La Rose blanche défie le nazisme

Hans & Sophie Scholl / Monument de la Résistance Weisse Rose à Munich. Geschwister -Scholl Preis 2018.
Hans & Sophie Scholl / Monument de la Résistance Weisse Rose à Munich. Geschwister -Scholl Preis 2018. ©Getty
Hans & Sophie Scholl / Monument de la Résistance Weisse Rose à Munich. Geschwister -Scholl Preis 2018. ©Getty
Hans & Sophie Scholl / Monument de la Résistance Weisse Rose à Munich. Geschwister -Scholl Preis 2018. ©Getty
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« Nous nous dressons contre l’asservissement de l’Europe par le national-socialisme, dans une affirmation nouvelle de liberté et d’honneur ». Ainsi se termine l’ultime tract de La Rose blanche. Groupe de résistance fondé par deux étudiants en médecine de l’université de Munich entre 1942 et 1943.

Hans Scholl, Sophie Scholl, Christoph Probst, Alexander Schmorell et Willy Graf, jeunes étudiants de l’université de Munich sont indignés par le régime nazi et refusent d’accepter le totalitarisme dans lequel a sombré l’Allemagne.  

Ils alertent leur professeur Kurt Huber de la situation politique.  Huber  a toujours été un fervent défenseur de la musique allemande et plus particulièrement bavaroise ce qui lui vaut le soutient des nazis dans ses recherches. Il adhère au parti nazi en 1940 mais face aux alertes de ses étudiants, il se joint à eux et contribue à l’écriture des tracts. Il devient dès lors le mentor du groupe La Rose Blanche et l’un des seuls professeurs en Allemagne à combattre activement le régime Nazi.  

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En juin 1942, ces étudiants se décident à agir et appellent tous les étudiants de Munich à la résistance contre le régime nazi, qualifié de « dictature du mal ». Ils sont le premier groupe de résistance intérieure. La culture est un élément essentiel de la résistance de la Rose Blanche. Pour eux, les intellectuels ont un rôle spécifique à jouer dans la situation où se trouve l’Allemagne.  
En moins de quinze jours, Hans Scholl et Alexander Schmorell rédigent quatre premiers tracts d’une série de six. Tous sont d’une haute tenue  littéraire  et philosophique.    

Ainsi peut-on lire dans le premier tract rédigé fin Juin 1942 : «  Le peuple allemand selon Goethe relève d’une essence tragique. Comparable à celle des Grecs ou des Juifs ». Relevons l’importance d’une telle citation sous Hitler. Et de poursuivre : « Aujourd’hui il ressemble plutôt à un troupeau d’hommes lâches sans volonté obéissant à tous les maîtres prêts à se laisser mener à l’abîme (…) Où que vous soyez, organisez une résistance passive, et empêchez que cette grande machine de guerre athée continue de fonctionner. (…) N’oubliez pas que chaque peuple mérite le gouvernement qu’il tolère ».

Entre le 27 et le 29 janvier 1943, lorsque la bataille de Stalingrad atteint son paroxysme, les étudiants rédigent avec leur professeur Kurt Huber le cinquième tract de La Rose Blanche alors intitulé « Appel à tous les Allemands ». A la différence des précédents rédigés à l’attention des intellectuels, ce cinquième tract est pour l’ensemble de la population allemande comme un appel au sabotage. Fer de lance de toute résistance passive. Fort de propositions politiques, il nous permet déjà d’entrevoir la vision allemande pro-européenne de l’après 1945.  

Ils collectent aussi du pain pour des détenus de camps de concentrations et s’occupent de leurs familles. Les actions de la Rose Blanche sont prises en exemple à partir de janvier 1943 par des intellectuels du sud de l’Allemagne et de Berlin.  

Le 18 février 1943, alors que Hans Scholl et sa sœur Sophie lancent des centaines de leur sixième tract dans la cour intérieure de l’université de Munich, ils sont surpris par le concierge de la faculté. Ce dernier fait immédiatement fermer toutes les issues. Aussitôt arrêtés et livrés à la Gestapo, ils sont emprisonnés à la prison de Stadelheim. Hans et Sophie sont interrogés et torturés. Christopher Pobst est lui aussi arrêté. Puis le 22 février, après un simulacre de procès de trois heures, ils sont condamnés à mort pour trahison puis immédiatement guillotinés. Leurs appels au ressaisissement éthique des consciences allemandes sont considérés par les nazis comme un crime politique majeur.  
Ce 22 février 1943, avant de mourir, Sophie Scholl s’écrie : « On ne tue pas la liberté ! »
Alexander Schmorell, Willi Graf et le professeur Kurt Huber sont à leur tour exécutés en avril 1943. Puis à l’automne 1943, le réseau de Hambourg est lui aussi démantelé par la Gestapo.  

Dix autres membres de La Rose Blanche, amis des Scholl et étudiants des universités d’Ulm et de Sarrebruck sont envoyés en camp de concentration où ils paieront aussi de leur vie leur participation aux activités du mouvement.  

En 1967, le compositeur allemand Udo Zimmermann, né huit mois après l’exécution des Scholl, compose une première version de l’opéra « La Rose Blanche ». Ou la dernière heure de vie de deux condamnés à mort.…  

Pour notre mémoire.

Programme musical

Udo Zimmermann Die weisse Rose (La Rose blanche) Intégrale
Gabriele Fontana, soprano
Lutz Michael Harder, ténor
Orchestre nn
Udo Zimmermann, direction
ORFEO

Pour aller plus loin :
Lien vers la Fondation Rose Blanche

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