Témoignages : les artistes se mobilisent pour l'Ukraine

Ce matin, Jean-Baptiste Urbain donne la parole à trois artistes, tous intimement touchés par la guerre en Ukraine.  Tout d’abord, c’est la chef d’orchestre Ariane Matiakh qui s’exprime sur cette terrible situation. D’origine ukrainienne par son grand-père, la chef nous raconte le quotidien de sa famille et de ses amis qui se trouvent actuellement dans ce pays frappé par l’invasion de l’armée russe depuis plus d’une semaine. Ariane Matiakh nous décrit un peuple prostré, sous les bombes : "Je souffre dans mes racines et dans mon sang".
Mais lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense de la censure visant les artistes russes, Ariane Matiakh souhaite avant tout prôner le vivre ensemble : "Les artistes ont ce rôle magnifique de créer du lien, de jouer ensemble et ça n’a pas de frontière… Evidement ceux qui ont montré un rapport étroit avec le pouvoir doivent se positionner mais les autres ne doivent pas être sanctionnés".

Puis c’est la pianiste Natacha Kudritskaya, née en Russie avant de partir à Kiev à l’âge de 3 ans qui nous raconte comment la stupéfaction a gagné les Ukrainiens jeudi dernier lorsque Vladimir Poutine décida d'envoyer ses troupes armées : "Mes proches ont été pris au dépourvu. Ils ont dû chercher un abri anti-bombardement à 5h du matin et y sont restés durant 5 jours sans pouvoir sortir pour aller acheter à manger".
Après ces jours coupés du monde, sa mère a ensuite réussi à quitter le pays tandis que son frère a été appelé pour devenir réserviste. "Quant à mon père, il refuse de quitter l’Ukraine" nous confie avec émotion la pianiste.
Vivant en France depuis de nombreuses années, Natacha Kudritskaya organise une levée de fonds pour son pays en organisant un concert le 27 mars prochain au Petit Palais à Paris.

"Vivre dans un pays qui déclare la guerre, alors même que ce mot a interdiction d’être prononcé en Russie, c’est inacceptable" Laurent Hilaire

Depuis 2017, il était directeur du ballet du Théâtre Stanislavski à Moscou, jusqu’à sa démission annoncée dimanche dernier. En effet, c’est avec beaucoup de tristesse que Laurent Hilaire a décidé de quitter la Russie. Il laisse sur place tous les danseurs de la compagnie avec qui il avait de nombreux projets en cours. Selon lui, les danseurs étrangers qu'il avait embauché durant son mandat ont tous décidé de se retirer également de la troupe. Et pour ceux qui restent, l'avenir semble plus qu'incertain : "En termes de projets et de rencontres, tout s’arrête. Les créations avec les chorégraphes s’annulant toutes, ils pourront uniquement danser leur répertoire des grands ballets classiques qu'ils avaient auparavant" s'inquiète le danseur français. Selon lui, les danseurs russes mettront une dizaine d’années pour recréer des liens artistiques et retrouver une confiance brisée, "certains voulant même arrêter la danse"...