La mezzo-soprano allemande Christa Ludwig nous a quittés samedi à l’âge de 93 ans. Considérée comme une des plus grandes chanteuses lyriques du XXe siècle, elle avait fait ses adieux à la scène en 1994. Hommage à une légende en compagnie de nombreux invités.
Le monde lyrique pleure aujourd'hui l'une de ses plus grandes voix, Christa Ludwig. La mezzo-soprano s'est éteinte samedi 24 avril dans sa maison de Klosterneuburg, en Autriche. Elle avait 93 ans. Jean-Baptiste Urbain lui rend hommage ce matin en compagnie de ses invités :
Dominique Meyer, directeur de la Scala
"Son timbre de voix doux, sombre et profond était reconnaissable en une seconde"
"C'était une personnalité lumineuse"
"Elle était obsédée par la santé de sa voix"
"Elle était très ouverte, très sympathique, très amusante, je l'ai connue à Vienne c'était un rayon de soleil"
"Elle était inarrêtable, elle racontait tous un tas d'anecdotes"
"Lorsqu'on l'écoute on ne l'oublie jamais"
"Cette élocution, cette diction, le phrasé, les accents toujours placés correctement, c'était un plaisir de l'écouter"
"Elle est venue très souvent chanter en récital (...) elle avait chanté deux fois le Voyage d'Hiver (...) je m'en souviendrai toute ma vie"
"Elle avait son franc parler, elle avait des idées très arrêtées sur tout et elle ne se privait pas de le dire avec beaucoup d'humour"
"Elle était très bienveillante à l'égard des chanteuses (...) elle aidait les jeunes, elle les soutenait (...) elle n'était pas dure"
"Elle venait voir les générales, les matinées"
Philippe Cassard, pianiste, producteur de "Portraits de Famille"
"C'est une voix d'une telle beauté, c'est un objet d'art cette voix, ça fait partie du patrimoine mondial de la beauté"
"une voix que j'ai très vite écoutée dès l'adolescence parce que j'écoutais les opéras de Mozart et elle était là"
"je l'ai entendue dans une dizaine de rôles"
"quand je suis revenu à Paris et qu'on m'a proposé de la série de Concerts Les Grands Interprètes Au Jeune Talent et j'ai demandé que Christa Ludwig soit ma marraine"
"elle n'aimait pas beaucoup répéter (...) elle avait une oreille incroyable pour le pianiste, elle voulait exactement tel son, telle tenue de pédale (...) elle me préparait à l'accompagner sur scène (...) j'avais un trac pas possible parce que le jour du concert elle ne voulait pas faire de générale, elle arrivait 5 minutes avant le début du concert"
"ça a été la leçon de ma vie, ça a été fondamental pour toute ma vie de musicien : l'engagement, le don de cette femme pour le public, la manière dont elle s'est offerte au public, dont elle a investi la musique, dont elle a habité les textes"
"je n'oublierai jamais cette voix, elle fait partie de moi comme de nous tous qui l'avons aimée"
Sophie Koch, mezzo-soprano
"c'était une légende, elle a toujours été mon modèle (...) elle a été décisive dans mon parcours"
"elle suivait ma carrière de loin en loin"
"j'avais l'impression d'une femme qui a toujours été heureuse à toutes les époques de sa vie et de sa carrière"
"elle avait compris tellement de choses avec les plus grands, elle avait toujours ce rire dans les yeux"
"elle a touché à tous les répertoires, c'est une richesse extraordinaire de pouvoir se frotter à tous les styles différents l'oratorio, la mélodie..."
Stéphane Grant, délégué à l'antenne et aux programmes de France Musique
"Moment qui restera gravé à jamais. C'est le grand privilège de ce métier de rencontrer des personnes qui sont pour nous des idoles absolues"
"Elle a su s'emparer de tous les rôles et dieu sait qu'ils sont nombreux, sans aller au-delà de ce qu'elle devait et pouvait chanter, elle a refusé à Karajan, à Böhm, des Isolde, des Elektra"
"Une carrière absolument parfaite, un timbre, une voix, une personnalité, un engagement"
"je rêvais de la rencontrer, la rencontre a eu lieu le 14 novembre 2016 je me rappellerai longtemps de cette date (....)"
"j'étais dans une sorte de trac absolument inouï, à la fois fasciné, émerveillé et heureux de passer trois heures avec Christa Ludwig"
Christa Ludwig
Christa Ludwig a régné sur les scènes d'opéra pendant toute la seconde moitié du XXe siècle. Immortelle Chérubin dans les Noces de Figaro de Mozart, elle excella tant en Brangäne dans Tristan et Isolde, en Maréchale dans Le chevalier à la rose, qu'en Carmen ou dans les lieder de Schubert, Schumann, Brahms.
Son nom reste aussi associé à celui du grand chef d'orchestre Karl Böhm, rencontré en 1952 et qui l'engage, trois ans plus tard, dans la compagnie de l'opéra de Vienne. L'aventure dure près de 30 ans, se poursuit avec Herbert von Karajan et verra Christa Ludwig interpréter Mozart, Gluck, Verdi, Richard Strauss ou Wagner.
Christa Ludwig avait quitté la scène en 1994, après 769 apparitions à l'opéra de Vienne. Elle se consacrait, depuis, à la transmission de son art.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration