Pour retrouver les airs qui émanent des tableaux du peintre, Denis Raisin Dadre, directeur de l’ensemble Doulce Mémoire, est allé explorer les partitions de la Renaissance. Des airs qui ont résonné, le temps d’une soirée, dans la grange du pianiste Cyril Huvé.
Il paraît qu’en regardant les tableaux de Léonard de Vinci, il est possible d’y entendre de la musique. C’est en partant de cette réflexion du critique d’art Marcel Brion, que Denis Raison Dadre, directeur artistique de l’ensemble Doulce Mémoire est allé à la recherche de la musique secrète des œuvres du peintre. Une musique que l’ensemble a fait résonner le 4 août dernier lors du festival de la Grange aux pianos, à Chassignolles, près de Châteauroux.
À chaque tableau, Denis Raisin Dadre a associé un air. Et pour ce faire, le musicien est allé explorer les recueils de partitions de la Renaissance. « Il s’agissait de trouver la musique qui pouvait être jouée au moment précis où Léonard de Vinci était en train de peindre ses tableaux, explique-t-il. C’est pour cela que ce projet m’a demandé énormément de recherches parce qu’il fallait que, ville par ville, je consulte les manuscrits et que je me dise "on jouait cette musique au moment où Léonard de Vinci peignait tel tableau" ».
La lyre à bras, instrument incontournable
Pour donner à entendre les œuvres de Léonard de Vinci, un instrument incontournable : la lyre à bras ou lira da braccio dont le peintre jouait et sur lequel il improvisait. Contrairement à ce que son nom indique, la lira da braccio a plutôt l’allure d’un gros violon à sept cordes que celle d’une lyre.
Léonard de Vinci était vraiment très connu comme joueur de lyra. Il était même invité à Milan pour en jouer. Donc nous ne pouvions pas y échapper », Denis Raisin Dadre.
À l’époque de Léonard de Vinci, la lyre à bras est jouée par les diseurs d’histoires qui s’en servent pour s’accompagner, mais aussi par les peintres, les architectes, etc. « Dans chaque atelier, on avait sa lyra que l’on décrochait de temps en temps pour faire une pause et improviser une poésie tout comme on le faisait dans les ateliers parisiens du XXe siècle avec une guitare », explique Nicolas Sansarlat, joueur de lyre à bras de l’ensemble Doulce Mémoire. L’instrument tombera ensuite peu à peu en désuétude pour laisser sa place à la lira da gamba et au luth. Aujourd’hui, ils sont sûrement moins d’une dizaine à savoir en jouer en Europe.
Sfumato
Pour Denis Raisin Dadre, il existe, entre la lyra et les tableaux du peintre, un point commun : le sfumato. Une technique, qui, en peinture, consiste à mettre de nombreuses couches de vernis afin de faire disparaître les lignes, donnant le sentiment que la peinture vibre et rappelant ainsi le timbre de l’instrument. « La lyre à bras n’a pas de grave. Donc il produit une sorte de halo sonore autour de la voix qui fait vraiment penser à la peinture de Léonard », observe Denis Raisin Dadre.
De la lyre à bras, il ne reste que peu de traces, tout comme de la musique que jouait Léonard de Vinci. Mais ses tableaux, eux, demeurent. Alors si l’envie vous prend, allez les contempler, tendez l’oreille et qui sait, peut-être y discernerez-vous quelques airs italiens.
Par Flore Caron
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