alors du domaine de Spasskoïé. Et devient un riche propriétaire terrien. Mais le royaume répressif de Nicolas II et la censure qu’il opère fait une grande impression sur l’écrivain. La menace exercée sur les universités met les intellectuels dans une situation intenable. Tourgueniev est pris dans les filets de la police.
Entre 1850 et 1856, Tourgueniev effectue un véritable plongeon dans la vie russe. Une vie qu’il était en train d’oublier dans son repli européen. Ce dernier séjour en Russie est alors placé sous le signe du renouveau. Lorsqu’il reprend la route vers l’Europe en été 1856, Tourgueniev est un riche propriétaire terrien doublé d’un écrivain de renom, auteur de plusieurs œuvres littéraires reconnues, Les Mémoires d’un chasseur en premier lieu.
Rentier célèbre et vagabond de luxe, Tourgueniev reprend la route de l’Italie 17 ans après son premier voyage d’étudiant. A Rome, il arpente les galeries vaticanes. Dans ce pays si différent du sien, il commence Un nid de gentilshommes, livre émouvant qui le ramène au cœur de sa Russie bien-aimée. Et aux lendemains de l’abdication de Napoléon III suite à la capitulation de Sedan, il installe son propre nid de gentilshommes dans un hôtel particulier de la rue de Douai aux côtés de la famille Viardot.
La voix de Pauline, et son amour pour elle, enchantent les heures de cet exilé volontaire, de ce doux géant, jusqu’à sa dernière heure du 22 août 1883.
Programmation musicale
Alexandre Aliabiev
Le Rosssignol
I Salonisti (orchestre)
Decca 425214-2
Mikhaïl Glinka
Ivan Soussanine (Une vie pour le Tsar) : Danses (Acte II)
Orchestre de l'opéra national de Belgrade
Oskar Danon (direction)
Decca 4826924
Franz Liszt
Années de pèlerinage 2èmes années Italie S 161 : Après une lecture de Dante : Piu tosto
Alfred Brendel (piano)
Vox
Pauline Viardot
Vieille chanson
Reto Kuppel (violon)
Wolfgang Manz (piano)
Naxos 8573749
Pauline Viardot
Tristesse
Reto Kuppel (violon)
Wolfgang Manz (piano)
Naxos 8573749
Mikhaïl Glinka
Septuor pour hautbois basson cor 2 violons violoncelle et contrebasse en Mi bémol Maj : 2. Adagio ma non tanto
De Bezetting Speelt (ensemble musical)
Etcetera KTC1572
Giacomo Meyerbeer
Les Huguenots : Danse bohémienne (Acte III) (instrumental)
Orchestre philharmonique de Montpellier
Cyril Diederich (direction)
Musifrance 2292-45027-2
Anton Rubinstein
Le démon : Choeur "La nuit" (Acte I Sc 3)
Orchestre du théâtre du Bolchoï
Choeur de théâtre du Bolchoï
Andrei Tchistiakov (direction)
Chant du monde LDC 288022
Vincenzo Bellini
Norma : Casta diva (Acte I Sc 3) Air de Norma
Orchestre de la radio télévision de Saint-Petersbourg
Olga Makarina (soprano)
Stanislav Gorkovenko (direction)
Romeo Records 7217
Alexandre Aliabiev
Sonate en mi min : Adagio cantabile
Trio Beethoven de Bonn
Mikhail Ovrutsky (violon)
Rinko Hama (piano)
Avi-Music 8553338
Pauline Viardot
Soirée calme et chaude n°4
Ina Kancheva (soprano)
Ludmil Angelov (piano)
Toccata Classics TOCC0303
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation