Stendhal et les sons de son âme

Stendhal et le théâtre de la Scala
Stendhal et le théâtre de la Scala
Stendhal et le théâtre de la Scala
Stendhal et le théâtre de la Scala
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Toute sa vie, Stendhal a l’illusion d’être un musicien manqué s’étant dirigé fortuitement vers les lettres… Un soir de mai 1800 alors qu’il vient de franchir les Alpes au col du Grand Saint-Bernard, il découvre, émerveillé et séduit, l’Italie de ses rêves, et le monde de l’opéra...

Toute sa vie, Stendhal a  l’illusion d’être un  musicien manqué s’étant dirigé fortuitement vers les lettres… « Le hasard, a-t-il écrit dans la vie de Henry Brulard_, a fait que j’ai cherché à noter les sons de mon âme, par des pages imprimées._ »

La découverte d’un nouveau monde

Pour Henri Bayle, futur Stendhal, la révélation du vrai plaisir musical surgit lors d’une représentation du mariage secret du compositeur italien Cimarosa. Un soir de mai 1800 alors qu’il vient de franchir les Alpes au col du Grand Saint-Bernard en poule mouillée complète avoue-t-il… Il découvre, émerveillé et séduit, l’Italie de ses rêves, et le monde de l’opéra.

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Nommé sous-lieutenant au 6è  dragons, promu aide de camp du général Michaud en février 1801, Beyle profite de son séjour  milanais pour fréquenter le théâtre de la Scala où se scelle sa passion pour la musique, son admiration pour les divas et son désir d’apprendre la clarinette. « Vivre en Italie et entendre de cette musique devint la base de tous mes raisonnements » confie-t-il. En 1802, il retrouve la vie civile et fasciné par le théâtre et les actrices, Henri vagabonde en France entre Paris, Grenoble et Marseille. Il fréquente les salons où l’on fait de la musique tout en discutant des doctrines nouvelles. Bientôt, Rossini, le compositeur en vogue fraîchement débarqué d’Italie fait triompher l’opéra italien sous la Restauration.  Le champion d’un art moderne encourage les tentatives littéraires d’un jeune Romantisme en quête de lui-même. L’opéra est dès lors un objet de réflexion privilégié pour le futur auteur de la Chartreuse de Parme. Un roman comme un opéra moins les notes peut –on lire. Où les personnages se répartissent les emplois du répertoire lyrique. Une distribution en actes et tableaux. L’expression même des passions qui échappe au registre littéraire. Une écriture harmonique et fuguée où les leitmotives s’entrelacent…Tout y est : Stendhal parvient dans sa Chartreuse à la fusion tant recherchée.

Remarqué pour ses qualités d’intendant lors de la campagne d’Autriche, il est nommé auditeur au Conseil d’Etat puis inspecteur du mobilier impérial, et repart ainsi pour un congé de deux mois en Italie. Henri quitte Paris en diligence et arrive le 7 septembre 1811 à Milan.  Il y retrouve les plaisirs de sa jeunesse et la douceur de vivre de la capitale du nouveau royaume d’Italie que dirige Eugène de Beauharnais. Beyle entreprend alors son Grand Tour qui le conduit à Bologne, Florence, Rome et Naples où règnent Mura et Caroline Bonaparte. Il sillonne alors la capitale animée comme une scène de théâtre, écoute la Vestale de Spontini au teatro San Carlo. « A force d’être heureux, à la Scala », dit-il, « j’ai l’impression d’être devenu une espèce de connaisseur. »

Stendhal amoureux de la musique

De retour en France, trois fois par semaine entre 1811 et 1813, il revient de Saint-Cloud à Paris, tout exprès pour écouter, ne fût-ce qu’un acte, du Matrimonio segreto, qu’il se vante d’avoir écouté une centaine de fois. N’est –elle pas pour Stendhal l’œuvre où l’amour est peint supérieurement et dans toutes ses nuances ?

Mais peu à peu, celui qui pénètre définitivement son cœur pour n’y plus s‘y déloger est le jeune maître de Salzbourg. Dans une de ses Lettres sur Haydn, il le définit comme le génie de la douce mélancolie. « Mozart n’amuse jamais, dit-il, c’est comme une maîtresse sérieuse et souvent triste, mais qu’on aime davantage, précisément à cause de sa tristesse. » Pour Stendhal, il n’y a aucun ouvrage de littérature qui peut lui procurer un aussi vif et aussi complet plaisir que Don Juan.

La musique comme source d’imagination

Stendhal attend de la musique qu’elle suscite en nous des rêveries, des émotions et qu’elle dispose l’âme aux « passions tendres ». Son imagination est à ce point stimulée par la musique qu’il se prend à penser que s’il venait à la perdre, il perdrait peut-être en même temps son goût pour la musique. « La bonne musique ne se trompe pas et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore. » Mais déjà pour Stendhal avant Baudelaire, les sons et les couleurs se répondent. Les sons d’une flûte évoquent les draperies bleu d’outre mer des toiles de Carlo Dolci. Un paysage, est un archet qui joue sur l’âme.  « Comme de la musique de Mozart » confie Madame Derville dans le Rouge et le Noir…

Programmation musicale

Gioacchino Rossini
Le Barbier de Séville : Ecco ridente in cielo
Orchestre de la radio de Munich
Chœur de la radio Bavaroise
Miguel Gomez-Martinez (direction)
Sony 828768042922

Domenico Cimarosa
Il matrimonio segreto : Il matrimonio segreto
Orchestre de chambre anglais
Daniel Barenboim (direction)
DGG 437696-2

Wolfgang Amadeus Mozart
L’Ouverture des Noces de Figaro
Orchestre de chambre d'Europe
Yannick Nezet-Seguin (direction)
DGG 4795945

Wolfgang Amadeus Mozart
Les Noces de Figaro : Air du Comte Acte III Vedro mentr’io sospiro
Thomas Hampson (Le Compte Almaviva)
Orchestre de chambre d'Europe
Yannick Nezet-Seguin (direction)
DGG 4795945

Joseph Haydn
La Création : Auf Sharken Fitiche
Orchestre philharmonique de Berlin
Igor Markevitch (direction)
DGG 18254/56

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni : Eh via buffone non mi seccar (Acte II sc1)  Duo Leporello-Don Giovanni
Orchestre philharmonique de Londres
Bernard Haitink (direction)
EMI CDS 7470378

Gaspare Spontini
La Vestale : Toi que j’implore avec effroi
Orchestre du théâtre de la Scala de Milan
Riccardo Muti (direction)
Sony S3K 66357

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni : Non mi dir, bell'idol mio (Acte II)
Orchestre philharmonique de Londres
Bernard Haitink (direction)
EMI CDS 7470378

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovannni : La ci darem la mano (Acte I)
Orchestre de chambre d'Europe
Claudio Abbado (direction)
DGG 457601-2

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