Depuis 25 ans, le festival d'Aix abrite une Académie. Neuf résidences sont réservées aux artistes liés au monde de l'Opéra. Une classe spéciale a été ouverte aux cheffes d'orchestre.
- Marie Gicquel Journaliste
Cette résidence nommée Le mentorat cheffes souhaite surtout identifier ces cheffes d’orchestre. "On ne croule pas sous les candidatures de chefs d’orchestres en général... Et encore moins les candidatures de femmes cheffes d’orchestre" constate Paul Briottet, le directeur adjoint de l’Académie.
Sur une centaine de candidatures – venues de l’étranger – trois ont été retenues… Rita Castro Blanco, Stéphanie Childress et Alizé Léhon.
Elles le concèdent : elles sont rares dans le milieu. Mais les choses "bougent" confie Alizé Léhon, étudiante au CNSM de Paris :
"Je pense que cela se débloque pour notre génération… Le fait que certaines opportunités soient réservées aux femmes, cela peut-être discutable, mais c’est nécessaire dans un premier temps pour rétablir l’équilibre".
Stéphanie Childress, cheffe d’orchestre, partage cet avis même si elle a déjà souffert de sexisme : "peut-être avec certains musiciens plus âgés, j’ai eu du mal à les diriger…Il y avait moins de connexion. "
Pendant deux semaines, ces cheffes débutantes ont assisté à des répétitions, partagé avec les autres artistes profitant des résidences… Afin de préparer leur performance de ce mardi soir : diriger en répétition l’un des grands orchestres invités au Festival cette année : l'ensemble Balthasar Neumann, dirigé par Thomas Hengelbrock.
Mozart en baptême
Au programme de ce défi : Les noces de Figaro de Mozart. Un opéra qu'elles apprécient toutes, spécialement Rita Castro Blanco venue du Portugal, qui a toujours rêvé de le diriger. Quant à Stéphanie Childress, elle a déjà identifié la principale difficulté de l'oeuvre : "Je pense qu’il faudra faire ressortir la simplicité de Mozart, sa musique n’est pas simple, mais il faut qu’elle sonne simplement…" Un moment stressant mais unique selon Paul Briottet : "C’est une opportunité unique pour elles, l’orchestre accepte de se prêter au jeu du masterclass. Et ce sera unique, car les chefs - hommes ou femmes - ont rarement l’occasion de se confronter à des orchestres de grand prestige."
Ce sera donc sur cet échange entre les trois artistes et l'orchestre que le mentorat prendra fin. Reste à savoir si ces cheffes débutantes utiliseront leur main ou leur baguette pour porter tout cet ensemble...