Dans "Mozart était une femme", Aliette de Laleu rend justice aux compositrices oubliées

Au lendemain des Victoires de la Musique Classique qui ont récompensé dans la catégorie Compositeur la finlandaise Kaija Saariaho pour son opéra « Innocence » donné au Festival d’Aix-en-Provence en 2021, la journaliste et chroniqueuse Aliette de Laleu se félicite qu’une femme remporte ce prix prestigieux pour la troisième année consécutive (après Betsy Jolas en 2021 et Camille Pépin en 2020).
En effet Aliette de Laleu est une fervente défenseure des compositrices qu’elle nous fait d’ailleurs écouter tous les  mardis à 7h50 dans La Matinale. Dans son livre «  Mozart était une femme », la journaliste a eu envie de se plonger dans la vie des compositrices effacées de l’histoire de la musique.

De Hildegarde von Bingen à Louise Farrenc, en passant par Francesca Caccini, ce livre est l’occasion de découvrir de nombreuses compositrices que l’on entend très rarement dans les programmations des salles de concerts aujourd’hui, elles qui ont pourtant été grandement respectées en leur temps dans le milieu musical, avant que leurs partitions ne disparaissent durant de nombreuses années…
Pour la journaliste, il y a déjà une explication très simple à ce que leurs partitions aient eu du mal à traverser le temps et qu'il soit plus difficile de retrouver une partition signée de la main d’une femme que d’un homme : leur mariage : « Leur changement de nom de famille au cours de leur vie ne les a pas aidées à se faire un nom » constate Aliette de Laleu.

"Les compositrices ont tout simplement été effacées des dictionnaires d’Histoire de la Musique écrits au cours du XXe siècle"

De nombreuses carrières ont été empêchés simplement parce qu’elles étaient des femmes et qu'elles devaient s'occuper de leur foyer. Fanny Mendelssohn, Clara Schumann et Alma Mahler, les trois compositrices parmi les plus célèbres aujourd’hui, ont toutes les trois été victimes de cette discrimination et devaient se consacrer à leur mariage plutôt qu’à la composition.
Toutefois certaines ont réussi à s’extraire de l’ombre de leur mari, comme Louise Héritte-Viardot, la fille de Pauline Viardot, mais sans que cela ne soit suffisant. Ainsi dans son livre, la journaliste cite Camille Saint-Saëns qui aurait déclaré à propos de la compositrice : « Si louise était un homme, son génie produirait dans la musique une véritable révolution ».

"Les femmes ont manqué de temps pour composer mais aussi pour s’inspirer grâce à des rencontres et des voyages. A la place, elles devaient s’occuper de leur foyer alors que les compositeurs disposaient de ce temps précieux"

Dans son ouvrage, Aliette de Laleu prouve que les compositrices ont toujours été là, tapies dans l’ombre d’un mari (parfois lui-même compositeur) ou simplement d’une société qui a trop longtemps relégué ces femmes au second plan de la création musicale. Fort heureusement, on constate aujourd'hui une douce évolution et les interprètes commencent à s’emparer de ces compositrices, trop longtemps mises au ban. Mais le chemin est encore long et l'histoire de la musique au féminin s'écrira uniquement grâce au soutien des artistes et du public...