L'Opérabus sillonne le Cambrésis cet été pour faire découvrir la musique baroque

Le bus accueille 29 spectateurs à bord le temps d'un concert
Le bus accueille 29 spectateurs à bord le temps d'un concert ©Radio France - Nathalie Moller
Le bus accueille 29 spectateurs à bord le temps d'un concert ©Radio France - Nathalie Moller
Le bus accueille 29 spectateurs à bord le temps d'un concert ©Radio France - Nathalie Moller
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L'ensemble Harmonia Sacra organise de petits concerts à l'intérieur d'un bus complètement réaménagé, qui vient se stationner sur les places des villages pour apporter la musique classique là où on ne l'entend pas forcément.

Des airs de musique baroque dans un bus, c'est le pari de l'ensemble Harmonia Sacra. Des musiciens sillonnent la région de Cambrai dans le Nord, tout le mois d'août, à bord de l'Opérabus : un véhicule transformé en salle de concert ambulante. L'Opérabus existe depuis 2015 mais c'est la première fois qu'il fait une tournée aussi longue, à la rencontre des habitants qui n'ont pas forcément accès à la musique classique.

De l'extérieur, on dirait un bus tout ce qu'il y a de plus normal, avec un siège à l'avant, pour le conducteur. Mais la ressemblance s'arrête là, car tout le reste du bus a été entièrement réhabilité pour ressembler à une salle d'opéra, nous décrit Eléonore Minot, chargée de médiation pour Harmonia Sacra : "Des sièges rouges comme dans une salle de concert, des décors au plafond, de la peinture, des dorures, les murs sont aussi en rouge, une loge pour que les artistes puissent se changer, la scène en noir avec les rideaux rouges qui s’ouvrent et se referment. C’est vraiment une plongée dans l’univers de l’opéra, on n’a vraiment pas l’impression d’être dans un bus."

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L'illusion d'une salle d'opéra

Et l'illusion est quasi-parfaite Le cadre, étonnamment opportun pour chanter des airs de cour. C'est ce que nous confie la soprano Caroline Arnaud : "Quand je suis arrivée dans le lieu, j’ai été assez estomaquée du travail accompli et du dépaysement quand on rentre dans ce bus, qui n’en n’a plus l’air du tout. Le travail acoustique a été assez impressionnant, elle est très agréable, il y a beaucoup de choses en bois, ça a été très bien fait."

Il faut dire que la capacité est réduite à bord du bus. Vingt-neuf places, de petits concerts, d'une demi-heure tout au plus, et donc une grande proximité qui au départ peut être déroutante nous dit Diego Salamanca, qui joue du théorbe : "Il y a quand même une relation très particulière qui se créée. Non seulement par cette proximité, mais par le partage beaucoup plus immédiat qu’on a de la sensibilité qu’on peut recevoir du public, la perception, les émotions qu’on peut ressentir beaucoup plus que lorsqu’on se trouve sur scène, qu’on a une très belle salle devant nous, mais que le public est loin."

Lorsqu’on est sur place, que les gens franchissent le pas de venir nous voir, de s’installer pour une trentaine de minutes dans l’Opérabus, un dialogue immédiat extrêmement fort se crée, qui est à mon avis extrêmement enrichissant pour chacun" - Diego Salamanca, luthiste et théorbiste 

"Les gens sont contents de voir qu'on ne les oublie pas"

Un public souvent intrigué par cet Opérabus, qui détonne dans le paysage. Apporter la musique classique là où on ne l'entend pas, 'est exactement l'objectif d'Harmonia Sacra, explique Eléonore Minot : "La chance du bus, c’est d’être directement sur la place du village, donc de pouvoir capter les gens directement chez eux. Et ça fait un peu moins peur de s’installer sur le siège d’un bus plutôt que d’aller dans une grande salle de concert, ou même dans une église." À noter aussi que durant son périple, l'Opérabus suit le Camion Bleu du Cambrésis : un dispositif administratif qui va au plus près des habitants sur le territoire, pour les aider à remplir leurs impôts, faire leur carte grise, leur carte d'identité... "L’objectif, en s'associant au Camion Bleu, était de rappeler que la culture est à la base aussi un service public."

Les gens sont contents de pouvoir avoir accès à ce type de proposition culturelle. De voir un petit concert, de pouvoir échanger avec les artistes, de voir qu’on ne les oublie pas et que ce n’est pas parce qu’ils sont loins des structures culturelles qu’ils ne peuvent rien faire" - Eléonore Minot

Sans compter que les représentations sont gratuites. Un argument de plus pour franchir les portes de l'Opérabus, qui finit sa tournée dans le Cambrésis ce vendredi. Tous les détails à retrouver en cliquant ici