

Entre janvier et mai 1937, Igor Stravinsky est en tournée aux Etats-Unis. Il rencontre Charlie Chaplin, et Walt Disney avec lequel il scelle le contrat permettant l’utilisation du Sacre du printemps dans Fantasia. Le 27 avril, il dirige la création de son ballet Jeu de cartes, au Metropolitan Opera.
L’exil aux Etats-Unis
En cette année 1937, Igor Stravinsky n’est pas satisfait de l’image que lui renvoie son pays d’adoption, la France. L’échec à l’Institut a laissé des traces ; on ne le considère que comme un chef occasionnel, tout juste bon à diriger ses propres pièces ; et puis on ne joue régulièrement que ses œuvres anciennes, pas les nouvelles. A peine achevée Jeu de cartes, il se lance dans un concerto pour orchestre de chambre commandé par de riches américains, Robert et Mildred Woods Bliss – qui vont être ses principaux mécènes durant quelques années. Le 8 mai 1938, à Dumbarton Oaks, dans l’Etat de Washington, Nadia Boulanger dirige pour la première fois ce qu’on appellera parfois le Septième Concerto Brandebourgeois.
À réécouter : Stravinsky et l’orchestre
Le 30 novembre 1938, sa fille Ludmilla meurt à trente ans de la tuberculose. On peut supposer ce deuil d’autant plus douloureux que Stravinsky n’en dit rien, à personne. Trois mois après, sa femme Katarina succombe à son tour à la maladie. Igor, lui-même touché par le bacille de Koch, doit partir en cure pendant 5 mois au sanatorium de Sancellemoz, en Savoie. C’est là qu’il achève le deuxième mouvement de la Symphonie en ut. Mais la Série noire continue : en juin 1939 il perd sa mère, dernier lien affectif avec son passé russe…
En septembre 1939, la guerre éclate. Décidément, tout l’appelle à l’exil… D’autant que son amie Nadia Boulanger l’a fait inviter par l’université d’Harvard pour une série de six conférences à la chaire de poétique, payées royalement 10.000 dollars. Arrivé le 30 septembre aux Etats-Unis, il se dit qu’il est peut-être temps de commencer une nouvelle vie – pas facile, à 57 ans, mais il a toujours eu le goût du défi ; Et puis ces trois deuils vraiment cruels en à peine plus de six mois ont fini de lui rendre odieuse cette France qui le reconnait si mal, et cette Europe saisie par la folie nazie.
À réécouter : L’hymne américain arrangé par Stravinsky : une histoire rocambolesque
Bibliographie
- Igor Stravinsky, Chroniques de ma vie, Denoël et Steele, 1935
- André Boucourechliev, Igor Stravinsky, Fayard, 1989
- Bertrand Demoncourt, Igor Stravinsky, Actes Sud / Classica, 2013
- Abécédaire Stravinsky, sous la direction de la Fondation Igor Stravinsky, Editions La Baconnière, 2018
- Avec Stravinsky : Textes d'Igor Stravinsky, Robert Craft,Pierre Boulez Karlheinz Stockhausen, Editions du rocher, 1958
- Igor Stravinsky, Confidences sur la musique, propos recueillis (1912-1939), Textes et entretiens choisis, édités et annotés par Valérie Dufour, Actes Sud, 2013

Archive INA : Témoignage de Manuel Rosenthal
Programme musical
Igor Stravinsky, Symphonie en trois mouvements
Orchestre symphonique de Chicago, Pierre Boulez (direction)
CSO
Igor Stravinsky, Jeu de cartes
Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)
CBS
Maurice Ravel, L'enfant et les sortilèges : « Ah c'est l'enfant au couteau »
Magdalena Kozena, Orchestre philharmonique de Berlin, Simon Rattle (direction)
EMI
Igor Stravinsky, Concerto en mi bémol majeur pour orchestre de chambre (Dumbarton Oaks) : Tempo giusto
Orchestre de chambre de la Columbia, Igor Stravinsky (direction)
Sony
Igor Stravinsky, Jeu de cartes - Ballet en trois donnes
Orchestre philharmonique de Berlin, Igor Stravinsky (direction)
Vogue
Igor Stravinsky, Elégie pour alto
Tabea Zimmermann
Warner Classics
Igor Stravinsky, Symphonie en ut
Orchestre symphonique de la CBC, Igor Stravinsky (direction)
Sony
Miklos Rosza, Double Indemnity opening theme (bande originale du film de Billy Wilder)
Nocturne
Igor Stravinsky, Le Sacre du Printemps (version enregistrée pour la B.O. de Fantasia)
Orchestre de Philadelphie, Leopold Stokowski (direction)
Walt Disney Re
Igor Stravinsky, Tango pour deux pianos
Katia et Marielle Labèque (pianos)
KML Recordings
Francis Scott Key, The Star Spangled Banner (Hymne national des Etats-Unis), harmonisé et orchestré par Igor Stravinsky
Orchestre symphonique de Londres, Michael Tilson Thomas
Igor Stravinsky, Circus Polka pour orchestre
Orchestre philharmonique de Berlin, Rafael Kubelik (direction)
Deutsche Grammophon
Igor Stravinsky, Danses concertantes : Marche / Introduction
Stuttgart Kammerorchester, Dennis Russell Davies (direction)
ECM
Igor Stravinsky, Ode : Epitaph, pour orchestre
Orchestre symphonique de Cleveland, Igor Stravinsky (direction)
Sony
Igor Stravinsky, Quatre Impressions norvégiennes pour orchestre : 1. Intrada
Orchestre philharmonique de Bergen, Dimitri Kitaienko (direction)
Warner Classics
Igor Stravinsky, Scherzo à la russe
Orchestre symphonique de Londres, Antal Dorati (direction)
Mercury
Igor Stravinsky, Scènes de ballet : Danses (Corps de ballet) ; Apohéoses
Orchestre philharmonique d’Israël, Leonard Bernstein (direction)
Deutsche Grammophon
Pierre Boulez, Douze notations
Pierre-Laurent Aimard (piano)
Universal Music
Igor Stravinsky, Babel
John Calicos (voix), Festival Singers Toronto, Orchestre symphonique de la CBC, Igor Stravinsky (direction)
Sony
Igor Stravinsky, Symphonie en trois mouvements
Orchestre symphonique de Chicago, Pierre Boulez (direction)
CSO
Igor Stravinsky, Ebony Concerto pour clarinette et orchestre de jazz : Andante
Woody Herman (clarinette), The Woody Herman Orchestra
Sony
Igor Stravinsky, Concerto en ré majeur
Orchestre de chambre Orpheus
Deutsche Grammophon
Igor Stravinsky, Orpheus : Apothésose d'Orphée (scène 3)
Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)
Sony
Igor Stravinsky, Suite n° 1 - II. Napolitana
Orchestre de chambre Orpheus
Deutsche Grammophon
Igor Stravinsky, Orpheus : Pas de deux (scène 2)
Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)
Sony
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