L' exposition sur les frères Le Nain au Musée du Louvre Sens.

Louis Le Nain Les Joueurs de cartes Signé en bas à gauche : « Lenain.fecit. » Vers 1635-1638 Huile sur toile H. 0,55 ; L. 0,642 Londres, Royal Collection Trust, Her Majesty Queen Elizabeth II, RCIN 405944 Royal Collection Trust / © Her Majesty Queen
Louis Le Nain Les Joueurs de cartes Signé en bas à gauche : « Lenain.fecit. » Vers 1635-1638 Huile sur toile H. 0,55 ; L. 0,642 Londres, Royal Collection Trust, Her Majesty Queen Elizabeth II, RCIN 405944 Royal Collection Trust / © Her Majesty Queen
Louis Le Nain Les Joueurs de cartes Signé en bas à gauche : « Lenain.fecit. » Vers 1635-1638 Huile sur toile H. 0,55 ; L. 0,642 Londres, Royal Collection Trust, Her Majesty Queen Elizabeth II, RCIN 405944 Royal Collection Trust / © Her Majesty Queen
Louis Le Nain Les Joueurs de cartes Signé en bas à gauche : « Lenain.fecit. » Vers 1635-1638 Huile sur toile H. 0,55 ; L. 0,642 Londres, Royal Collection Trust, Her Majesty Queen Elizabeth II, RCIN 405944 Royal Collection Trust / © Her Majesty Queen
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"Le mystère Le Nain", une exposition à voir au Musée du Louvre Lens jusqu'au 26 juin.

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Sabine Gignoux nous emmène ce matin au Louvre Lens pour découvrir une exposition sur les frères Le Nain…

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Il n’y avait pas eu de rétrospective de l’œuvre des Nain depuis presque 40 ans. Et je vous avoue que l’on attendait cette nouvelle exposition avec impatience. Pour une raison simple : les frères Le Nain sont l’une des grandes énigmes de l’histoire de l’art. Voilà trois frères, Antoine, Louis et Mathieu, nés à Laon dans l’Ain au début du XVIIe siècle. Pendant une vingtaine d’années, ils vont habiter à Paris et peindre ensemble, signant leurs toiles d’un seul nom : Le Nain. Sauf qu’en réalité, les 75 tableaux attribués aujourd’hui à leur atelier comprennent de purs chefs d’œuvre comme Le Repas de Paysans du Louvre et des toiles plus maladroites. Alors les historiens de l’art ont écrit des dizaines d’articles pour tenter de démêler les mains de ces trois frères. Et aujourd’hui au Louvre-Lens, pour la première fois dans l’histoire des Le Nain, leurs peintures sont présentées, séparées en trois groupes distincts. C’est un parti-pris assez gonflé du conservateur en chef Nicolas Milovanovic, qui va sûrement faire débat. Mais pour le visiteur, c’est passionnant. On se sent un peu comme Sherlock Holmes, invité à faire des comparaisons, à trouver des indices pour voir émerger, au final, trois personnalités assez différentes.

Manifestement, un des frères était beaucoup plus talentueux que les autres…

En effet, l’exposition l’appelle « Louis », par convention, car aucune preuve ne permet de relier les œuvres à tel ou tel prénom. En tout cas, on reste vraiment saisi devant ses peintures. Par exemple, La Famille de paysans, où l’on voit trois adultes et six enfants rassemblés, autour d’une table et d’un feu, immobiles. Certains nous regardent, comme si nous venions de rentrer chez eux. La vieille femme, surtout à un visage inoubliable, à la fois doux et grave. Elle tient un verre de vin qui, avec le pain sur la table, a pu faire penser à une scène d’eucharistie clandestine. Peut-être comme les protestants en célébraient durant les persécutions. Huysmans sentait dans ces peintures aux tons terreux un « fumet de Bible un peu sèche ». D’autres auteurs ont évoqué aussi le courant de charité qui se développait dans ces années-là, sous l’égide de Saint Vincent de Paul. C’est vrai que ces paysans, malgré leurs habits déchirés, ont une dignité tout-à-fait originale. L’exposition les rapproche d’autres tableaux mythologiques ou religieux, où l’on retrouve des visages semblables et puis, cette même touche très délicate, pour rendre, par exemple, des chevelures ébouriffées…

Et les deux autres frères à côté, ils font pâle figure ?

L’un, visiblement, avait un talent de miniaturiste. On lui attribue toute une série de petits tableaux, peints sur cuivre où il se révèle bon portraitiste, malgré des maladresses dans la disposition des personnages. Quant au troisième frère, qui pourrait être Mathieu, il est influencé par les Caravagesques. Mais ses mains et ses drapés sont un peu mous, et surtout, il n’atteint jamais la profondeur psychologique de son grand frère.

Pour chaque frère, l’exposition du Louvre-Lens dévoile des tableaux inédits, découverts ces dernières années. Elle nous soumet pour finir des cas d’attribution discutés. Par exemple, une Scène de tabagie sur laquelle, des examens en laboratoire ont montré qu’un fumeur de pipe avait été rajouté, a posteriori. Après la mort de ses deux frères en 1648, Mathieu pourrait avoir corrigé cette toile peut-être inachevée. On n’a pas fini de démêler les mains de cette famille d’artistes…